C'est un geste pour la planète mais surtout pour les consciences. A Marseille, Julien Pétri ramasse les déchets dans les rochers, mais au lieu de les jeter dans une poubelle, il les laisse bien en vue. Pour choquer et sensibiliser à la quantité de détritus qui jonchent le bord de mer.
S'il se contentait de ramasser les déchets, comme le font déjà bon nombre de personnes soucieuses de préserver l'environnement, personne ne se rendrait compte de l'énorme quantité de détritus charriée par la mer et déposée entrer les rochers.
Sans compter, les indélicats qui préfèrent cacher dans la nature les traces de leur passage. C'est ainsi que Julien Pétri, un marseillais de 30 ans, arpente plusieurs fois par semaine, les digues de la plage du Prado. Des enrochements, il ressort, bouteilles en plastique, cannettes, papiers, plastiques, des dizaines et des dizaines de déchets.
Mais son geste pour la planète s'arrête là. Pas question de faire disparaître les détritus collectés au fond d'une poubelle. Non, Julien préfère les laisser sur les digues, bien en vue, pour que chacun puisse se rendre compte de l'étendue du désastre écologique.
Une initiative pour choquer, déranger
Ce passe-temps écologique, Julien Pétri l'a commencé il y a plus d'un an. D'abord, il s'inscrivait dans des associations, pour faire des ramassages collectifs. Mais très vite, il comprend qu'"à la fin de l'opération, on laisse une plage propre, et tout le monde est content".Ce qu'il veut lui, c'est que les passants se rendent compte de la quantité de déchets que l'on consomme, qui finisse ici, sur le bord de mer : "En voyant les sacs-poubelles que je laisse, les enchevêtrements de bouteilles plastiques, ça les dérange, et c'est ce que je recherche".
Et ça marche. Souvent lors de ces ramassages, Julien discute avec les passants, qui se mettent eux aussi à ramasser les détritus qu'ils rencontrent le long de leur promenade : "Dans l'ensemble, les gens comprennent, ils se montrent même enthousiastes", ajoute-t-il.
Une sculpture de déchets
D'ordinaire, Julien Pétri laisse les déchets sur la plage pendant quatre ou cinq jours, avant de les emmener à la déchetterie. Mais ces jours derniers, il s'est lancé dans une sculpture un peu particulière.Sur une encre, dédiée à un jumelage de la ville de Marseille, sur les plages du Prado, "l'artiste" y a accroché, grâce à du fil de pêche toutes ses trouvailles. Julien a décidé de laisser la sculpture en place jusqu'aux fêtes de Noël.
Si on déversait les poubelles devant les paliers de maison, les gens ramasseraient
Au chômage, Julien Pétri recherche un emploi, comme expert-comptable, c'est pourquoi il a du temps libre, pour ses collectes.
Pour ce marseillais qui a grandit aux Caillols, à l'époque où la colline était encore proche, "où l'on mangeait des pignons à même le sol avec nos grands-parents", l'important est de laisser une chance aux futures générations d'avoir la même enfance que lui.
"Dans notre vie quotidienne, on n'a plus conscience de notre impact sur l'environnement. Si on déversait les poubelles devant les paliers de maison, les gens ramasseraient", déplore-t-il.
Julien le promet, lorsqu'il aura trouvé du travail, il continuera son action en faveur de l'environnement : "Malheureusement, c'est un engagement à vie !"