C’est la marque de fabrique de la série Plus belle la vie : des événements réels se mélangent à la fiction du feuilleton. Dans la série, des acteurs sont emprisonnés à la prison des Baumettes, à Marseille. Mais cette fois-ci, les acteurs et producteurs ont rencontré les vrais détenuse.
"On est toujours rappelé à l'ordre mais ces moments nous permettent de nous évader, d'oublier où on est et de passer le temps", confie les yeux pétillants la jeune femme, âgée d'une trentaine d'années, vêtue d'un large pull-over. Dans une petite salle de la nouvelle prison, au milieu de cinq acteurs et des producteurs de la série phare de France 3 qui, depuis quinze ans, raconte la vie au quotidien d'un quartier fictif de Marseille, Céline a assisté avec une quarantaine d'autres détenues à la projection de deux épisodes inédits. Une première pour la série quotidienne aux 3,9 millions de téléspectateurs en moyenne. La production s'est rendue compte du succès de "Plus belle la vie" en milieu carcéral -où se déroule nombre d'intrigues- à l'occasion de la présentation d'une autre série à des détenus.
Rires et commentaires parfois moqueurs fusent dans le noir face aux situations rocambolesques du feuilleton. En particulier lorsque le personnage de Frémont, en liberté conditionnelle, remplace la roue de la procureure pour s'assurer sa mansuétude. "Moi, je lui aurais pas changé son pneu, c'est sûr !", réagit une détenue. "Notre nourriture n'est pas bonne, mais quand même elle n'est pas avariée et nos cellules sont beaucoup mieux, on a une douche à l'intérieur" , corrige une autre quand les lumières se rallument.
"C'est vrai qu'on s'est inspiré des anciens locaux, ça ne correspond pas à ce qu'on voit qui est plus moderne", note la productrice Michelle Podroznik, dans la salle aux murs d'un blanc immaculé rehaussés de portes orange.
"Situations exagérées"-
"La manière dont elles s'expriment, leur comportement, leurs vêtements très différents des unes des autres, leurs origines, leurs accents... vont nous servir à l'écriture", ajoute l'autre producteur Sébastien Charbit, surpris par la "complicité" des surveillants avec les détenues. "C'est intéressant car c'est typiquement un public qu'on ne croise pas et cela nous permet de savoir ce qu'ils pensent des personnages", explique l'actrice Cécilia Hornus qui incarne le personnage de Blanche, une institutrice visiteuse de prison. Pendant les dédicaces, Brenda, à l'allure garçonne, l'interpelle en lui expliquant "regretter de pas avoir eu une prof comme elle". "Ils jouent avec le quotidien de tous les jours, même si certaines situations sont exagérées", apprécie la volubile détenue face à ses camarades plus timorées."Moi aussi, j'ai eu mon premier enfant au lycée, alors forcément quand je vois le personnage d'Emma, je me reconnais", confie à son tour Françoise. "C'est très gentil à eux de venir nous voir alors qu'on se sent abandonnées de tout le monde et qu'on est plutôt mal vues", s'étonne-t-elle.
"C'est émouvant pour nous qu'elles se sentent privilégiées aujourd'hui, alors que ce n'est pas le cas tous les jours c'est le moins qu'on puisse dire", note Alexandre Fabre, qui joue le malhonnête Charles Frémont dans la série. Une jeune détenue lui demande si comme son personnage, "il a réellement fait de la prison" avant de lui souhaiter "bon courage".
"Moi je suis habituée, j'ai déjà fait trois ans, il m'en reste plus qu'un. Je comprends que vous ayez envie d'un cigare quand vous sortez de prison. lui lance la jeune femme avant de réintégrer sa cellule.