C'est une résidence HLM gérée par 13Habitat, dans le quartier calme de Mazargues, au sud de Marseille. Depuis janvier, date d'un premier règlement de compte, les familles vivent dans la peur. Et au rythme d'un trafic de drogue.
Début janvier, un jeune garçon est retrouvé en sang dans un des blocs de la résidence HLM les "Jardins d'Opale", rond-point de Mazargues dans le 9e arrondissement de Marseille. Les habitants, qui ont entendu les coups de feu, n'osent sortir qu'une fois les pompiers et la police arrivés sur les lieux.
Personne n'ose leur parler. "On avait trop peur des représailles", témoigne une mère de famille. "On n'est pas fou, on sait comment ça se passe". La loi du silence remporte la première partie.
Mais les résidents décident d'agir en interpellant le bailleur 13habitat, qui gère la résidence. Pas de réponse. Ils sont désemparés.
Chronique d'une guerre de clan annoncée
"On a passé un cran. C'est l'escalade", dénonce un voisin. "En 20 ans, je n'ai jamais vu une telle dégradation".
Pourtant la résidence a été rénovée en 2020, avec pose de caméras. " Mais elles ne sont pas placées là où il faut et surtout, elles ne fonctionnent pas !"
Au fil des témoignages, l'histoire prend forme.
Depuis longtemps des jeunes de la résidence faisaient un peu de trafic, à l'arrière des blocs. Personne ne voulant d'ennuis, le trafic n'a pas été signalé.
Mais au premier confinement, un autre groupe est arrivé. Des jeunes, qui semblaient être mineurs, et pas du quartier, mais qui voulaient faire la loi. Ils ont vite repéré que certaines portes d'entrée cassées n'étaient pas réparées. Ils se sont installés à l'intérieur des blocs, pour vendre. Le début de la fin.
En janvier 2021, ces deux groupes se sont affrontés dans un bloc, un samedi à 14h, alors que les enfants pouvaient circuler.
Depuis janvier, les jeunes dealers émanant d'autres quartiers seraient plus nombreux et selon une mère de famille "ils recrutent nos enfants pour faire chouf !" (guetteur, ndlr)
Quand le trafic met la main sur le quartier
"On comprend que les services de 13 Habitat et de police soient occupés par les quartiers nord, mais maintenant les quartiers sud sont aussi touchés. Il faut que chacun prenne ses responsabilités. À nous de dénoncer ce qui se passe chez nous. À eux de sécuriser les lieux", témoignage un sexagénaire.
Du côté de 13Habitat, le premier Office HLM en région Paca, on avoue ne pas avoir eu connaissance de la situation. Mais vouloir prendre les choses en main, "avec dans un premier temps, vérifier la convention signée avec la préfecture de police pour les caméras".
Dans un communiqué, 13Habitat confirme "qu'aucun point de deal n'a été identifié à ce jour dans cette cité". L'Office HLM avait mandaté la police pour faire des rondes. "On ne peut rien faire de plus". Par ailleurs, après avoir vérifié leur centrale d'appels réservée aux locataires, le bailleur affirme "n'avoir eu aucune remontée".
"Oui, il y a des rassemblements de jeunes", explique le communiqué, "mais pour nous, ce ne sont pas des points de deal".
Quant aux caméras, il faut encore les relier au commissariat central de Marseille, ce qui ne saurait tarder. La police avait d'ailleurs demandé les vidéos des caméras, suite au réglement de compte de janvier. Mais elles n'avaient alors rien révélé.