Après la plainte déposée par Magali Berdah pour cyberharcèlement, le compte Instagram de Booba avait été désactivé en juillet dernier. Une suppression jugée illégale par le Tribunal de Marseille ce lundi 3 octobre 2022.
"Si mon fils rentre de l'école un jour et me dit qu'il s'appelle 'Mireille', on va avoir un sérieux problème" s'est exprimé le rappeur il y a quatre jours alors que le conseil d'État vient de valider l'utilisation par les enfants transgenres du prénom de leur choix à l'école.
Vous l'aurez compris, Booba dit ce qu'il pense franchement, sans détour et sans ménagement, quitte à se retrouver au cœur de nombreuses polémiques. S'il se défend d'être transphobe pour la dernière en date, il expose fièrement son mépris pour le monde de la télé-réalité depuis plusieurs mois.
Sa principale cible ? Magali Berdah, la fondatrice de l'agence Shaunaevents, leader français du marketing des "e-influenceurs", que certains ont pu découvrir dans un complément d'enquête sur le monde des influenceurs, diffusé sur France 2 il y a trois semaines.
Une lutte acharnée qui lui a valu la suppression de son compte Instagram "OKLM" par le président du Tribunal judiciaire. L'agente d'influenceurs de télé-réalité estimant qu'il y avait cyberharcèlement à son encontre. Mais ce lundi, la justice a condamné le réseau social pour avoir fermé le compte de l'artiste en dehors de tout cadre légal. Un coup dur pour la femme influente de 40 ans qui compte plus d'un million d'abonnés sur Instagram.
"Internet et les réseaux sociaux ne sont pas une zone de non-droit"
Magali Berdah avait dénoncé "des publications mensongères et humiliantes". Avant d'en préciser les conséquences : "Ce faisant, il m'a délibérément livrée à sa meute de 'pirates' haineuse. (...) Chaque jour, on me menace de mort, on m'envoie des propos antisémites et sexistes, on me promet de me décapiter, de me lapider et de me violer, on m'invite tous les jours à me suicider."
En cause : des tweets moqueurs, des allusions à sa confession juive, le dévoilement de son numéro et de l'adresse de son domicile, ou encore des enregistrements et l'évocation d'une fausse sextape de l'influenceuse.
À l'initiative de Magali Berdah depuis le 1er juin, une enquête est donc ouverte au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH) du parquet de Paris. La femme d'affaires martelant que "les réseaux sociaux ne sont pas une zone de non-droit" et s'attachant à poursuivre tous ceux qui penseraient le contraire.
De son côté, le rappeur Booba, Elie Yaffa de son vrai nom, ne cesse d'user de qualificatifs peu flatteurs pour la décrire : "La Papesse du mensonge, de l'arnaque et de la corruption" ou encore l'initiatrice de "la culture du vide".
Dans son viseur : les placements de produits que propose son agence et ses employés, jugés frauduleux selon l'artiste. La société, lancée en 2017, s'est en effet spécialisée dans les partenariats commerciaux entre marques et célébrités.
Victoire judiciaire pour Booba
"Comme nous l'avons soutenu, le Tribunal de Marseille a jugé illégale cette fermeture" s'est félicité Maître Patrick Klugman, l'un des avocats de l'artiste, après trois mois de procédure.
"Ce compte avait été fermé au mois de juillet en dehors de tout cadre légal et sans procédure contradictoire à l'instigation de madame Magali Berdah et madame Dante. Nous saluons une décision juste qui met fin à plusieurs mois d'irrégularité notoire" poursuit-il dans un communiqué de presse, publié ce 3 octobre 2022, avec son confrère Maître Ivan Terel.
Ce compte Instagram devrait être rétabli sans délais. C'est donc un Booba fier et fanfaronnant cette nuit, sur Twitter, qui s'est empressé d'adresser un message à sa principale rivale du moment : "Tu vas perdre sur tout le reste car tu n'es que vide et mensonges. (...) Tu as voulu jouer, maintenant on est liés."
Originaire des Hauts-de-Seine, le rappeur ironise tout de même sur Twitter sur une éventuelle réconciliation entre les deux rivaux. Affaire à suivre...
Dans un droit de réponse, le service presse d'instagram France tient à préciser certains points :
"Meta Platforms Ireland Limited, qui opère le service Instagram en Europe, se conforme depuis longtemps aux lois applicables et aux décisions judiciaires rendues à son encontre. L'ordonnance judiciaire du 3 octobre 2022 rendue par le président du tribunal judiciaire de Marseille ne s’est pas prononcée sur la question de la licéité du contenu du compte OKLM ou sur celle de la désactivation du compte mais sur un point purement procédural. Le tribunal n’a d’ailleurs pas ordonné à Meta de réactiver ce compte. Le compte OKLM a été désactivé en application de notre politique de récidive et parce que le contenu du compte OKLM avait violé à plusieurs reprises les règles du service Instagram."