Municipales : qui est Michèle Rubirola, la première femme maire de Marseille qui fait basculer la ville à gauche

Elle est celle qui met fin à 25 ans de règne de la droite à Marseille. La première femme à la tête de la deuxième ville de France. Mais qui est Michèle Rubirola, candidate écologiste, tête de liste du Printemps Marseillais, encore inconnue du grand public il y a quelques mois ?

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Elle l'a fait...A 63 ans, la candidate de l'union de la gauche et des écologistes du Printemps marseillais vient d'être élue maire de Marseille.

Michèle Rubirola a obtenu la majorité absolue, 51 voix sur 92 conseillers, grâce au soutien de dernière minute de la sénatrice ex-PS Samia Ghali, le RN s'étant abstenu. Elle a été longuement applaudie.

Inconnue ou presque du grand public, celle qui est montée sur le fauteuil de maire de Marseille a été choisie comme candidate du Printemps Marseillais au mois de janvier.

A ce moment là, elle anime la commission santé de ce collectif de gauche, rassemblant des citoyens, membres du parti socialiste, parti communiste et de la France insoumise. Parmi 25 autres commissions thématiques, c'est un travail de fond qui est lancé sur la deuxième ville de France.

"Ce projet s'est construit avec les Marseillais. Il n'est pas sorti de la tête de quelques pensants", explique Michèle Rubirola, lors d'une interview avec une équipe de France 3 Provence Alpes le 15 juin dernier.

L'écologiste de 63 ans est mère de deux filles de 38 et 32 ans et d’un garçon de 23 ans et grand mère de deux petis-enfants.
Petite-fille d’immigrés napolitains et espagnols, elle a grandi dans le quartier du Rouet à Marseille où elle vit toujours et où elle a été élevée par sa grand-mère.
  C'est à elle que le socialiste Benoit Payan, jugé trop clivant, a cédé sa place à la tête du Printemps Marseillais, dans un souci d'union et de rassemblement de la gauche il y a six mois.

Médecin de famille pendant 15 ans dans les 4e et 5e arrondissements de Marseille, elle est aujourd’hui médecin de prévention à La Rose. Curieuse de l'autre, elle a toujours voulu être médecin en Afrique. Le soin, elle l'applique même en politique.

Pour elle, être maire de Marseille, "c'est être au service des Marseillaises et des Marseillais afin de leur permettre d’avoir une vie meilleure, c'est prendre soin d’eux"

"C'est une super nana, très intelligente, elle est honnête, saine, sans casseroles au cul"

René Malleville, figure marseillaise supporter de l'OM


René Malleville, fidèle supporter de l'Olympique de Marseille, a bien connu Michèle Rubirola avec qui il a partagé un bureau pendant six ans à la mairie du 2e et 3e arrondissement alors qu'ils étaient tous deux élus.

"Elle était conseillère d'arrondissement (NDLR en 2008), moi adjoint aux sports et conseiller communautaire", raconte René Malleville. "C'est une super nana, très intelligente, elle est honnête, saine, sans casseroles au cul", dit-il.

L'incontournable supporter phocéen l'apprécie beaucoup et craint même un peu pour son avenir. "Je lui ai dit, si elle est élue maire, il faudra faire attention à tous les requins autour d'elle. Elle n'appartient pas à ce panier de crabes, et va devoir lutter au milieu de ces magouilleurs", s'alarme son ami.

Sportive et engagée

Si elle ne connait pas encore les codes et préfère le terrain aux médias, Michèle Rubirola a de l'endurance. Probablement acquise grâce au sport. Elle a commencé le basket à 10 ans et a même fait partie de la première équipe féminine de football de l'OM pendant un temps. C'est le basket qui a pris le dessus et qu'elle a continué longtemps, tout comme le chant dans une chorale.

Son engagement politique, elle l'a puisé dans son enfance. Elevée dans un milieu "qui a toujours milité", ses premiers combats à elle étaient en faveur de l'avortement et de la contraception.

Elle s'est retrouvée ensuite dans les causes de justice sociale pronées par Les Verts où elle milite depuis 2002.
En 2015 elle est élue conseillère départementale EELV (Europe Ecologie Les Verts), sur le premier canton de Marseille. Elle s'investit dans plusieurs associations.

Michèle Rubirola est restée chez les Verts jusqu’à ce que EELV la suspende pour son engagement dans le Printemps Marseillais. Avant de la rallier à nouveau, le 18 mai, après son succès au premier tour des élections municipales. 

"Mon parti j’y tiens vraiment, il porte les valeurs que je défends, avoir été coupée de mon parti c'était douloureux pour moi. Je suis contente qu’on soit réunis à nouveau", explique cette férue de nature. Aujourd'hui soutenue par Yannick Jadot, Christiane Taubira ou Noël Mamère, un de ses modèles de municipalité reste Grenoble. Notamment "l'arc humaniste du maire Eric Piolle", qu'il veut étendre à l'échelle nationale, l'inspire. 

Les trois mots clés du programme de Michèle Rubirola ? "La justice sociale, environnementale et la démocratie".

Aujourd'hui elle espère sortir la ville "d'un système qui est en place depuis 25 ans et plus… Un système de clientélisme, de petits arrangements entre amis, et regarder vers l'avenir à l’époque du réchauffement climatique", dit Michèle Rubirola. 
Consciente de l'engouement citoyen suscité autour de sa candidature, elle reste "sereine". "L'engouement on le sent. Après l'effondrement des immeubles de Noailles, les gens d’un coup se sont rendus compte de ce qu’ils risquaient. Huit morts à Marseille ce n'est pas possible, dans la 2e ville de France !" ajoute-t-elle avec une pointe de colère.

"C'est du à l’abandon d’une partie de la population, avoir laissé ces immeubles se dégrader...sans oublier les écoles marseillaises... C'est quand même pas possible de continuer comme ça, de laisser nos petits marseillais en danger, avec des plafonds qui s’effondrent, de l'amiante, des punaises de lits partout... ce n'est pas possible", regrette Michèle Rubirola.

Avec son équipe, elle veut refaire de Marseille "une ville unie, à travers les classes et les âges. La ville de l’espoir. La ville où tout est possible".

Michèle Rubirola (Printemps Marseillais), est arrivée en tête du second tour des municipales à Marseille avec 38.28 % des suffrages exprimés, devant Martine Vassal (Les Républicains) 30.75 %.
 
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