Le ministre de l'Education nationale a reconnu que l'état des sanitaires n'était pas "au niveau" dans les écoles, les collèges et lycées. Les établissements de Marseille sont particulièrement concernés, alors que la prévention du coronavirus impose de se laver régulièrement les mains.
C'est la première des recommandations affichées dans les écoles, les collèges et les lycées pour éviter la propagation du coronavirus : "se laver très régulièrement les mains".
Mais comment faire quand il n'y a pas de savon, que les robinets sont cassés, qu'il n'y a pas de papier toilette et que la propreté générale laisse à désirer ?
Après les annonces faites par le ministère de l'Education nationale pour contrer le virus, de nombreuses voix d'enseignants et de parents d'élèves se sont levées pour pointer les insuffisances en la matière.
Marseille particulièrement touchée
En 2017, le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco) soulignait notamment que dans 72% des collèges les chefs d'établissement avaient été interpellés sur les dégradations dans ces locaux, et 62% sur l'approvisionnement en produits hygiéniques (papier, savon...).Certaines villes, comme Marseille, sont plus particulièrement touchées par les pénuries, admet le ministre de l'Education nationale Jean Michel Blanquer. "ll faut qu'on prenne ce sujet à bras le corps", a dit le ministre sur LCI.
Car ce sont les collectivités territoriales qui entretiennent les bâtis. Les mairies sont en charge des écoles, les départements des collèges et les régions des lycées.
"Soit on a des politiques éducatives inégalitaires, comme avec la mairie de Marseille qui n'investit pas dans le bâti dans les quartiers populaires, soit on a des projets marketing (tablettes ou portails de sécurité) qui peuvent être utiles sans forcément être les plus pertinentes face à la situation actuelle", estime le syndicaliste.
Un "problème récurrent"
"Le problème est récurrent, insiste Cécile Baron administratrice du Mouvement des parents d'élèves des Bouches-du-Rhône. Soit il n'y a pas de savon dans les écoles, soit il n'est pas accessible et doit être donné par les personnes encadrantes, qui ne sont pas toujours disponibles".Cécile Baron a recueilli il y a quelques jours le témoignage de parents de l'école primaire National, dans le 3e arrondissement : "Il y a trois distributeurs de savons et un seul approvisionné. Un lavabo était bouché et il a été réparé par le conducteur d'un autre chantier, sans que la mairie n'intervienne".
Encore l'école National ... Encore et encore ... https://t.co/B6xgYDVjWL
— Collectif PRÉ - Pour la Rénovation des Écoles (@CollectifNoPPP) March 2, 2020
Pas de moyens supplémentaires
Les Agents Territoriaux Spécialisés des Ecoles Maternelles (ATSEM) se plaignent en outre du manque de personnel qui ne leur permet pas d'accompagner les enfants pour se laver les mains avec soin.Selon Samia Benchennane, Atsem et représentante CGT, aucun moyen supplémentaire n'a été alloué aux questions d'hygiène depuis la rentrée scolaire.
"Les écoles sont approvisionnées en savon depuis mardi, et cela continue ce mercredi après-midi", expliquent les services de la mairie de Marseille, qui précisent qu'un nouvel approvisionnement est prévu le 9. "Une commande de papier a été effectuée pour que les élèves puissent se sécher les mains." Estimant que "la mission ne changeait pas", la mairie de Marseille n'a pas prévu de renforcement des équipes encadrant les élèves des écoles.
Alors que deux premiers cas de coronavirus ont été confirmés mardi à Marseille, Jean-Michel Blanquer a assuré travailler avec les rectorats et l'Association des maires de France (AMF) pour qu'il y ait "une vigilance particulière, notamment sur le savon".
Les écoles, enjeu des Municipales à Marseille
En cette période d'élection municipales, parmi les nombreux dossiers dont devra s'occuper le nouveau maire de Marseille, l'état des écoles fait figure de priorité.Un collectif des écoles de Marseille a interpellé les candidats aux municipales et affiché son ambition d'"exercer des pressions" sur eux pour une amélioration de la situation. Ils dénonçent une "mise à sac de l'école publique".