Personnels, écoles, immobilier, finances: le rapport qui étrille la ville de Marseille

Du temps de travail des agents municipaux à l'état des écoles, en passant par une situation financière "préoccupante", la chambre régionale des comptes étrille la gestion de la ville de Marseille.

 

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A quatre mois des élections municipales, la chambre régionale des comptes a livré un rapport sur la gestion de la ville de Marseille que l'AFP a pu consulter vendredi. Charges de personnels, gestion des écoles, logements et finances de la ville, la gestion de la cité phocéenne est fortement mise en cause.  

Dans ses réponses aux magistrats financiers, annexées au rapport, le maire (LR) Jean-Claude Gaudin, qui a annoncé ne pas se représenter après 25 ans de mandat, déplore des "jugements négatifs assénés en quelques lignes, ni fondés, ni encore moins démontrés".

Un volet patrimoine

Ce rapport avait fait l'objet d'une passe d'armes entre la majorité et le député de Marseille Saïd Ahamada, alors que la municipalité était soupçonnée de vouloir repousser son examen en conseil municipal, pour que les constatations de la chambre régionale des comptes ne puissent être rendues publiques qu'après le scrutin municipal. 

Il devrait finalement être dévoilé publiquement au conseil municipal du 25 novembre. Au menu, près de 700 pages, dans lesquelles l'institution financière se penche sur la gestion de la cité phocéenne depuis 2012.

La chambre régionale de la cour des comptes conclut ainsi que "les difficultés rencontrées par la ville ont pour origine commune une absence de stratégie claire et une insuffisance dans le pilotage de ses actions, par ailleurs peu économes des deniers publics".

Une gestion du personnel dispendieuse

Un rapport entier est dédié aux dépenses de personnel, sur lesquelles le parquet national financier enquête par ailleurs de son côté depuis plusieurs mois.

"L'insuffisante durée de travail a représenté chaque année, entre 2012 et 2017, près de 12 millions d'euros de dépenses et l'équivalent de près de 300 agents", pointe notamment le rapport. Une série de situations personnelles "illégales" sont relevées, jusqu'au sein du cabinet du maire.

La gestion des départs en retraite apparaît également "pour le moins coûteuse" aux yeux de la cour régionale des comptes.

Elle regrette que, d'une part, "le maire de Marseille favorise pour certains agents le maintien illégal en fonctions au-delà de l'âge légal de départ" et que, d'autre part, il fasse plus que compenser le départ des autres, avec deux embauches pour un départ à la retraite.

Un surcoût de près de 61 millions d'euros 

"Le surcoût induit par cette mauvaise gestion des départs, couplée à un non respect de la loi, est évalué à près de 61 millions d'euros entre 2012 et 2017", dans une ville marquée par une forte pauvreté et dont la "situation financière reste préoccupante".

Rapporté au nombre d'habitants, le coût des 12.000 agents municipaux de Marseille est toutefois moins élevé que dans d'autres villes comparables, tempèrent cependant les magistrats.

La cour régionale des comptes détaille en outre une série d'opérations immobilières effectuées "dans des conditions de régularité contestables" et "à un prix insuffisamment valorisé".

Immeubles insalubres et écoles délabrées 

Publié un an après la mort de huit personnes dans l'effondrement de deux immeubles dégradés en plein coeur de la ville, le rapport déplore que la ville ne connaisse pas suffisamment l'état réel de ses bâtiments. 
  
Il ajoute que la réponse de la ville à l'état de délabrement de dizaines d'écoles n'a "pas été à la hauteur des défis".

Le maire du 4ᵉ secteur de Marseille, Yves Moraine a commenté l'information ce samedi sur sa page Facebook. "les rapports de la CRC, bâclés au cœur de l’été, sont partiels, partiaux, souvent erronés, pauvres en analyse et dépourvus de rigueur déontologique !, écrit-il. Lorsque le commentaire fielleux remplace le raisonnement juridique ce n’est plus du droit mais de la politique..." Il promet des explications au prochain conseil, "en souhaitant que les Magistrats de la CRC seront à l’écoute, car nous démontrerons leurs graves erreurs et leur inacceptable subjectivité".Le député LREM Saïd Ahamada a réagi dans un communiqué : "si elle venait à être confirmée, la teneur des extraits du rapport que j'ai lus dans la presse mettrait en lumière des dysfonctionnements graves dans la gestion de la Ville depuis 2012 ; j'analyserai minutieusement le rapport lorsqu'il sera rendu public avant d'en tirer les conclusion qui s'imposent." Pour le sénateur Stéphane Ravier, candidat du RN à la mairie, "la chambre régionale des comptes ne fait que confirmer ce que les élus municipaux du Rassemblement national ont dénoncé depuis 5 ans au sein de l'hémicycle". "Cette municipalité non seulement a mal géré mais elle a menti aux Marseillais sur l'état de ses finances, estime-t-il, sur la fiscalité qui ne peut qu'augmenter et sur le traitement des écoles."

Stéphane Ravier réclame un audit :" il faut vraiment que l'on sache ce qu'il se passe financièrement dans cette ville et ce dont nous disposons pour l'avenir."
 
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