A l'école maternelle de la Batarelle à Marseille, six classes n'ont plus de chauffage depuis le 12 novembre, malgré de récents travaux de chaudière. Une situation révélatrice de la gestion des écoles marseillaises, sévèrement pointée du doigt par la chambre régionale des comptes.
Dans la salle de classe, c'est vidéo à l'appui, qu'un parent d'élève dénonce la situation. Placé sur un chauffage, un thermomètre affiche 13 degrés. Une température bien anormale en ce début d'hiver dans cette maternelle, située dans le 14e arrondissment de Marseille.
A certains endroits, il fait même "7,1 degrés dans les locaux", témoigne une employée de l'école à ce même parent d'élève. A l'extérieur, une affiche informe sobrement de l'absence de chauffage dans les classes de maternelles et à la cantine.
220 élèves de maternelle concernés
Mardi 12 novembre, les élèves de l'école maternelle La Batarelle ont bien été accueillis, mais manteau sur le dos et bonnet sur la tête. Certains parents ont toutefois décidé de s'organiser pour garder leurs enfants chez eux."J'ai appelé le travail pour dire que je ne serais pas là aujourd'hui. Il n'y a pas de chauffage, je ne veux pas laisser ma fille dans le froid, avec la veste toute la journée", explique une mère de famille.
Pas question non plus pour une autre maman de laisser sa progéniture "dans des conditions pareilles, six degrés pour un enfant de cinq ans ce n'est pas possible. Elle va tomber malade".
Pas de chauffage l'hiver dans certaines écoles, ce n'est pas la première fois à Marseille.
Une chaufferie intégralement refaite en octobre
Mais certains parents n'ont pas le choix. Ils doivent laisser leur fils ou leur fille à l'établissement. "Je n'ai pas de plan B. Ses grand-parents habitent loin, mon emploi ne me permet pas de prendre un jour donc je dois l'y laisser pour la journée", explique Wilfried Pascal, délégué des parents d'élèves.A La Batarelle, au mois d'octobre, la chaufferie a pourtant été intégralement refaite, après un autre problème de chauffage rencontré en février dernier. Pendant trois semaines, les six classes et le réfectoire de la cantine en avaient été privés. Rebelotte.
"La mise en service s'est faite avec succès au primaire, mais en maternelle une canalisation dans le vide-sanitaire a explosé. Donc le chauffage ne fonctionne plus, l'accueil qu'on doit à mes enfants, on ne le donne plus", ajoute Wilfried Pascal.
Un mois d'attente avant les travaux
Saisie de la situation, la mairie de Marseille a toutefois aussitôt réagi. Des chauffages d'appoint ont été mis en place dès le lendemain dans chaque classe concernée. Mais pour les travaux, il va falloir patienter. Ils seront réalisés à partir du 15 décembre, indique la municipalité."Un mois de délai, c'est énorme, déplore Wilfried Pascal. Nous les parents, nous pouvons acheter une climatisation si la mairie ne peut rien faire. Mais qu'on nous le dise".
32 écoles pointées du doigt par la CRC
La situation de l'école de la Batarelle fait figure d'exemple quant à "l'absence d'état des lieux et de démarche stratégique" de rénovation des écoles marseillaises, selon un rapport au vitriol dressé par la chambre régionale des comptes (CRC) sur la gestion de la ville de Marseille.Selon l'institution financière, "il en résulte des défauts manifestes (…) en matière d'entretien courant et de réhabilitation des bâtiments communaux".
32 écoles sont particulièrement pointées du doigt par la CRC dans les 3e, 13e, 14e et 15e arrondissements. La plupart appartiennent au réseau d'éducation prioritaire, "mais dont l'état de mauvais entretien n'a pourtant pas conduit la ville à conférer à leur réhabilitation un caractère prioritaire".
S’agissant de l’entretien des écoles, la Ville de Marseille conteste les développements de la Chambre, estimant que la CRC se réfère "à quelques cas isolés d’écoles difficiles à rénover pour des raisons diverses de vandalisme, de maîtrise du foncier ou de procédures administratives".
Entre 2,7 % et 4,7 % seulement des 470 écoles présentent des dysfonctionnements ou des rénovations à programmer, selon la mairie de Marseille qui considère "inacceptables les résultats des analyses réalisées par la Chambre dans différents domaines comme l’amélioration des performances énergétiques des écoles, l’isolation thermique des bâtiments…".
En 2017, la ville de Marseille avait tenté de mettre en place un vaste plan de rénovation des écoles sur la base d'un partenariat public-privé (PPP) d'un milliard d'euros sur 25 ans, destiné à rénover une trentaine d'écoles primaires.
Ce PPP a été annulé en février 2019, le tribunal administratif estimant qu'un partenariat privé ne présentait pas plus d'avantages que le recours à une maîtrise d'ouvrage publique classique.