La Cimade dénonce un doublement d'étrangers placés en rétention, depuis l'attentat de la gare Saint-Charles à Marseille qui avait coûté la vie à deux jeunes filles de 20 ans. Pour l'association, "la machine à expulser s'affole".
Le nombre d'étrangers placés en rétention a doublé par rapport à l'an dernier, dans le sillage notamment de l'attentat de Marseille début octobre, s'inquiète la Cimade, pour qui "la machine à expulser s'affole".
Dans les Centres de rétention administrative (Cra) où la Cimade intervient,
"Du 2 octobre au 8 novembre 2017, 1.058 personnes y étaient privées de liberté, contre 569 l'an passé", affirme l'association de défense des étrangers dans un communiqué.le nombre de personnes enfermées a doublé par rapport à la même période en 2016
La rétention administrative permet de retenir un étranger faisant l'objet d'une décision d'éloignement, dans l'attente de son renvoi forcé.
La Cimade voit là l'effet du "développement des contrôles au faciès et des contrôles frontières sous prétexte de lutte antiterroriste", mais aussi des "instructions données aux préfets après l'attentat de Marseille".
Lors d'une audition devant une commission de l'Assemblée nationale fin octobre, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb avait assuré que "nous avions des Cra remplis à 61%" auparavant, qui "aujourd'hui sont pleins, parce qu'une attention particulière a été portée depuis l'attentat de Marseille" au problème de l'éloignement. "S'il faut créer davantage de places, nous en créerons de nouvelles", avait-il affirmé.
"Un zèle inédit"
Deux femmes avaient été tuées le 1er octobre à Marseille par un Tunisien en situation irrégulière, qui venait d'être remis en liberté suite à des dysfonctionnements administratifs et au manque de places dans le Cra de Lyon.Le préfet du Rhône avait été limogé et Gérard Collomb avait donné des instructions de grande fermeté sur les reconduites.
"Si cette circulaire ne fait que rappeler le cadre légal déjà existant, elle invite aussi les préfectures à faire preuve d'un zèle inédit", selon la Cimade, qui déplore une "violation massive des droits".
L'association en veut pour preuve la hausse des libérations prononcées par des juges "qui ont constaté et sanctionné des pratiques administratives ou policières illégales": de 30% de personnes libérées en 2016, on est passés à "41% depuis le 2 octobre", selon la Cimade.