On vous explique la polémique autour de Philippe Caubère, la voix de la grotte Cosquer, accusé d'atteinte sexuelle

La voix de Philippe Caubère, comédien marseillais accusé d'atteinte sexuelle a-t-elle toujours sa place dans la visite de la grotte Cosquer à Marseille ? La direction de la grotte, son gestionnaire et la région Sud se sont interrogés.

Dans la réplique de la grotte Cosquer, ouverte en juin 2022 à Marseille, les spectateurs se déplacent sur un petit wagon. Munis d'un casque, ils écoutent l'histoire du site préhistorique sous-marin raconté par une voix masculine : celle du comédien et metteur en scène Philippe Caubère, 73 ans, visé par une plainte depuis octobre 2022.

Depuis que le parquet de Créteil a confirmé lundi l'ouverture d'une enquête préliminaire visant le comédien pour "atteinte sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité", trois salles de spectacles du Gard ont annoncé dans un communiqué commun annuler ses représentations, malgré la présomption d'innocence. Sa présence pose aussi question à Marseille. France 3 Provence-Alpes vous explique la polémique.

La direction de Cosquer s'en remet à la justice

La question de maintenir ou pas la voix du comédien dans l'audioguide de Cosquer Méditerranée a été abordée lors du comité de suivi réuni le 11 janvier, comme tous les mois, entre des représentants de la région Sud, la direction de la grotte et Kléber Rossillon, gestionnaire de la grotte. 

"On suit de près l'affaire, confirme la direction. Quand la justice aura rendu son verdict, nous verrons les ajustements à prendre." Elle rappelle avoir passé la commande à Philippe Caubère en mars 2022, lorsque celui-ci ne faisait pas encore l'objet d'accusations. "Nous l'avons choisi parmi plusieurs comédiens, car sa voix a une résonance locale, avec un accent local, mais pas trop fort. Une voix posée, théâtrale, qui pouvait transmettre l'histoire de Cosquer Méditerranée".

L'audioguide est indissociable de la visite, l'enregistrer à nouveau impliquerait une fermeture temporaire du lieu. "Nous, c'est Cosquer notre ambassadeur, pas Caubère, rappelle la direction. Les gens ne viennent pas pour entendre sa voix."

Il n'a pas sa "place dans l'espace public" estime Benoît Payan

Lors de ses vœux à la presse, le 11 janvier, le maire de la ville, Benoît Payan a clairement donné sa position : "je n’accepte pas qu’on taise en 2024 les violences faites aux femmes, Philippe Caubère comme les autres, quand ils se comportent comme ça, n’ont pas leur place dans l’espace public."

Le soir-même, se tenait une manifestation à Marseille et partout en France, contre les violences sexistes et sexuelles. Les manifestantes visaient directement le soutien du président de la République Emmanuel Macron à Gérard Depardieu, accusé de viols et agression sexuelles.

Philippe Caubere réfute l'accusation de viol

Philippe Caubère a reconnu mardi dans un communiqué transmis à l'AFP avoir eu une relation intime pendant quatre mois en 2012 avec une mineure âgée de 16 ans, une relation selon lui consentie.
"Je confirme avoir entretenu une relation intime avec P. de quelques mois alors qu'elle était mineure (entre ses 16 et 17 ans), et la différence d'âge significative entre elle et moi aurait dû me conduire à ne pas entamer une telle relation", avait expliqué l'homme de théâtre, ajoutant que cette "infraction (...) ne concerne en rien la question de son consentement". L'avocate du comédien, Me Marie Dosé, a relevé lundi que la jeune plaignante avait été contactée en 2018 par les services de police, et n'avait pas souhaité déposer plainte pour ces faits à cette date.

Pour Me Negar Haeri, conseil de la jeune femme, cette plainte est "le résultat d'une longue période de réflexion", soulignant qu'"on a besoin de temps quand on est initialement mineure de 16 ans pour comprendre ce qu'il s'est passé et oser porter plainte". Selon les deux avocates, Philippe Caubère n'a pas été entendu à ce stade.

Des féministes accusent le comédien

Interrogée sur France Bleu Provence, Catherine Lecoq, comédienne marseillaise de la même génération que Philippe Caubère, membre du collectif 13 Droit des femmes, déclare :"J'ai été sa fan absolue... jusqu'à un certain moment. Je suis comédienne et je suis passée par des scènes où il a joué. Et donc j'ai su des choses. Nous ne sommes pas des objets. Son soutien à Depardieu est logique. Ce sont des hommes qui estiment que mettre une main dans la culotte d'une femme est sans incidence pour elle et que c'est un plaisir pour eux ! Ils se soutiennent entre mâles !" 

Pour la militante, si Philippe Caubère était condamné, il devrait être "évidemment" retiré de la visite de Cosquer "pour des actes délictueux que l'on a bien su taire jusque là".

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