"Nous voulons marquer notre volonté de changement après 25 années d'une même gestion": la nouvelle majorité de gauche à Marseille a réattribué 50 millions d'euros pour les écoles et la lutte contre l'habitat indigne dans le budget 2020 voté lundi.
"Ce budget 2020 va certes nous permettre de fonctionner mais il n'est pas le nôtre et il faudra progressivement l'amender", a déclaré la maire Michèle Rubirola, élue en juillet sous la bannière du Printemps marseillais, une union des partis de gauche, avec le soutien des écologistes.
Le budget municipal 2020 de 1,5 milliard d'euros, voté lundi en conseil municipal et qui aurait dû l'être en mars avant la crise du Covid-19, est "essentiellement" celui préparé par l'ancienne majorité de droite.
Il est "impossible" pour la nouvelle équipe de le modifier en profondeur mais "nous voulons marquer notre volonté de changement", a souligné l'élue.
30 millions pour la rénovation des écoles
A la marge du budget, la majorité a donc pu augmenter les dépenses d'investissement de 50 millions d'euros pour les deux priorités de campagne du Printemps marseillais: l'amélioration de l'état des écoles (30 millions d'euros) et la lutte contre le logement indigne (20 millions d'euros).Pas de quoi satisfaire le Collectif des écoles de Marseille, qui juge la mesure insuffisante. Dans un tweet, il dénonce graphique à l'appui une mesure qui permet de retrouver "un niveau d'aide financière de la caisse des écoles de 2004".
Et pourtant. Préfabriqués surchauffés l'été, glaciaux en hiver, toilettes insalubres, invasions de rats: le dossier des écoles marseillaises a poursuivi jusqu'à la fin de son mandat Jean-Claude Gaudin, maire LR pendant 25 ans.[COUP DE GUEULE] En écoutant le conseil municipal, nous découvrons que Marseille retrouvera donc son niveau d'aide financière de la caisse des écoles de 2004 ! pic.twitter.com/99w2dmpLA3
— Collectif des écoles de Marseille (@CollectifCeM) July 27, 2020
"Nous souhaitons surfinancer ce qui est déjà prévu pour essayer de gommer petit à petit, de rattraper le retard accumulé ces dernières années dans les écoles de la République et notamment dans les quartiers populaires", a expliqué Pierre-Marie Ganozzi, adjoint au "plan écoles".
Selon l'ancien professeur d'histoire-géographie, "quand on a dans certaines écoles des conditions de travail qui sont inadmissibles alors on ne peut pas demander à nos minots d'être des citoyens exemplaires".
32 écoles pointées du doigt
Dans un rapport de novembre 2019, la chambre régionale des comptes (CRC) étrillait la gestion de la ville de Marseille, dont la gestion des écoles.Selon l'institution financière, "il en résulte des défauts manifestes (…) en matière d'entretien courant et de réhabilitation des bâtiments communaux".
32 écoles sont particulièrement pointées du doigt par la CRC dans les 3e, 13e, 14e et 15e arrondissements. La plupart appartiennent au réseau d'éducation prioritaire, "mais dont l'état de mauvais entretien n'a pourtant pas conduit la ville à conférer à leur réhabilitation un caractère prioritaire".
En 2017, la municipalité phocéenne avait tenté de mettre en place un vaste plan de rénovation des écoles sur la base d'un partenariat public-privé (PPP) d'un milliard d'euros sur 25 ans.
Ce PPP a été annulé en février 2019, le tribunal administratif estimant qu'un partenariat privé ne présentait pas plus d'avantages que le recours à une maîtrise d'ouvrage publique classique.
20 millions contre le logement indigne
Concernant le logement indigne, une question devenue explosive à Marseille après l'effondrement meurtrier, fin 2018, de deux immeubles du centre-ville, rue d'Aubagne, la nouvelle majorité a prévu 20 millions d'euros."C'est totalement insuffisant mais c'est quand même une marque forte de la volonté de travailler tout de suite sur ce projet", a affirmé Patrick Amico, adjoint chargé de cette question à Marseille où 100.000 personnes vivent encore dans des taudis, selon la Fondation Abbé Pierre.
Sur les 20 millions affectés, 10 millions sont réservés au parc privé et 10 au parc municipal, soit les 51 immeubles propriétés de la ville.
"Nous sommes bien entendu attachés aux écoles et au logement indigne mais il faut tourner cette page et regarder devant, ne regardons pas derrière", a lancé Martine Vassal, présidente LR de la métropole et du département.