Victoires spectaculaires, rencontres explosives ou grands moments de fraternité... Chacun garde un souvenir marquant de La Marseillaise à pétanque.
La 63ᵉ édition du Mondial La Marseillaise à pétanque s'achève en beauté, mercredi 3 juillet avec en finale, Philippe Quintais, Philippe Suchaud et Jean-Claude Jouffre face à la triplette Marc Tierno, Tyson Molinas et Sébastien Rousseau. Une édition riche en rebondissements et coups de tonnerre, comme La Marseillaise en a le secret. Dans les allées Borély, les journalistes emblématiques du tournoi et spectateurs habitués ont confié à France Provence-Alpes leurs meilleurs souvenirs.
"C'est Dydy la foudre"
Frédéric Soulié a couvert une vingtaine de Marseillaise à pétanque pour France 3. C'est lui que vous pouvez apercevoir, au bord des terrains dans les allées du parc, faire les directs pour la télévision. Son souvenir le plus marquant, "la première victoire de Dylan Rocher, en 2010". Il remporte la Marseillaise aux côtés d'Antoine Dubois et Stéphane Robineau. Il n'a alors que 18 ans. "Il vient révolutionner la pétanque", déclare le journaliste.
Il est jeune, il est charmant, il est souriant, il parle bien, il est tout mince. Ça change un peu des gabarits, des joueurs habituels.
Frédéric Souliéà France 3 Provence-Alpes
"Avec son bras gauche et son balancier, d'une manière très particulière pour son tir, c'est la petite révolution dans le monde de la pétanque, ajoute-t-il. C'est Dydy la foudre, comme on dit". Dylan Rocher détient le record du monde de tir de précision avec 69 points réalisé à Millau en 2010, quatre fois champions du Mondial La Marseillaise.
"Ça a fait du bien à l'ensemble du monde de la pétanque, et à nous, journalistes, de commenter avec une autre personnalité qui arrive", glisse Frédéric Soulié.
"Tu vois naître une légende vivante"
L'arrivée fracassante de Dylan Rocher à La Marseillaise a également marqué Michel Aliaga, journaliste emblématique du sport à France 3 Provence-Alpes, football et pétanque notamment. "Il a 18 ans, il est annoncé comme un prodige déboule et il arrive. Il fait sa première Marseillaise. C'est un moment où tu as l'impression que tu vois naître une légende vivante, c'est Dylan Rocher."
La finale se déroule alors sur le Vieux-Port, en plein centre de Marseille. "Il fait nuit et devant l'hôtel de Ville. Le cadre est somptueux avec Notre-Dame-de-la-Garde, et on voit quelque part un musicien, un artiste avec sa façon de jeter les boules si particulière, il fracasse toutes les boules. Et là, tu te dis, c'est extraordinaire".
"Je fais son interview, il répond timidement parce qu'il ne sait pas ce qui lui arrive, avec des mots à lui. Après, on remballe."
Michel Aliaga le recroise un peu plus tard, dans la soirée : "Tout le monde rentre chez soi et moi, je vais au parking derrière l'hôtel de Ville. Il est minuit, une heure du matin, et là, je vois arriver Dylan Rocher avec sa copine, main dans la main avec les boules et une coupe, il avait le sourire. C'est une image qui m'a marqué, il était heureux."
"Simplement prendre du plaisir avec ses enfants"
Autre souvenir, plus personnel, pour Michel Aliaga, lors de la 62ᵉ édition en 2023 : "Pour la première fois, je joue avec mes fils avec un objectif qui n'est pas d'atteindre le lundi, de gagner trois parties, mais simplement de prendre du plaisir avec ses enfants. Il n'y a pas plus important. Et d'ailleurs, on a gagné deux parties et on a passé une journée exceptionnelle".
"C'est au-delà de la performance, poursuit-il. Il y a le faire pour aller loin et le faire pour s'amuser, prendre du plaisir. Après, vous pouvez faire les deux, mais c'est très difficile, à part les champions".
"Le roi Quintais"
Le jeu de Philippe Quintais reste dans la mémoire de Frédéric Soulié. Un souvenir fort : "C'est sa première victoire en 1997". Philippe Quintais fait alors équipe avec Joseph Farré et Jean-Luc Robert. "Il est depuis devenu celui qu'on appelle 'le roi Quintais", quatorze fois champion du monde, quatre victoires au Mondial", souffle-t-il.
