À l'occasion du 81e anniversaire de l'appel du 18 juin 1940 du Général de Gaulle, retour sur l'histoire incroyable d'une résistante australienne, dont l'engagement est né à Marseille. Ses exploits sont dignes d’un film hollywoodien. Femme libre, Nancy Wake a fait trembler la Gestapo.
L'engagement de cette francophile d'origine australienne débute à Marseille. C'est là que Nancy Wake rencontre Henri Fiocca. Millionnaire, ce fils d'armateurs marseillais tombe sous le charme de la belle australienne.
La jeune femme est éperdument amoureuse lorsque son amant est appelé au front. Elle ne se voit pas regarder le monde s'effondrer les bras croisés sans rien faire. Et s'engage. C'est le début d'une passionnante aventure. D'un combat pour la liberté.
Née le 30 août 1912 à Wellington en Nouvelle-Zélande, Nancy Wake est la dernière d'une famille de six enfants. Sa famille s'installe en Australie deux ans après sa naissance. A 16 ans, elle fugue de chez elle et devient infirmière.
Deux ans plus tard, elle hérite d'un pécule d'une tante décédée et part pour Londres, avec pour seul bagage, 300 livres en poche.
Nancy suit une formation de journaliste à Londres en 1931 et devient correspondante de presse à Paris. Elle travaille le jour et fait la fête la nuit.
L'engagement chevillé au corps
Son journal l'envoie à Vienne puis Berlin en 1935 où elle décroche l’interview d’un certain Adolf Hitler. L'entretien se déroule de façon courtoise, mais Nancy assiste ensuite à la torture d’une famille juive dans la rue. Un évènement qui va dicter le sens de sa vie.
C'est l'année suivante, que Nancy rencontre son futur mari, Henri Fiocca, à Marseille. Vient la mobilisation pour lui. Aussitôt Nancy s'engage comme ambulancière. Elle a 27 ans.
La jeune femme évacue des centaines d’hommes sur les champs de bataille du nord de la France.
Elle dit alors : "Je déteste la guerre mais je ne vois pas pourquoi les femmes se contenteraient de tricoter des bonnets à leurs maris après leur avoir dit au revoir."
En juin 1940, de Londres arrive un message porteur d'espoir. L'appel du Général de Gaulle. Avec Henri, grâce à sa fortune, ils créent l’un des tous premiers réseaux de résistance français.
Depuis Marseille, le duo recueille des pilotes anglais abattus en France au cours de leurs missions, les soignent et les exfiltrent pour qu’ils puissent reprendre le combat.
Plus de 1.000 personnes exfiltrées
Ils procurent des faux papiers à de nombreux juifs et résistants. En trois ans, plus de mille personnes profiteront du réseau du couple.
Nancy et Henri bâtissent une filière clandestine via l’Espagne. Nancy devient messagère et profite du fait que les allemands traquent surtout les hommes dans un premier temps.
Pas pour longtemps. La Gestapo la surnomme "weiße Maus", la souris blanche et la recherche partout. Sa tête est mise à prix cinq millions de francs.
Sur le point d'être arrêtée, elle saute d’un train en marche mais se fait tirer une balle dans la jambe. Après quatre jours de torture par la Gestapo, elle ne livre rien, pas même son nom. Nancy profite du doute de l'ennemi. Les allemands la relâchent dans un état désastreux, mais vivante.
Agent secrète pour la Couronne
Arrêté à Marseille, son mari est torturé et exécuté. Nancy ne l’apprendra qu'à la fin de la guerre. Elle rejoint Londres où elle est aussitôt repérée par les services secrets britanniques.
Nancy la résistante devient Nancy l'agent secrète.
Elle s’entraîne à toutes les techniques d’espionnage du moment : tir, explosifs, combat armé, code morse, sabotage…
En avril 1944, Nancy est parachutée au beau milieu de l’Auvergne. Nom de guerre : "Hélène" ou "Lucienne". Nom de code en opération : "Witch", la sorcière en anglais.
Elle prépare le débarquement et aide à la formation d’une troupe de 7000 maquisards engagés à sauver leur pays.
Femme la plus décorée de la seconde guerre mondiale
Avant et après le jour J, Nancy mène directement toute une série d’opérations de guérilla et de sabotage.
Elle fait même en trois jours 300 kilomètres à vélo pour aller récupérer une radio, traversant une région truffée de troupes allemandes sur les dents. L'exploit dont elle est le plus fière, explique-t-elle dans ses mémoires "The White Mouse" paru en 1985.
"Sous ma tenue civile, mes collants en soie et mes talons hauts, je portais une combinaison de combat, des revolvers, des sangles d’attache, un parachute et un casque en métal, et camouflait le tout sous un grand manteau couleur camel."
À la fin de la guerre, Nancy est la femme la plus décorée du conflit : une Légion d’Honneur au grade d’officier, la médaille de la Résistance, la médaille du roi George et la Croix de guerre. Elle se remaria quelques années plus tard et retourna vivre en Australie puis à Londres pour y boire ses six gins par jour jusqu’à sa mort en 2011, à 98 ans.
En 2013, ses cendres sont dispersées près de Montluçon, dans l'Allier, près de son ancien maquis.