"On aimerait bien que ça change" : à La Marseillaise à pétanque, les femmes tentent de se faire une place dans un milieu masculin

De plus en plus de femmes atteignent de très hauts niveaux et l'édition 2023 de La Marseille a décidé de mettre en lumière ces pétanquistes qui confient à France 3 Provence-Alpes leurs expériences pas toujours heureuses.

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"La pétanque commence à changer un peu, mais il faut beaucoup de temps". Fanja Aubriot, championne Franco-Malgache, pose un regard acéré sur la place qu'occupent les femmes dans le monde très viril de la pétanque. Même si les lignes bougent. Cette année, le Mondial La Marseillaise à pétanque a par exemple décidé de mettre les femmes à l'honneur. Pour la première fois, les demi-finales du Grand Prix féminin Derichebourg se joueront, samedi 1er juillet, dans le stade d'honneur du Parc Borély et seront diffusées en direct sur le compte Facebook de France 3 Provence-Alpes. Les femmes qui entreront dans le stade ce jour-là se verront offrir un cadeau.

La compétition globale a beau être mixte, elle reste toutefois dominée par des équipes masculines. Mais la pétanque se féminise. Ses championnes sont de plus en plus reconnues, à l'instar de Cindy Peyrot, vainqueuse du Grand Prix Féminin Derichebourg en 2019 ou d'Axelle Bernard, championne en 2020.

Pour cette dernière, être une femme dans un milieu masculin, a été un défi supplémentaire dans la compétition : "Ça m'a plu de ne pas faire comme tout le monde à l'époque où j'ai commencé à jouer aux boules, raconte-t-elle. Il y avait peu de jeunes et peu de filles. J'ai voulu montrer qu'en étant jeune, en étant une fille, on pouvait jouer à la pétanque."

Des préjugés bien ancrés

Cette année, elle jouera avec sa mère, Lysiane Bernard, qui lui a transmis sa passion de la pétanque. Si elle voit une évolution dans le milieu, cette habituée des terrains fait un constat semblable à celui d'Axelle : "Il y a toujours des hommes qui n'accepteront pas que les femmes jouent aux boules, ou qu'elles les battent, ou qu'elles tirent devant eux."

Le refus de voir une femme tirer, c'est arrivé en compétition à Anaïs Ibao, membre du Club de Deuil-La-barre et championne à La Réunion. Un de ses équipiers n'acceptait pas l'idée de se retrouver face à une femme plus forte. "On peut perdre une partie à cause de ça", regrette-t-elle.

Si elle voit le monde de la pétanque évoluer et se féminiser, Axelle Bernard note encore des réticences chez certains. "Il faut tomber sur des personnes qui réussissent à gagner, même avec une femme."

"C'est un sport de machos"

Fanja Aubriot, elle, le confie sans retenue : "C'est un sport de machos". A de nombreuses reprises, elle a constaté des différences de traitement avec les pétanquistes masculins : "Lors des championnats de France, en doublette mixte, les commentateurs ne parlaient que des masculins dans les équipes", relate-t-elle.

Fanja Aubriot cite également l'exemple d'une compétition récente où les hommes jouaient sous chapiteau et les femmes à l'extérieur. "Elles ne sont rentrées dans le carré d'honneur qu'en demi-finale". "Les primes, lorsqu’on gagne, ne sont pas les mêmes. Pourtant, on se déplace comme les hommes, on paie du carburant comme eux des hôtels, détaille-t-elle. On ne joue pas pour l'argent. Mais eux, ils arrivent à rentrer dans leurs frais quand ils arrivent au bout."

"On soulève les mêmes poids de boule, on fait les mêmes temps de compétition. On utilise notre énergie, notre mental, notre physique de la même façon mais nous, on nous met toujours de côté."

Fanja Aubriot

à France 3 Provence-Alpes

Avec les autres compétitrices, Fanja Aubriot s'amuse de la situation. "Mais on aimerait bien que ça change. On aime la pétanque, donc on continue malgré tout."

"Va faire la cuisine !"

La championne pointe aussi la responsabilité du public, qui regarde avec moins d'intérêt les parties féminines. A son niveau, elle n'entend plus des "va faire la cuisine !", ou autres insultes sexistes, mais ces remarques peuvent être adressées à des joueuses moins confirmées.

Si elle ne se dit pas affectée par le sexisme dans la pétanque, Anaïs Ibao constate, elle aussi, qu'à performances égales, une équipe masculine intéressera toujours davantage le public qu'une équipe féminine. "Ce que je ressens, c'est qu'une joueuse féminine est respectée à partir du moment où elle atteint un certain niveau", juge-t-elle.

D'ailleurs, c'est une star de la pétanque, Cindy Peyrot, qui évolue de plus en plus en équipes masculines, qui est la plus optimiste sur la situation des femmes dans le milieu. "On ne se pose plus trop la question de l'égalité, tranche-t-elle. On a des compétitions mixtes même à l'international, donc c'est positif." Pour elle, la pétanque est avant tout un sport familial - " si un homme joue à la pétanque, sa femme jouera aussi". Un sport avec "des hommes plus machos que d'autres, comme dans la vie de tous les jours."

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