Dans l'affaire de la mort de Mohamed Bendriss, un homme de 27 ans tué par la police à Marseille, trois policiers du Raid ont été présentés aux juges. Les magistrats instructeurs ont notifié aux trois hommes leur mise en examen du chef de "violences avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et leur placement sous contrôle judiciaire.
Mohamed Bendriss était livreur, il avait 27 ans. Il est mort en marge des émeutes dans la nuit du 1er au 2 juillet.
Ce jeudi après-midi, le parquet de Marseille communique sur l'audience qui s'est tenue dans la journée :
"À l’issue des interrogatoires de première comparution, les magistrats instructeurs co-saisis ont notifié aux trois policiers leur mise en examen du chef de violences avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner et leur placement sous contrôle judiciaire assorti des mesures d’interdiction de rentrer en contact avec les parties civiles et d’interdiction de participer dans le cadre de leur activité professionnelle de fonctionnaire de police à des interventions concernant des violences urbaines et de grands évènements sur la voie publique."
"Les magistrats instructeurs ont notifié aux trois policiers leur placement sous contrôle judiciaire", a ajouté le parquet dans un communiqué.
"L’instruction se poursuit sous l’égide des magistrats instructeurs .../... Des investigations complémentaires doivent être réalisées, quant à la régularité des conditions d’emploi des armes "moyen de force intermédiaire" utilisées à l’encontre de Mohamed Bendriss et à la proportionnalité de cet engagement," conclut Dominique Laurens, procureure de la République de Marseille.
Ils ont l'interdiction de :
- rentrer en contact avec les parties civiles,
- participer dans le cadre de leur activité professionnelle à des interventions concernant
des violences urbaines et de grands événements sur la voie publique.
Retour sur l'affaire
Cinq policiers au total ont été entendus par le juge d'instruction à l'IGPN, la police des polices. Deux d'entre eux ont pu ressortir libres cette même soirée.
Une vingtaine de policiers ont été convoqués et ont été entendus comme témoins.
D'après l'autopsie, Mohamed Bendriss serait décédé à la suite d'un impact de tir de LBD (lanceur de balle de défense). Une trace sur sa poitrine laisse penser à cette hypothèse. Début juillet, le parquet de Marseille avait estimé "probable" que le décès de cet homme ait été "causé par un choc violent au niveau du thorax causé par le tir d'un projectile de type Flash-Ball" (autre nom du LBD). Une information judiciaire avait été ouverte pour "coups mortels avec arme".
C'est un soulagement pour la famille.
Me Arié Alimi, avocat de la famille de Mohamed Bendrissà France 3 Provence-Alpes
Pour l'avocat de la famille de la victime, Me Arié Alimi, cette nouvelle "prouve que l'on a pu identifier celui qui a tué Mohamed".
Une décision sera rendue dans la journée et déterminera le sort des policiers inquiétés par l'affaire. "Ce serait du jamais-vu en France si des policiers du RAID sont mis en examen", affirme l'avocat. Une "inquiétude" qu'il souligne puisque "il y aura des conséquences politiques". Des répercussions sont aussi attendues dans les rangs de la police, en grève sur tout le territoire depuis la mise en examen d'un policier dans l'affaire d'Hedi, un jeune de 21 ans roué de coups à Marseille par des membres des forces de l'ordre.