Municipales à Marseille : "Nous ne sommes pas des kamikazes", face au 2d tour, la peur de tenir un bureau de vote

Faut-il voir dans l'organisation du second tour des Municipales, une preuve que la situation sanitaire du pays s'est améliorée ? C'est en tout cas ce qu'espèrent les candidats. Pour les assesseurs et les présidents de bureaux de vote, la peur de revivre le désastre sanitaire du 15 mars les tenaille.

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Au lendemain du 1er tour, la France était confinée. Le maintien de ce scrutin a fait et continue de faire débat, notamment à Marseille, où des assesseurs et des présidents de bureaux de vote ont été testés positifs au Covid-19.

Monique Daubet, présidente d’un bureau de vote dans le 5e arrondissement de Marseille garde un souvenir pénible de ce 15 mars. Elle est catégorique.

"Je ne serai pas présidente dans les mêmes conditions que le 15 mars. Aujourd’hui je ne dis pas oui, ni non, mais j’attends des garanties de sécurité sanitaire extrêmes".

Des mesures sanitaires remises en cause

Manque de masques, de gel ou tout simplement une distanciation sociale pas ou peu respectée, le scénario du 15 mars dans des bureaux de votes marseillais a laissé de mauvais souvenirs.

C'est le cas de Julien*, assesseur dans le 12e arrondissement de Marseille au premier tour. Il est loin d'être ravi par l'annonce d'Edouard Philippe.

"Je ne pense pas dire oui, si on me le redemande. Avec tout ce qui s'est passé au premier tour, et la situation sanitaire actuelle, je ne préfère pas y retourner", explique ce père de famille.

 

On nous a envoyé à l’abattoir.

Certains n'en reviennent toujours pas, comme Monique Daubet. "Au 1er tour, nous n’avions pas de masques, un pot de gel minuscule pour tout le bureau", détaille-t-elle encore très remontée.

"Pour le dépouillement on était trop proche les uns des autres, dans une toute petite salle de classe. Et le pire, au bureau centralisateur, nous étions 60 dans le couloir, collés pour la vérification des résultats, on nous a envoyé à l’abattoir".

Retour dans le 12e arrondissement. Ce 15 mars, Stéphane Pichon est le président du bureau de vote de l'école Haïti à Saint-Barnabé. Le président de l'Ordre régional des pharmaciens fait part de son immense déception. 

Pour lui, c'est simple, "le premier tour n'aurait jamais dû avoir lieu". Il estime "avoir pris un risque" en tenant le bureau de vote, "ainsi que toutes les personnes présentes ce jour-là".

Pas parce que son bureau de vote était mal équipé ou que les gens ne respectaient pas les distances, mais plutôt parce qu'il "trouve inutile d'avoir maintenu ce scrutin, alors que le lendemain le confinement était décrété".

" C'était irrespectueux de la part des politiques de forcer les électeurs comme cela". Alors que ce profil le second tour le 28 juin, Stéphane Pichon ne se fait pas d'illusion.

Le taux d'abstention était déjà très haut, "mais il le sera encore plus, car les gens en ont marre, ils ont d'autres priorités avec la crise sociale et économique qui touchent Marseille".

Pour lui le choix est fait. S'il le peut,  il refusera de tenir à nouveau un bureau de vote.

 

 

Nous ne sommes pas des kamikazes.

« Nous devons avoir des certitudes, nous ne sommes pas des kamikazes. Maintenant j’attends de voir comment la préparation de ce second tour va être décliné par le gouvernement, les masques FFP2 ne suffiront pas", reprend Monique Daubet.

Le mot de la fin revient à Géraldine*, aussi optimiste que fataliste. Au premier tour, elle était assesseuse dans un bureau de vote du 12e arrondissement.

"Vu le monde qu'il y a dans la rue et que je croise en ce moment, je pense pas que je risque tellement plus à tenir un bureau de vote".  

(*A leurs demandes, les prénoms ont été modifiés) 

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