Quatre défaites, 18 buts encaissés: Rudi Garcia affiche un bilan apocalyptique contre Monaco depuis qu'il entraîne l'Olympique de Marseille, mais il a tout pour inverser la tendance, dimanche (21h00) lors du choc de la 23e journée de Ligue 1.
Les dynamiques se sont inversées, l'OM est solide, Monaco donne des signes de fébrilité, et Garcia tient l'occasion d'étouffer cette image de coach qui ne gagne pas les gros matches, une réputation qu'il réfute calmement.
Poussé vendredi par les questions de la presse sur ce terrain, Garcia finit par répondre, sans marquer d'agacement. "Vous avez peut-être raison. Sur mes quinze mois marseillais, on n'a jamais gagné contre les équipes plus grosses que nous, le PSG ou Monaco notamment", répond-il à la troisième question sur le sujet, sans citer la victoire
contre Lyon l'an dernier en Coupe de France (2-1 a.p.).
"Mais je n'oublie pas qu'à Dijon on a fait des exploits en Coupe de France, au Mans on a battu les cadors de l'époque, à Lille j'ai été champion de France, j'ai bien dû gagner quelques fois contre les gros du championnat...", énumère-t-il.
"J'ai dû gagner quelques matches..."
Garcia rappelle aussi qu'"à la Roma pour être deux fois second j'ai dû gagner quelques petits matches aussi contre les gros comme l'Inter, le Milan ou Naples". "Ce n'est pas moi qui fais les stats, si je les faisais je les ferais autrement", conclut-il.
D'où vient-elle, cette image? Focus sur les confrontations avec l'ASM. Depuis son arrivée en octobre, l'ex-"Mister" de l'AS Rome a pris trois fois quatre buts contre Monaco: 4-0 le 26 novembre 2016, avec un choix de Romain Alessandrini arrière-gauche renié au bout d'une demi-heure, 4-1 au Vélodrome le 15 janvier 2017 pour une revanche ratée, et encore 4-3 a.p. pour une élimination en 8e de finale de Coupe de France, le 2 mars 2017.
Au début de cette saison, quand on lui parlait déjà de laver l'affront, l'OM de Garcia a été outragé 6-1 à Louis-II le 27 août 2017. Bilan: 5 buts pour, 18 buts contre, et la naissance d'une bête noire.
Garcia avait été mis en cause dans la dernière raclée monégasque. "Je m'étais surtout critiqué moi-même, rappelle-t-il en conférence de presse. J'avais assumé la défaite et les choix".
Garcia, d'esprit joueur, a quelque fois tenté des coups, comme en Ligue des champions où il a pris de solides corrections avec Lille (6-1 à Munich) comme avec l'AS Rome
(7-1 contre le même Bayern, 6-1 à Barcelone).
"Quand est-ce que vous battez les gros?"
Mais il a retenu la leçon. Contre le Paris SG cette saison (2-2), il a bâti une équipe pleine d'abnégation qui s'est battu comme une enragée et a sauté sur les occasions à chaque fois que la porte s'entrouvrait. Il s'en est fallu de peu, d'un coup franc de Cavani à la dernière minute, pour que Garcia réussisse un chef d'oeuvre.
"Si on avait pu battre le PSG, cela aurait évité les questions du style: Quand est-ce que vous battez les gros?" lâche Garcia. "A une minute près on aurait pu s'éviter ces questions-là, mais on a démontré contre le Paris Saint-Germain qu'on était capable de battre n'importe qui cette saison".
"On apprend peu dans la victoire et beaucoup dans la défaite"
A Lyon en décembre, l'OM a perdu (2-0) mais a secoué l'OL et franchement manqué de réussite. L'OM est bien plus hermétique, désormais, et n'a concédé aucun but en 2018, toutes compétitions confondues. Garcia a redonné de la solidité à l'équipe, et "su redonner confiance au groupe", ajoute Florian Thauvin, un joueur qui estime avoir beaucoup progressé sous les ordres de son coach.
Garcia tient à évacuer son cas personnel, qui "n'est pas important", assurant que "tout va très vite", les critiques comme les louanges.
"La qualité d'un homme, d'un professionnel, d'une équipe, est de passer du négatif au positif", estime Garcia, avant de terminer sur un proverbe japonais, que ne
lui a pas soufflé Hiroki Sakai, insiste-t-il: "On apprend peu dans la victoire et beaucoup dans la défaite, j'espère qu'on n'apprendra pratiquement plus rien jusqu'à la fin de la saison". Et qu'on ne lui dira plus qu'il ne gagne pas les gros matches...