Quatre alpinistes ont été interpellés récemment et considérés comme des délinquants par le parc national des Calanques. Les grimpeurs sont en colère et se sentent trahis alors qu'ils ont été les premiers "défenseurs" du Parc bien avant sa création.
Quatre alpinistes des calanques se sont fait contrôler par les gardes du parc national des Calanques. Matériels confisqués et convocation au commissariat. Motif : ils rééquipaient des voies d'escalade vétustes. Un comble, selon les grimpeurs.
affirme Guy Abert, ouvreur de voies depuis 50 ans dans les calanques, sur une vidéo postée sur internet et il ajoute :Les agents qui m'ont interpellé ne connaissaient pas grand-chose à l'escalade, ils étaient là visiblement pour traquer les délinquants, les grimpeurs, mais aussi les Vététistes et autres
Le président du Parc national des Calanques, Didier Réault rétorque que toutes les personnes contrôlés n'ont pas eu de confiscation de matériels et que s'ils reconnaissent leur erreur, l'affaire ne va pas plus loin.Le Parc nous reproche d'équiper des voies, le fait de percer des trous, de planter des pitons, c'est assimilé à une construction sans autorisation
précise Didier Réault.Nous sommes face à une sur-fréquentation des grimpeurs dans les calanques et si l'immense majorité d'entre eux sont dans une logique de bienveillance, d'autres ont des logiques plus commerciales
Des autorisations à obtenir
Le fait de rééquiper une voie d'escalade existante n'est pas interdit par le Parc, mais soumis à une autorisation. "Trop lourd administrativement" estiment les grimpeursraconte Bernard Vaucher, ouvreur de voies et il précise :Le Parc a interpellé un alpiniste, amoureux des calanques et un des premiers défenseurs du Parc a une époque où personne n'en voulait
Il a été interpellé parce qu'il équipé une voie d'escalade de 10 mètres à côté d'un lieu livré aux promoteurs
Plus de 3.500 voies d'escalade
Dans le Parc National des Calanques, plus de 3.500 voies d'escalade existent "et il faut les entretenir" insiste Guy Abert :Sur les 3.500 voies existantes, toutes ne sont pas répertoriées dans les topos guides, Guy Abert accuse le Parc de ne vouloir considérer seulement les voies répertoriées, une façon de restreindre les zones d'escalade.Sans cet entretien, autant interdire purement l'escalade dans les calanques... Le rééquipement est une priorité, la création de nouvelles voies peut passer après mais surtout pas à exclure
Guy Abert, équipeurs et guide de hautes montagne, commente son interpellation sur YouTube :
Une question de sécurité
Quelles soient répertoriées dans les topos guides ou non, les voies d'escalade vieillissent et elles vieillissent d'autant plus rapidement quelles sont face à la mer, l'entretien et le rééquipement des voies est une nécessité pour la sécurité des grimpeurs.s'interroge Guy Abert qui enchérit :En cas d'accident, qui sera tenu pour responsable ? L'inaction serait assimilée à une mise en danger d'autrui
Les équipeurs préfèrent braver un interdit qui leur paraît injuste
Une commission escalade
Est-ce un signe d'apaisement ? Une recherche de dialogue ? Le 4 juillet dernier, le conseil d'administration du Parc a voté la création d'une commission escalade. La Fédération Française de la Montagne et de l'Escalade, ainsi que le Club Alpin Français seraient membres de cette commission. explique le président du Parc. Il souhaite ouvrir un chantier, mettre tout le monde autour de la table, écouter les propositions pour aboutir à un compromisIl y a une réflexion à mener avec la sur-fréquentation du site, nous l'avons fait avec la chasse et la pêche, nous avons la même volonté avec les grimpeurs
explique Didier Réault.Ca pourra prendre la forme d'une charte, comme avec les plongeurs ou un décret préfectoral comme avec les pêcheurs, l'essentiel est d'arriver à une règle de bonnes pratiques sur laquelle tout le monde s'engage
Des alpinistes furieux
Sur l'entretien des voies, le président du Parc évoque la possibilité d'identifier des personnes habilitées
En attendant, les alpinistes restent furieux contre le ParcElles pourront procéder aux réparations et faire une déclaration à posteriori de façon à ce que l'information soit connue de tous
précise Bernard Vaucher et il conclutJe pense que le Parc passe complètement à côté, c'est inadmissible de nous considérer comme des délinquants, au même titre que des braconniers. Il ne faudrait pas qu'il (le Parc) oublie qu'à une époque, nous soutenions la création du Parc quand tout le monde était contre
si le parc a fait fausse route en agissant de la sorte, la situation est loin d'être irréversible. A ce propos, la création d'une commission au début de ce mois-ci est sûrement la solution car elle instaure le dialogue et évitera désormais ce genre de situation