A Marseille, déchets et encombrants s'entassent sur les rochers, près de la plage des Catalans. Après plusieurs alertes, la mairie a promis d'organiser une "opération de nettoyage". Les riverains, agacés, demandent plus d'entretien, voire de verbalisations.
Un barbecue rouillé, une table, des pneus, et un tas de déchets s'étalent sur les rochers, le long de la Corniche Kennedy. Quelque 200 mètres plus loin, sur la plage des Catalans, les touristes affluent déjà à dix heures du matin. Ils se concentrent sur le sable, propre, plutôt que sur les rochers bordant la mer.
Seul Youssef, riverain de 60 ans, s'est installé ici. Encerclé de débris, mais loin de la foule. "C'est ma place, je viens chaque matin de 8h à 11h. Tous les jours je récupère des sacs et des bouteilles qui traînent, pour les jeter à la poubelle", et il montre du doigt un entassement de débris, un peu plus haut.
"C'est un manque de civisme, ils viennent, ils se baignent et laissent les bouteilles d'alcool, les cartons à pizza...", explique Youssef. Selon lui, la mairie pourrait installer des bacs à poubelle, ici même. Voire, renforcer les sanctions, comme les amendes pour abandon de déchets sur la voie publique.
À ses pieds, l'eau qui stagne entre les rochers, verdâtre, dégage une forte odeur de rance. Le président du comité d'intérêt du quartier, Jean-Pierre Galeazzi, insiste justement sur les dégâts environnementaux.
"Toute cette saleté, ça part à la mer après ! Les associations et les bénévoles qui participent à des ramassages citoyens toute l'année voient leur travail réduit à néant", déplore-t-il.
Il a averti les autorités, les élus et les collectivités. "Ça fait trois semaines que ça dure, ce cinéma ! Ça me met hors de moi".
Entre mairie et métropole, des compétences aux "multiples complexités"
En cause, entre autres, la répartition des compétences entre la mairie et la métropole. L'une et l'autre se renvoient la balle. La métropole s'occupe de la propreté et de la gestion des ordures sur la voirie publique, mais pas dans les espaces naturels. Roland Mouren, élu de la métropole, délégué à la stratégie de réduction et traitement des déchets, estime que "la solution, c'est de verbaliser".
Après une semaine de coups de fil insistants, la mairie a annoncé à Jean-Pierre Galeazzi qu'une opération de nettoyage serait montée. "Au vu de la météo, ce sera fait vendredi matin", assure Hervé Menchon, adjoint au maire en charge de la gestion des espaces marins littoraux. "Je suis aussi impatient que les riverains de voir cet espace nettoyé", affirme l'élu, tout en mettant en avant de "multiples complexités".
À savoir, la difficile accessibilité de l'endroit et le volume des encombrants qui s'y trouvent. "La métropole a refusé de faire le nettoyage, alors la ville va le prendre en charge, mais à la base, on n'est pas équipé pour le faire", explique l'élu.
La mairie aura donc recours à une entreprise pour l'opération de nettoyage. En attendant, un équipage de marins-pompiers s'est rendu sur place, mercredi, pour sécuriser les encombrants afin qu'ils ne soient pas emportés par la mer.
Selon un rapport de l'ONG World Wide Fund for Nature (WWF), publié en 2018, la mer Méditerranée fait partie des plus menacées au monde par la pollution.