L'église des Réformés a retrouvé un peu de son éclat d'antan. Depuis des mois des échafaudages masquaient sa façade noirâtre. L'édifice a fait peau neuve et dévoile à présent la beauté restaurée des ornements de ses clochers.
Les Marseillais vont pouvoir redécouvrir leur église des Réformés. Noircie par la pollution, elle n'attirait plus guère le regard des passants. La restauration entamée en septembre 2019 se poursuit mais déjà le retrait progressif des échafaudages dévoile la splendeur retrouvée de l'édifice, dominant la Canebière. France 3 rappelle 10 choses à savoir sur l'un des plus beaux monuments de la ville, souvent mal connu des Marseillais eux-mêmes.
1. Son vrai nom est l'Eglise Saint Vincent de Paul
Peu de Marseillais savent que l'église est dédiée à Saint Vincent de Paul. Ils l'appellent l'église des Réformés, mais pourraient-ils dire d'où lui vient ce surnom ? Il vient de l'ancienne chapelle que les religieux Augustins réformés avaient édifiée à cet endroit en 1611.
Ce sont les fidèles de la paroisse Saint Vincent de Paul qui financèrent les trois millions de francs nécessaires à la construction de la nouvelle église et ils lui donnèrent ainsi son nom.
2. Elle est aussi haute que Notre-Dame de Paris
Les deux flèches de l'église des Réformés pointent à 70 mètres de hauteur ce qui la place sur un pied d'égalité avec la majestueuse cathédrale de Paris.
A une telle hauteur, les clochers offrent un panorama exceptionnel à 360° sur l'ensemble de la ville et sur la Méditerranée.
3. Son style imite le gothique moyenâgeux
L'église des Réformés est bâtie dans le style néo-gothique, une imitation du style moyenâgeux très à la mode au XIXe siècle. Il s’inspire des premières grandes cathédrales gothiques du XIIIe siècle.
Sa construction décidée en 1849 a duré plus de 40 ans, s'étendant entre 1852 et 1886.
4. Un passant a été tué par la chute d'une pierre
Dès l'époque de sa construction, l'église a montré des signes inquiétants de fragilité. Au début des années 30, des fragments d'une des flèches se sont décrochés et sont tombés sur la chaussée tuant un passant.
"La pierre a commencé à s’effriter car on a utilisé une mauvaise pierre, explique l'architecte Renzo Wieder, spécialiste des restaurations de monuments historiques. Et comme on est à 70 mètres au-dessus du sol, il y a le mistral qui frappe les flèches et la pluie qui s’abat dessus, c’est une pierre très exposée qui a très mal résisté."
5. Les ornements ont été jetés à la poubelle
Après cet accident dramatique, il a été décidé de sécuriser l'édifice par une restauration partielle, en 1933. "On a décidé d’enlever tout ce qui est ornementation, on l’a purgé de tout élément qui dépassait, toutes les gargouilles, tous les griffons, les crochets, tout ce qui dépassait est parti à la poubelle", rappelle Renzo Wieder.
"On a renforcé avec du béton partout et c’est cette restauration-là qui pose problème aujourd’hui car le béton réagit très mal avec la pierre qui continue à s’effriter derrière et à se dégrader. Et il y a 3-4 ans on s’est rendu compte qu’au niveau des flèches, comme en 1930, des morceaux de pierre pouvaient encore tomber dans la rue. On a mis des filets et un grand projet de restauration a été lancé."
6. Le chantier de restauration dure trois ans
La restauration entreprise fin 2019 porte sur l'extérieur du bâtiment, la toiture, les façades, les flèches, mais aussi la nef et le choeur de l'église. La première phase est terminée. Mais le chantier devrait s'achever à la fin de 2022.
Les ornements, crochets, griffons et gargouilles, supprimés par mesure de sécurité dans les années 30 ont été reproduits à l'identique en pierre du Luberon, à partir de documents et photographies d'époque.
Le tailleur de pierre prépare le bloc pour le sculpteur qui réalise le motif. Il faut compter deux semaines de travail au total pour la réalisation d'un griffon.
7. Le coût des travaux s'élève à 18 M€
Le département des Bouches-du-Rhône et la Métropole Aix-Marseille financent 75% des 18 M€ estimés pour les travaux, environ 4,5 M€ sont pris en charge par la ville de Marseille.
L’Etat complète le reste du budget au titre des monuments historiques.
8. Ne pas confondre gargouilles et griffons
Représentant des créatures étranges et monstrueuses, les gargouilles et les griffons en pierre sculptée sont des ornements associés à l'architecture néo-gothique.
Mais les gargouilles sont à la fois esthétiques et utilitaires, elles servent à évacuer l'eau de pluie en haut des clochers.
Animal fantastique, le griffon, qui représente un lion avec des ailes et un bec d'aigle, a un rôle purement décoratif.
9. L'église a failli être détruite
Dans les années 80, l'église n'est plus fréquentée que par une cinquantaine de paroissiens. Les fidèles ayant déserté l'église, il a été envisagé de la démollir. Une association, l'ASPRA, s'est créée pour garantir la sauvegarde de ce patrimoine religieux et sa restauration. En 1998, un carillon de quatre cloches a été installé dans l'une des deux flèches.
L'arrivée d'un nouveau curé en 2004 a marqué le renouveau de la paroisse et le retour des fidèles. C'est devenue l'une des églises les plus fréquentées de Marseille.
10. Elle est classée Monument historique
Construite avant la loi de 1905 de séparation de l'Eglise et de l'Etat, l'édifice appartient à la ville de Marseille. Le 2 mars 2015, il est inscrit aux Monuments Historiques.
Eglise Saint Vincent de Paul dite "l'Eglise des réformés" qui surplombe la Canebière à #Marseille depuis le XIXe siècle. pic.twitter.com/rpJ3UPsvwD
— Eglises & Clochers ?? (@Eglises13) July 26, 2020
L'arrêté souligne "la qualité ornementale et architecturale de cette église néo-gothique, le plus emblématique des édifices paroissiaux construits à Marseille au XIXe siècle".