Les habitants du Panier, dans le 2e arrondissement de Marseille, n'en peuvent plus des nuisances liées aux touristes logés en Airbnb. Le ras-le-bol s'exprime par des tags sur les façades des immeubles.
Ras-le-bol général dans le plus ancien quartier marseillais, le Panier, dans le 2e arrondissement. Les habitants n'en peuvent plus des touristes. Leur colère cible tout particulièrement la plateforme de locations Airbnb.
"Le Airbnb c'est pas ici !!!", peut-on lire tagué sur les murs dans la rue Puits du Denier, ou encore "Airbnb dehors assez", rue Dodillat. Soirées qui se prolongent jusqu'au petit matin, dégradations des logements, marches détériorées par les valises des voyageurs... les résidents du panier mettent le holà. France 3 Provence-Alpes vous explique les raisons de cette colère.
- Quelle place occupe Airbnb à Marseille ?
La plateforme de location prospére à Marseille. La cité phocéenne est la deuxième ville française la mieux rémunérée par l'entreprise américaine, avec 2,8 millions d'euros. Elle reste, tout de même, très loin derrière Paris, avec 24,3 millions d'euros.
- Quelles sont les reproches adressés par les habitants du Panier à Airbnb ?
A chaque période de vacances scolaires, c'est le même scénario. Les touristes arrivent en nombre et ça devient vite invivable pour les habitants du quartier comme Robert Serfati. Ce sont, en particulier, les jeunes qu'il vise : "Ils viennent sur une période de deux-trois mois, mais tous les soirs, ça devient problématique."
Le Marseillais aimerait plus de calme dans sa rue, il ne supporte plus le bruit des valises roulant sur les pavés. Selon lui, cet afflux des touristes finit par chasser les résidents de ce quartier populaire.
"Il y a 15 ans, il y avait des familles avec des enfants. C'est en train de disparaître pour des valises"
Robert Serfatià France 3 Provence-Alpes
Paul Berger habite au Panier depuis le mois d'octobre. La vie de quartier avec des habitants à l'année lui manque. "Dans ma rue, on est six à sept à vivre à l'année, sur une dizaine d'immeubles à deux étages." Les touristes ne sont là que pour une nuit ou quelques jours. Alors, nouer des liens sur le long terme avec ces locataires de passage, c'est compliqué.
Les habitants constatent aussi que la disparition des commerces de proximité, boulangeries et autres superettes au profit de petites boutiques pour touristes.
- Y a-t-il d'autres conséquences ?
Pour les Marseillais qui vivent au Panier, le succès d'Airbnb dans ce quartier a une autre conséquence : la flambée des prix des logements. "Avant, le loyer était accessible à tous. J'ai vu les gens partir parce que les loyers avaient augmenté et qu'ils ne pouvaient plus payer", assure Robert Serfati.
Un constat confirmé par Olivier Debasc, gérant de l'agence immobilière du 148 au Panier. L'un des appartements T2 modestes qu'il a en gestion est ainsi passé de 550 à 750 euros.
Les locations en Airbnb ont selon lui également des conséquences négatives sur son métier. "Les propriétaires veulent donner leurs biens à des conciergeries qui se sont développées au lieu de me les donner en gestion", regrette-t-il. Les propriétaires viseraient une meilleure "rentabilité", et "moins d'ennuis" avec les locataires, selon l'agent immobilier.
- Cette colère est-elle généralisée ?
Pas forcément car Airbnb fait aussi des heureux au Panier. Pour les commerçants, c'est, effectivement, une bonne chose. "Tous ces Airbnb, ça fait vivre", souligne Laura Larenzo, patronne du "Rendez-vous des amis", un restaurant de la rue Rodillat, où un tag exhorte pourtant "Airbnb dehors, assez".
La gérante trouve les propos des résidents exagérés. "C'est rigolo qu'ils disent ça, comparé aux jeunes (du quartier) qui mettent le bordel et la musique à fond jusqu'à 2 h du matin. Je préfère des gens qui se baladent."
- D'autres quartiers de Marseille affichent-ils une défiance similaire ?
Le Panier n'est pas le seul quartier de Marseille où Airbnb subit les foudres des habitants. Fin mars, le propriétaire de La Plaine, dans le 5e arrondissement, avait retrouvé son appartement saccagé. Chez lui, on pouvait lire : "Un Airbnb = un quartier qui meurt" ou encore "Airbnb fait exploser les loyers, dégagez !"