Marseille suffoque notamment en raison d'émission de particules fines d'origine maritime. Une pollution désormais plus importante que celle des véhicules routiers. Eclairage sur une problématique qui fait tousser avec Laetitia Mary, responsable de l'action territoriale d'AtmoSud.
Panaches de fumée au soufre, particules fines et d'oxyde d'azote. Au coeur de l'actualité de Marseille ces dernières années, la pollution de l'air inquiète les habitants de la deuxième ville de France. Dans les quartiers Nord, ils sont directement exposés à la pollution du premier port de France.
Depuis deux ans, AtmoSud, association de surveillance de la qualité de l'air, agréée par le ministère de l'environnement, a mis plus particulièrement en place un programme de surveillance de la qualité de l'air autour des ports de la Région.
Et le constat est là. La pollution émise par les fumées des bateaux à quai est plus importante que celle de la circulation routière, selon l'organisme. Eclairage avec Laetitia Mary, responsable de l'action territoriale d'AtmoSud.
Comment mesurez-vous la pollution maritime de l'air ?
"On a installés des cabines pour mesurer certains polluants qui sont émis notamment par l'activité maritime dans un quartier de Mourepiane et une station dans le quartier Euroméditerranée cette année".Les premiers résultats montrent qu'en 2018, pour la première fois dans la Métropole, les émissions de dioyxdes d'azote d'origine maritime ont dépassé les émissions routières.
Dans les Bouches-du-Rhône, une quarantaine de stations de mesures permettent ainsi de mesurer le niveau en particules fines (PM10), en ozone (O3) et en oxydes d’azote (NOx).
Deux capteurs situés à Port-de-Bouc et Marseille mesurent plus particulièrement les environnements exposés aux particules fines. Le premier, sous influence des rejets industriels et des réseaux maritimes et autoroutiers et le second, en milieu urbain dense mais à proximité de végétation (Parc de Longchamp), indique AtmoSud.
Marseille se classe 8ème parmi les 50 ports les plus pollués d'Europe, notamment à cause de la présence de navires de croisière. C'est le résultat d'une enquête publiée mercredi 5 juin par l'ONG Transport & Environnement.
Comment peut-on l'expliquer ?
"C'est l'augmentation de l'activité maritime qui fait qu'on a une augmentation des émissions de dioxyde d'azote. Depuis quelques années, la diminution des émissions routières, malgré l'augmentation du trafic routier s'explique par l'amélioration du parc automobile", indique Laetitia Mary.Autre constat, les navires émettent le plus de particules fines. Elles représentent 55% de leur émission, lorsqu'ils sont à quai.
Ce phénomène a-t-il une grande incidence sur la santé ?
"On sait que les particules les plus fines sont les plus dangereuses pour la santé. Plus elles sont fines plus elles vont loin dans le système respiratoire. Et les particules émisent par les navires sont très fines notamment les particules diesel dont on connaît la toxicité aujourd'hui".Les particules ultrafines, de diamètre inférieur à 1 µm, peuvent ainsi atteindre les bronchioles et alvéoles pulmonaires, puis être transférées dans le système sanguin et toucher ensuite les différents organes, explique AtmoSud.
A Marseille, Greenpeace dénonce régulièrement la mauvaise qualité de l'air. L'organisation non gouvernementale (ONG) a notamment réalisé une opération coup de poing "On veut respirer !" pour alerter sur la pollution de l'air.
L'ONG est-elle alarmiste ou dans le vrai ?
"Sur la ville, plus de 50.000 personnes résident dans une zone où la valeur limite règlementaire est dépassée. Les émissions de particules fines sont liées au trafic routier, maritime mais également à l'activité économique, au secteur résidentiel avec les chauffages urbains et aux bois".Les navires émettent également du soufre, dont les émissions sont réglementées: en mer, ceux qui ne transportent pas de passagers peuvent utiliser un fioul lourd, avec une teneur en soufre allant jusqu'à 3,5%, contre 0,001% pour le diesel automobile.
Lorsqu'ils restent plus de deux heures à quai, tous doivent changer de carburant et passer au "diesel marin" à 0,1%. Quant à la possibilité de se brancher à quai, le Grand port maritime de Marseille (GPMM) dispose de quelques prises pour des navires de commerce, mais aucun branchement pouvant répondre à la demande des navires de croisières.