"Tout le monde se sert dans le même bac à pain" : dans les cantines, le protocole sanitaire est à la peine

Créer des groupes d'élèves, veiller à leur distanciation, tout désinfecter entre deux groupes, changer les brocs... Les mesures destinées à lutter contre l'épidémie de Covid-19 semblent très difficiles à appliquer dans les lycées et écoles depuis la rentrée.

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Les règles sanitaires ont du mal à être au menu des cantines pendant l'épidémie de Covid-19. "Tout le monde se sert dans le même bac à pain", souffle Noé* devant son établissement du centre de Marseille, mercredi 4 novembre.

Depuis la rentrée des vacances de la Toussaint, de nombreuses photos et vidéos sont partagées sur les réseaux sociaux, où sont mises en avant de longues files d’attente avant la cantine mais aussi à l'entrée des lycées.

A Marseille, la situation semble aussi compliquée. Malgré le gel obligatoire à l’entrée du réfectoire, les élèves ne se sentent pas protégés par les mesures anti-Covid. "Surtout quand on va poser nos masques sur les plateaux ou sur les tables. On va toucher les brocs touchés par d’autres élèves", témoigne Mélodie*, du lycée Périer. 

Et même quand des dispositions sont prises, elles ne sont pas forcément efficaces. "Par exemple, pour le gel à l'entrée de la cantine, très peu s'en servent parce que ce n'est pas surveillé par les surveillants, souffle Julia*, élève dans le même établissement. Du coup, certains le font, d'autres non."

 


Face à cette situation, les cours de 11 heures ont été annulés dans cet établissement marseillais pour élargir la plage horaire du déjeuner. L'objectif est d'avoir plusieurs créneaux de repas. 

Devant le lycée Daumier, les élèves évoquent la possibilité de réduire la durée des cours pour diminuer le nombre d’élèves et donc de demi-pensionnaires. Une procédure leur permet même de se désinscrire de la demi-pension.

Chaque lycée doit réinventer sa cantine

Pour changer la donne, tous les établissements doivent rendre un projet au rectorat. Pour Aix-Marseille, 118 lycées sont concernés, pour les départements des Hautes-Alpes, Alpes de Haute-Provence, Bouches-du-Rhône et Vaucluse.
Les établissements ont quelques jours pour proposer une solution afin de réduire le brassage des élèves au moment des repas.

Installer des cloisons en plexiglas, élargir les horaires de cantine, "chacun y va de son ingéniosité", explique le service communication du recteur. "C’est compliqué, les salles de classes posent beaucoup moins de problèmes." Même si pour l'heure, le ministère de l’Education nationale privilégie la présence des élèves au lycée, toutes les idées seront étudiées.
Comme à Manosque, où "on a espacé des tables, explique Renaud Honde, professeur de mathématiques au lycée général et technologique Esclangon. Il y a plus de nettoyage, mais il y a quand même un problème. Les élèves sont assis face à face sans masque avec un moins d’un mètre de distance. C’est le lieu où il y a le plus de risques de transmission. Pour moi, la solution c’est de recevoir moins d’élèves chaque jour pour les espacer davantage dans les cantines."

Déficit du personnel à Marseille

Une problématique qui ne touche pas que les lycées. Dans les écoles marseillaises, les mesures sont obligatoires "si possible", d’après Laurent Tramoni, président du SNES-FSU. "Les écoles ont une marge de manœuvre, justifiée par le nombre d’élèves, le nombre de tables et la taille du réfectoire."

Ces écoles souffraient déjà d’un manque de personnel, certains agents vulnérables ou malades ne peuvent plus travailler. "La mairie recrute, mais il faudrait multiplier par 3 ou 4 les effectifs pour suivre ce protocole", souligne Yannis Darieux, ancien responsable de cantine FSU Territorial Ville de Marseille.

Pour Cécile Baron, du Mouvement des parents d'élèves du 13 (MPE13), la situation est complexe. "Les parents d'élèves se sentent solidaires avec le personnel des cantines, assure-t-elle. Pour appliquer le protocole, il faudrait des horaires de cantine entre 11 heures  et 14 heures, mais là, on risque de retrouver les élèves en hypoglycémie." Solidaires, certes, les parents ne sont pas pour autant tout à fait confiants. "On se rassure comme on peut, on sait qu’il y a un risque" que leurs enfants soient contaminés. Le syndicat Force ouvrière a déposé un préavis de grève dans les écoles et crèches de Marseille pour le jeudi 5 novembre. 

*les prénoms ont été modifiés
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