Le musée des civilisations de Marseille ainsi que trois autres établissements en France, le Louvre, le Palais de la Porte Dorée et la Bourse de Commerce Pinault Collection sont pointés du doigt pour avoir employé des salariés de sociétés prestataires de services. Une externalisation qui crée un système à deux vitesses entre cette main d'œuvre et les salariés permanents du musée.
Derrière le comptoir de l'accueil, à la billetterie, la médiation ou encore à la sécurité, rien ne distingue les salariés du Mucem des contractuels fournis par des sociétés prestataires de service. Hatem Talladec-Ramdani, un ancien employé du musée souligne "la précarité des agents" : "C'est des salaires bas, trois week-ends travaillés sur quatre, avec une majoration à seulement 25% pour les week-ends et jours fériés" ou encore "des contrats extrêmement courts, d'un ou deux jours, pour les CDD". Cette sous-traitance est courante dans les grands musées français, selon Libération, qui révèle que quatre plaintes ont été déposées contre quatre prestigieuses institutions le mercredi 16 octobre, pour "prêt illicite de main-d’œuvre" et "marchandage". Les plaintes visent aussi les prestataires de service.
Différence de traitement et manque de reconnaissance
Thibault Van Overloop a porté l'uniforme des agents de médiation culturelle du Mucem pendant huit ans. Il a souffert des conditions de travail difficile, des horaires changeant tous les jours, des changements de postes, sans véritable possibilité d'évolution de carrière. "Je dénonce des différences de traitement qu'il peut y avoir entre des fonctionnaires d'État et des agents dans le privé", explique-t-il pointant un important "turn-over" de ces salariés et un "mal-être sur le long terme". "On est un peu comme du bétail, trimballés de prestataires en prestataires au gré des marchés publics", résume pour sa part Hatem Talladec-Ramdani.
Le syndicat Sud qui relaie ces plaintes dénonce "l'ampleur du phénomène". "Une analyse juridique nous a conduits à vite nous rendre compte que nous étions dans un processus systémique de contournement de la législation", a expliqué l'avocat du syndicat Sud, Me Thibault Laforcade, interrogé par franceinter. "C'est une précarité systémique à laquelle on essaie de dire stop".
Le syndicat Sud dénonce la précarisation qui s'étend
Le syndicat, à l'origine des plaintes déposées contre le Mucem, le Louvre, le Palais de la Porte Dorée et la Bourse de Commerce Pinault Collection, dénonce "une externalisation qui n'a de cesse de s'étendre et tend même à s’accélérer ces dernières années dans le secteur culturel." Jusque-là limitée aux services de sécurité, maintenance et nettoyage, cette pratique est selon Sud désormais fréquemment utilisée pour la billetterie, le vestiaire, l'accueil, la médiation culturelle, les visites guidées et les ateliers pédagogiques.
Sud souligne que des années de sous-traitance ont eu pour effets de détériorer les conditions de travail des salariés externalisés "broyés par une précarisation de leur statut". Contacté par franceinter, le Mucem précise que le Ministère de la Culture a acté l'externalisation de ces missions dès l'ouverture du musée en 2013