Pollution : moteurs allumés depuis 9 semaines, un porte-conteneur asphyxie les riverains du port

Alors qu'un plan de 30 millions d'euros a été annoncé pour réduire la pollution de l'air liée aux bateaux en escale à Marseille, Nice et Toulon, depuis neuf semaines un porte-conteneur en maintenance crache ses fumées toxiques dans le ciel marseillais.

Pour les riverains du quartier de Mourepiane, qui surplombe le port, c'est l'asphixie de trop. Depuis le 3 juillet, le Liverpool Express, un porte-conteneurs allemand, est en maintenance dans la forme 10 du Grand Port de Marseille. De chez elle, Elisabeth Pelliccio voit les épaisses fumées noires sortir des cheminées.

C'est un exemple parlant de la pollution générée par les ferries, cargos et navires de croisière lorsqu'ils sont à quai, alors que la région a annoncé jeudi 5 septembre un plan de 30 millions d'euros pour électrifier les ports de Marseille, Nice et Toulon.

Souffre, Nox et particules fines

"Il fume 24 heures sur 24, constate la riveraine depuis la colline qui surplombe le chantier naval. Il fonctionne pour les salariés à l'intérieur, c’est comme une petite ville. Nous aimerions qu'à la forme 10, il y ait en urgence un branchement électrique".

On prend ces émanations de souffre, d'oxyde d'azote et les particules fines dans les poumons

Les vents portent la pollution jusqu'aux habitations. "Depuis 9 semaines, on prend ces émanations de souffre, d'oxyde d'azote et les particules fines dans les poumons", se plaint la riveraine, qui se réjouit cependant que "tout le monde (ait) pris conscience de la problématique environnementale". 

Elle regrette cependant que l'objectif de zéro émission de fumées soit fixé à l'horizon 2025. "Ça veut dire que pendant ce temps-là, sur notre secteur, il y a à peu près 4500 personnes qui vont décéder prématurément, multiplié par six, ça fait beaucoup de monde. Il faut que ça aille plus vite". 

C'est très anxiogène de respirer ça.

Un chiffon à la main, Michèle Rauzier, une habitante de Mourepiane, nettoie la suie sur ses meubles de jardin.

"Voilà ce que je récolte tous les matins sur les meubles de terrasse et les transats, la poussière bien grasse du port, constate elle. Et ça aussi, on le respire. On a de plus en plus de cas de cancers, de gens sportifs qui ne fument pas. On n'a pas de preuves que c'est lié, il n'y a pas d'enquête épidémiologique mais il y a de fortes suspicions. C’est très anxiogène de respirer ça".

67 000 décès prématurés

67 000 décès prématurés sont imputés chaque année à la pollution de l'air pour un coût estimé à 100 milliards d’euros rappelle Gilles Marcel, président régional de France Nature Ecologie, qui salue l'initiative de la Région tout en demandant que les pollueurs mettent eux aussi la main à la poche.

"Si l’apport d'argent public est un levier nécessaire, le principe pollueur/payeur doit amener les armateurs à contribuer financièrement" estime-t-il. Si la connexion électrique coûte plus chère, si elle permet de réduire la pollution de l'air, c'est tout à fait naturel que l'armateur paie ce qu'il doit. Ce n'est pas un cadeau qu'il nous fait en se branchant électriquement quand il en a la possibilité."

Pour sa part, Patrick Mennucci veut une mesure plus radicale. Le 1er juillet dernier, au conseil métropolitain, l'élu socialiste a demandé l'interdiction des bateaux à fioul lourd dans le port de Marseille, comme c'est le cas à Miami, affirmant que "les grandes compagnies de croisière envoient leurs bateaux les plus polluants à Marseille". 

Selon la société Marseille Provence Cruise Terminal, qui gère les terminaux de croisière dans la cité phocéenne, près de 500 escales ont été enregistrées en 2018.

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