Marseille : "On a des cafards dans le service", les soignants de la Timone de retour dans la rue

Plusieurs rassemblements étaient organisés à Marseille ce mardi, journée nationale de mobilisation des soignants. Après trois mois de crise sanitaire, devant l'hôpital de la Timone, aides-soignantes et infirmières, nous avons recueilli leurs témoignages.

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"On veut sauver l'hôpital public qui est en train couler". Marjorie, Aide-Soignante à l'hôpital de la Timone a fait une pause dans son service pour participer au rassemblement à l'appel de Force Ouvrière.

Comme la petite trentaine de manifestants rassemblés au pied des escaliers des urgences, elle retournera ensuite auprès des patients. Ce qui la met en colère c'est avant tout "le manque d'effectif".

"On tire sur la corde. Depuis 2004 que je travaille à la Timone je vois la différence. Avant on venait au travail avec le sourire, aujourd'hui tout le monde est à cran."

Sa collègue, Rose, acquiesce. "Auparavant, dans notre service, on travaillait systématiquement en binôme, infirmière et aide-soignante. C'est quasiment impossible aujourd'hui. Les soins sont faits, mais dans de moins bonnes conditions."

Une infirmière qui souhaite garder l'anonymat "par peur de la hierarchie" pointe elle l'état des locaux. "On dirait un pays du tiers-monde. On a des cafards dans le service. Les patients n'ont qu'une hâte : rentrer chez eux".

Même constat pour cette autre aide-soignante anonyme en chirurgie digestive . "Notre service est une usine. Quand on a des patients qui sont sur le pallier à attendre de rentrer dans leur chambre, on ne peut pas se permettre de faire une pause pour manger."

15 ans de métier, 1.500 euros de salaire

Elle a le sentiment que le gouvernement n'a pas conscience des difficultés des soignants. "Plutôt que d'aller visiter le professeur Raoult pendant une heure, j'invite Emmanuel Macron à passer une journée avec nous, dans notre service."

Après 15 ans de métier, elle touche un salaire de 1.500 euros. Plutôt qu'une "prime covid" elle aurait préféré le dégel du point d'indice, qui permettrait une revalorisation annuelle de ses revenus.

"La prime covid, c'est un remerciement minute", estime pour sa part Béatrice Cresta, cadre-infirmière anesthésiste. Avec ses équipes, elle a géré l'arrivée des tous premiers cas de coronavirus aux urgences de la Timone.

"Nous avons pris le risque d'attraper le virus et de le transmettre à notre famille, réorganisé le service pour faire face à l'arrivée de patients, et même géré le risque de vol de masques et de matériel."

"On a appris que l'hôpital pouvait embaucher"

La période a été éprouvante et pourtant, aucun des soignants que Béatrice encadre ne participe à la manifestation. "La prime a eu un effet anesthésiant. 1500 euros pour mes infirmières qui ont entre 20 et 25 ans, c'est énorme. Elles ne voient pas l'intérêt de se mobiliser aujourd'hui. Mais dans le fond ce n'est pas suffisant."

Véronique, agent administrative aux ressources humaines, note tout de même un "point positif" dans la crise du coronavirus. "On s'est rendu compte que l’hôpital public était capable d'embaucher."

Pour faire face à l’afflux de patient, l'APHM a en effet renforcé ses équipes médicales. "Des CDD qui sont partis maintenant, regrette Véronique. Il faut que le gouvernement comprenne que c'est toute l'année qu'on a besoin de personnel."

Mais encore faut-il attirer les talents. Béatrice a connu une mésaventure avec un infirmier libéral qui s'était porté volontaire pour renforcer les équipes pendant la crise. "On l'a formé pendant deux jours. Mais quand il a compris que le salaire n'était que de 2000 euros, il est parti. Il m'a expliqué qu'il gagnait habituellement autour de 5000 euros par mois."

Plusieurs manifestations de soignants

Alors que petit à petit, les manifestants regagnent leurs services, un autre groupe de soignants se préparent à manifester à leur tour. "C'est l'autre clan" rigole une aide-soignante. A l'appel cette fois de la CGT, ils s'apprêtent à rejoindre un cortège en centre-ville.

Cette manifestation à l'appel, entre autres de la CGT, de solidaires et de plusieurs collectifs de soignants a réunit plus de 6.000 personnes.

De leur côté, les infirmiers libéraux ont manifesté sur le Vieux-Port. Ils protestent contre des tarifs de soin qui n'ont pas été revalorisés depuis 13 ans.

Hasard du calendrier? Le gouvernement a publié ce week-end des décrets entérinant le versement d'une prime exceptionnelle de 1.000 à 1.500 euros pour les salariés des Ehpad, et une majoration de 50% des heures supplémentaires effectuées à l'hôpital, qui seront payées avant septembre.

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