"Où je vais aller moi maintenant ?" : évacuation d'un immeuble en péril près de la rue d'Aubagne à Marseille

Six ans jour pour jour après les effondrements de deux immeubles rue d'Aubagne, à Marseille, une évacuation a eu lieu ce mardi 5 novembre, dans un bâtiment situé à une rue de la dent creuse. 35 personnes ont dû quitter l'immeuble en péril grave.

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Une évacuation qui résonne, en pleine commémoration du drame de la rue d'Aubagne. Il y a six ans, le 5 novembre 2018, huit personnes sont mortes dans l'effondrement de deux immeubles dans le centre-ville de Marseille, au cœur d'un des quartiers les plus pauvres de la ville, Noailles.

Ce mardi matin, alors que les Marseillais rendent hommage aux victimes, un immeuble en péril a été évacué, dans ce même quartier, à quatre minutes à pied de ce que l'on nomme aujourd'hui la "dent creuse", trou béant laissé par les effondrements.

35 personnes évacuées

L'évacuation s'est déroulée aux alentours de 13h, au 18 de la rue des Feuillants. Parmi les locataires priés de quitter les lieux, Kamel, un homme de 81 ans résidant depuis 17 ans dans cet immeuble.

"Je travaille depuis 40 ans en France, j'ai 700 euros de retraite et je paye 400 euros de loyer par mois, pour une chambre de rien du tout. 9 m²". Kamel a gardé tous les reçus de ses loyers payés.

"Le nouveau propriétaire ne voulait pas faire les travaux. (...) Les gens honnêtes, il faut les laisser habiter où ils sont."

Où je vais aller moi maintenant ? A l'hôtel ? 45 euros par jour ? Où je vais le trouver cet argent ?

Kamel, évacué du 18, rue des Feuillants 13001 Marseille

France 3 Provence-Alpes

"Ici, il n'y a rien qui marche actuellement, explique Mohammed, un autre locataire. Il n'y a pas d'eau. Tout le monde va chercher l'eau en bas." Il montre les toilettes. "Tout est pourri".

"Ce n'est pas grand, mais on paye cher. 350, 400 euros. Quand la pluie tombe, l'eau me tombe dessus. Je ne dors pas bien."

Tout le monde a peur ici. On ne sait pas quand ça va tomber. Quand tu quittes ici, tu dors dehors. Il n'y a pas d'autre choix.

Mohammed, locataire évacué

France 3 Provence-Alpes

Parmi les évacués, également, des familles, des mineurs, des sans-papiers. Selon les informations de France 3 Provence-Alpes, les locataires sont les victimes de l'un des marchands de sommeil les plus connus sévissant à Marseille. Son profil est décrit dans une enquête de Blast datant de janvier dernier.

Au total, 35 personnes ont été mises en sécurité, 28 prises en charge par la mairie, sept par la préfecture.

"C'est au propriétaire de les reloger, rappelle Florent Houdmon, directeur du logement et lutte contre l'habitat indigne à la ville de Marseille. (...) La ville va se substituer à lui s'il n'est pas capable de leur trouver des solutions d'hébergement, c'est pour ça qu'on prend en charge aujourd'hui 28 personnes en essayant de leur trouver des disponibilités le plus proche possible de leur immeuble, pour ne pas abîmer leurs habitudes de vie dans leur quartier".

Les délogés pris en charge par les associations

L'évacuation s'est déroulée dans le calme, de nombreuses associations étaient présentes pour prendre en charge les délogés. Des minibus ont été affrétés par la mairie pour les conduire dans différents hôtels de la ville. Un logement temporaire d'urgence, avant de trouver d'autres locations plus pérennes.

"Cette évacuation a été travaillée en concertation avec les associations et la ville, explique Aude Lévêque, chargée de mission à la fondation Abbé Pierre. On est venu en soutien aux habitants, pour s'assurer que les choses se fassent dans les meilleures conditions. Aujourd'hui c'est une issue heureuse."

Fissures, risque d'affaissement, vétusté, fuites

Cette évacuation intervient près de cinq mois après un premier arrêté de "mise en sécurité urgent", pris le 12 juin dernier, à la suite d'un rapport reconnaissant un "danger imminent" et "risque immédiat pour la sécurité des personnes". Ce type d'arrêté s'appelait avant "arrêté de péril grave et imminent", le nom a depuis changé.

Cet arrêté faisait état des fissures sur les linteaux en pierre des fenêtres, de l'effondrement de plusieurs marches d'escalier, de la présence d'eau dans la cave, des murs imbibés avec risque d'affaissement des fondations et de chute de matériaux sur les personnes.

Le rapport pointait également les tuiles décollées en équilibre, un risque d'infiltration d'eau au niveau de la charpente, l'effondrement partiel du plancher au 2ᵉ étage, un état de vétusté et dégradation des tuyaux d'eaux usées, de fuites multiples ou encore un risque d'électrification des personnes.

Déjà, en juin, l'arrêté ordonnait l'évacuation immédiate de plusieurs appartements ainsi qu'un certain lot de travaux à effectuer. Cinq mois plus tard, la situation n'ayant pas bougé au 18, rue des Feuillants, un second arrêté de mise en sécurité, daté du 29 octobre dernier, a cette fois-ci ordonné l'évacuation et l'interdiction d'occuper l'ensemble de l'immeuble, y compris le commerce du rez-de-chaussée et la cave. 

Article écrit avec Elodie Pépin. 

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