Il ont surpris par leur vote sur la loi immigration et s'en expliquent. Mohamed Laqhila, député des Bouches-du-Rhône et Jean-François Lovisolo se sont démarqués de leur camp ou de leur sensibilité politique. Ils donnent leur avis sur ce texte qui divise le camp présidentiel.
Une crise politique se dessine pour l'exécutif après l'adoption du projet de loi immigration mardi 19 décembre au Parlement en Commission mixte paritaire avec notamment la démission du ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, le positionnement de chaque député est passé à la loupe. Cette victoire contrastée pour la majorité présidentielle est considérée comme une victoire idéologique pour le Rassemblement national de Marine Le Pen.
Dans les Bouches-du-Rhône, le centriste Mohamed Laqhila (Modem) a voté contre, se démarquant de la majorité présidentielle à laquelle il appartient, au même titre que quatre autres députés de son groupe, tandis qu'une vingtaine s'est abstenue.
"Un vote responsable"
"Ce texte émanait d'une droite finalement très dure, comportant des dérives vers les thématiques du Front national, telles que le droit du sol et la préférence nationale, je ne pouvais faire autrement que de voter contre", explique le parlementaire, qui qualifie son positionnement de "vote de conviction, responsable" dans un pays qui a, par trois fois, barré la route à l'extrême droite dans son accession à la tête de l'État.
Son outrecuidance ne fait pas de lui "un frondeur" affirme-t-il, mais correspond à une liberté d'expression qui reste dans l'ADN du Modem. Par ailleurs, Mohamed Laqhila dit valider l'adoption de ce texte puisqu'elle s'est faite dans le respect des principes démocratiques. "C’est le signe d'une démocratie qui est vivante selon moi" conclut le député.
Parmi les autres voix dissonantes dans l'hémicycle, celle du député Renaissance des Hautes-Alpes, Joël Giraud, ex-ministre de la Cohésion des territoires sous Jean Castex, qui a choisi de s'abstenir.
"Je suis un pragmatique, pas un idéologue"
Au sein de la majorité présidentielle, son homologue Renaissance du Vaucluse Jean-François Lovisolo est resté dans le rang. Il a voté en faveur de ce texte de loi sur l'immigration, une surprise de la part de cet ancien socialiste, patron de la Fédération PS du Vaucluse dans les années 2010.
"J'ai voté un mauvais texte" explique le député, "mais rien n'aurait pu été plus terrible que de ne pas voter de texte sur la question migratoire".
L'ancien maire de la Tour d'Aigues désapprouve "la surenchère politicienne des LR sur certains aspects, notamment sur la question des délais de carence pour bénéficier des allocations familiales pour les gens qui ne travaillent pas", mais affirme la nécessité d'aborder le thème de l'immigration au cœur des préoccupations des citoyens."Je suis un pragmatique, pas un idéologue. À un moment, il faut prendre des décisions, c'est ça le sens de mon vote".
Le député du Vaucluse est catégorique : la préférence nationale n'est pas énoncée dans ce texte et il ne s'agit en rien d'une victoire des doctrines de l'extrême droite, "mais bien de la récupération de la part du RN ".
La suite dans les idées
Dans l'attente de l'intervention du président Macron sur France 5, Mohamed Laqhila demande à voir ce que décidera le Conseil constitutionnel dans les jours qui viennent : "Le travail de législateur n'a pas été fait en profondeur, cette loi est mal écrite et la présidente de l'Assemblée elle-même l'a reconnu".
Quant à Jean-François Lovisolo, il dit "vouloir quand même que certaines dispositions évoluent. Le débat doit continuer parce qu'il y a des situations humaines qu'il faudra régler".