Marseille : la famille de Souheil El Khalfaoui mort lors d'un contrôle de police en quête de vérité

Leur fils de 19 ans est mort lors d'un contrôle routier auquel il tentait de se soustraire. Les parents de Souheil El Khalfaoui veulent connaitre la vérité sur cette journée du 4 août 2021. Ils organisent trois jours de mobilisation à Marseille.

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"Vérité pour Souheil" : c’est ce que réclame la famille du jeune homme abattu lors d'un contrôle routier l'été dernier dans le 3e arrondissement de Marseille, quartier de la Belle de Mai, 

Trois mots pour trois jours de mobilisation à Marseille : ateliers de sensibilisation, débats et témoignages sont prévus avec en point d'orgue un rassemblement sous l'ombrière du Vieux-Port dimanche. 

Une fresque doit aussi être réalisée par le peintre graffeur Sven, rue Jobin à la Friche de la Belle de Mai, à proximité du lieu du drame.  

Abattu lors d'un contrôle routier

Les faits ont eu lieu le 4 août dernier. Il est un peu plus de 18h20 ce mercredi. Souheil El Khalfaoui est accompagné de deux amis. Au volant de sa voiture, il s'est arrêté à l’angle de la rue Bonardel et Fortuné-Jourdan pour que l'un d'eux retire de l'argent.

C'est là qu'il est contrôlé par trois policiers. Le véhicule de police pile. Les fonctionnaires de police encerclent la voiture. Ils pensent reconnaître le véhicule qui aurait fui la veille lors d’un contrôle routier. 

Et c'est ce qu'il tente de faire encore. Souheil El Khalfaoui fait une marche arrière. Dans la manœuvre, il touche à la jambe l'un des policiers. Le fonctionnaire se retrouve coincé entre la voiture de Souheil El Khalfaoui et celui des policiers.

Un policier sort son arme de service. Un coup de feu claque. Touché au thorax, le jeune homme est en urgence absolue. Il succombera à ses blessures.

Deux enquêtes et une plainte

Suite à ce drame, le parquet de Marseille a ouvert deux enquêtes.

La première a été confiée à l'IGPN, la police des polices, pour homicide involontaire. La seconde concerne Souhail El Khalfaoui pour violence avec arme sur personne dépositaire de l'autorité publique. 

De leur côté, après avoir récolté les témoignages de riverains, les parents de Souheil remettent en question la légitime défense. Ils pointent l'inexpérience du policier auteur du tir. Selon eux, il était en poste depuis décembre 2020.

Par l'intermédiaire de leur avocat Me Molina, ils ont porté plainte le 23 août pour "homicide volontaire" et "omission de porter secours à personne en péril"

23 novembre : date limite

La famille de Souhail attend avec impatience le retour du parquet de Marseille. "Tant que le procureur n'a pas statué, je ne peux pas me porter partie civile, j'ai l'impression qu'on fait exprès de nous retarder", explique le père de la victime Issam El Khalfaoui.

Le délai de trois mois imparti au procureur de la République pour rendre sa décision approche de son terme. Ce sera le 23 novembre. Le parquet explique ne pas disposer encore des résultats des enquêtes pour communiquer.

Issam El Khalfaoui a d'ores et déjà prévu de déposer une nouvelle plainte avec constitution de partie civile. Mais pour lui c'est déjà beaucoup de temps perdu.

"Plus on attend et plus la vérité est mise en difficulté. On aura perdu un temps précieux, les témoins auront du mal à se souvenir."

Un tir en légitime défense

"Je ne suis pas anti-police, je veux juste la vérité", tient à rappeler le père de Souheil. Il remet en question la légitime défense mise en avant par le syndicat Alliance Police dans les médias.

"Le 4 août à l'hôpital, un policier m'a dit qu'un de ses collègues était passé sous les roues de mon fils. Depuis, la police ne m’a jamais recontacté pour démentir cette version."

Le policier n’est en effet pas "passé sous les roues" de la voiture. Selon un témoin, le fonctionnaire ne semblait pas en danger immédiat. "La voiture a reculé coinçant le policier au niveau du genou, il s’est dégagé et est tombé par terre. Le conducteur a continué sa manœuvre."

Ce riverain, qui souhaite rester anonyme, explique n’avoir pas vu le coup de feu, occupé à récupérer son téléphone pour filmer la scène.

Selon le père de Souheil, la réponse policière a été démesurée. "C'est un gamin qui demandait à parler à sa mère avant de se faire tirer dessus." 

Non-assistance à personne en danger

"Tous les matins, je me réveille en réalisant qu'il n'est plus là et je ne sais toujours pas s'il aurait pu être sauvé. Tant que je n'ai pas accès au rapport du légiste, c'est difficile de faire mon deuil", explique Issam El Khalfaoui.

La famille demande également des éclaircissements sur les gestes de premiers secours, qui auraient été apportés trop tard.

"Dans une vidéo on voit mon fils agonisant essayant de prendre de l'air par la fenêtre et aucun policier ne vient l'aider. C'est une infirmière qui donne les premiers soins, puis un policier l'aide."

Les agents auraient sorti le passager de la voiture pour le menotter, plutôt que s’occuper du conducteur.

"Les policiers nous criaient dessus pour qu’on ne touche pas Souheil", raconte le troisième passager du véhicule, descendu avant le contrôle pour retirer de l'argent.

C'est une passante, infirmière, qui est venue porter les premiers soins. "Je n’ai vu que l’infirmière approcher du conducteur, explique le riverain. Elle criait ''donnez-moi un chiffon, un t-shirt''  pour faire un point de pression. Les pompiers ont mis du temps à arriver, ça a bien duré 10 minutes."

Une intervention filmée par une équipe de télé

Au-delà des témoignages, selon la famille, l'intervention des marins-pompiers de Marseille a été filmée par une équipe de télévision, en reportage avec le Bataillon.

La séquence, en extrait dans la vidéo jointe, a été diffusée sur la chaîne TFX dans un reportage intitulé "Incendies, agressions et règlements de compte : Marseille sous pression". 

On y voit de très nombreux témoins, notamment aux fenêtres des immeubles voisins. L'un d'eux raconte encore : "J’ai entendu un "oh!" puis un coup de feu, et en relevant la tête j’ai vu la voiture du jeune partir en marche arrière et s’encastrer dans le mur. Un policier s’est relevé, il a boité et s’est appuyé sur une barrière". 

"Les professionnels y reçoivent un appel confus, qui pourrait venir d’un riverain et non pas d’un policier.", note Issam El Khalfaoui.

A la justice désormais de démêler la mécanique du drame qui a coûté la vie à son fils. C'est tout ce que souhaite Issam El Khalfaoui. Il espère avoir rapidement accès aux éléments de l'enquête de l'IGPN, ainsi qu'au rapport du légiste.

Pour peut-être savoir comment son fils a été abattu et s'il aurait pu être sauvé. 

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