Une ex-infirmière et un ancien interne de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille ont été jugés lundi 8 janiver devant le tribunal correctionnel pour une surdose mortelle de morphine à un patient octogénaire.
Une incompréhension mortelle. L'ex-infirmière et l'ancien interne de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille ont comparu lundi 8 janvier devant le tribunal correctionnel pour avoir administré une surdose mortelle de morphine à un patient.
L'homme, âgé de 80 ans, avait été admis le 23 janvier 2014 pour un soupçon d'AVC et s'était luxé l'épaule en chutant dans sa chambre du service gériatrie de l'hôpital Nord. L'ancien interne est jugé pour homicide involontaire et l'infirmière pour "altération d'un document dans le but de faire obstacle à la manifestation de la vérité".
Une ordonnance de cinq ou 50 milligrammes ?
Pour pouvoir procéder à la réduction de cette luxation, l'interne du service orthopédie a prescrit oralement à l'infirmière une injection de morphine de cinq milligrammes. Il aurait dû rédiger une ordonnance comme l'exige la règlementation sur les produits stupéfiants.
A l'audience, l'infirmière a soutenu avoir entendu "cinq ampoules", soit une dose de 50 milligrammes. Elle avait demandé la validation de "cinq", et l'interne le lui aurait confirmé en lui montrant les cinq doigts de sa main.
"Un geste de panique"
"Si elle avait prononcé le terme 'ampoule', je l'aurais reprise", s'est défendu l'interne. Pour lui, c'est l'infirmière, "incompétente et malhonnête qui s'est trompée". Après l'intervention, l'interne avait rédigé l'ordonnance, inscrivant "5 mg" de morphine. Et l'infirmière a reconnu, "dans un geste de panique", avoir ajouté un zéro pour faire figurer 50 mg.
Diplômée depuis 16 mois, elle a invoqué une formation insuffisante face à l'affirmation d'un expert judiciaire selon qui une telle dose disproportionnée et dangereuse aurait dû l'alerter.
18 mois à 2 ans de prison avec sursis requis
Le procureur Guillaume Bricier a réclamé 18 mois de prison avec sursis à l'encontre de l'ancien interne, jugé pour homicide involontaire, pour n'avoir pas respecté l'obligation d'une prescription écrite et non pas orale. Evoquant "une succession de fautes", le magistrat a requis deux ans de prison avec sursis contre l'infirmière.
Les défenseurs des deux prévenus ont réclamé leur relaxe, en se renvoyant la balle. "Il met tout sur son dos, mais c'est bien l'erreur de prescription qui a entraîné cette posologie", a plaidé Me Hervé Ghevontian, avocat de l'infirmière."On lui reproche une pratique médicale constante, courante, enseignée et qui correspondaux règles de l'art", a rétorqué Me Philippe Carlini, le conseil de l'ex-interne, pour lequel l'urgence était bien là et la prescription orale fréquente. Le jugement sera rendu le 24 janvier.