"C'est un monstre de la pétanque, un monsieur qui est adorable, gentil, professionnel, qui répond avec beaucoup de spontanéité et surtout avec beaucoup d'efficacité, poursuit Frédéric. Il est toujours courtois, corrects et il a une analyse lucide sur son jeu avec énormément de respect toujours pour ses partenaires."
"On a battu une des meilleures triplettes de l'époque"
Vous avez sans doute déjà entendu sa voix, Maryan Barthélémy est le commentateur emblématique de La Marseillaise. Un commentateur au palmarès en or : finaliste de La Marseillaise en 1988, champion du monde junior en 1989 ou encore vainqueur du Provençal.
Son meilleur souvenir à Borély remonte à l'année de sa finale, pas le jour J, mais la veille : "Le mardi, en huitième de finale et en quart, on a enchaîné deux parties contre, certainement ce qu'il se faisait de mieux à l'époque. On a battu la triplette Passo Capo Salvador, qui était une des meilleures triplettes de l'époque."
"On a enchaîné en battant Foyot, Kokoyan et Luchesi qui à eux trois à l'époque avaient 10 ou 11 Marseillaise gagnées au compteur. J'avais 16 ans, on n'était pas du tout préparés pour ça, en finale, ça s'est senti. Mais ça nous a servi pour la suite de notre carrière".
"Les joueurs se jetaient dans le Vieux-Port"
Sa première Marseillaise, Karim Attab l’a vécue dans les années 1980, il avait 6 ou 7 ans. Depuis, il est devenu consultant pétanque pour France 3 sur le Mondial, en plus de son travail de journaliste à Maritima. "Mon père aimait beaucoup les boules, lance-t-il. C’est lui qui m’a transmis un peu le virus. Je me souviens quand j'étais petit, c’est lui qui m’emmenait. Puis, il y a eu la bascule à mes 18-19 ans, quand c’est moi qui conduisais et qui disais : 'Allez Papa, viens, je t’emmène au Vieux-Port ou à Borély.'"
Avant, la finale se jouait au Vieux-Port devant l’Hôtel de ville. "La tradition voulait que certains joueurs envoyaient les boules dans le Vieux-Port et se sont même jetés dans le port après avoir gagné la Marseillaise."
Son plus beau souvenir en tant que joueur, Karim Attab l’a vécu quand il avait une vingtaine d’années. "C’était un mardi matin. J’étais avec des amis. J’ai perdu à la 7e partie."
Et comme journaliste, c’était en 2011, sur Le Vieux-Port. "Hervé Caillol gagne La Marseillaise. C’est un enfant de Marseille qui est aimé de tout le monde, sourit-il. Il y avait une grande émotion. Je crois qu'il pleure encore, 10 ans après, tellement il était content."
"La tension monte tellement"
Pierre et Elio, sont habitués des gradins du Mondial. Venus de région parisienne, ils assistent au tournoi depuis une trentaine d’années. Leur plus beau souvenir ? "Sur la dernière mène, quand il y a 12-12. La tension monte tellement, que des gens qui jouent habituellement très bien se retrouvent d’un seul coup à un niveau moyen. Par exemple, mardi, Foyot a perdu sur la dernière mène où il menait 12 à 10. Ils n’ont pas voulu tirer, et à la sortie, ils ont perdu. Alors que s’ils avaient joué le jeu, tiré la première boule, ils auraient pu gagner", assène Pierre.
Quand on joue petit bras, ça ne marche jamais à la pétanque.
Pierreà France 3 Provence-Alpes
Elio partage un autre moment de la compétition cette année où il a retenu son souffle : "Dylan Rocher qui perd, ils sortent deux fois le bouchon. C’est ça qui est beau. Parce qu’une partie, ce n’est jamais gagné. La part de chance dans le jeu, fait que même si on joue bien on peut perdre."
Des favoris éliminés contre toute attente par de plus petites équipes. C’est une des particularités de La Marseillaise, où les joueurs amateurs se mesurent aux champions, et l’élimination est directe. Le beau jeu ne fait pas tout. "La semaine dernière, j'étais au championnat de France triplette à Sin Le Noble, se rappelle Pierre. Je préfère l'ambiance ici, parce que les joueurs sont beaucoup plus abordables. On peut prendre des photos avec eux comme on veut. Tout le monde est sympa. Il n'y a pas la tension qu’il y avait aux championnats de France."