Liliana Lalonde fait partie des 87 parties civiles constituées dans le procès des effondrements de la rue d'Aubagne. Son fils Julien est décédé le 5 novembre 2018, piégé dans son appartement.
"Je parle à tous ceux qui veulent bien m’entendre, pour qu’on épargne de nouvelles vies". Voilà six ans jour pour jour, son fils Julien perdait la vie dans les effondrements des numéros 65 et 63 de la rue d'Aubagne. Depuis, Liliana Lalonde n'a cessé de porter sa voix de mère endeuillée par le drame. Avec une motivation, "que ça ne recommence pas". Liliana a fait le déplacement depuis la Normandie, où elle réside avec son mari, et ne rentrera chez elle qu'à la fin du procès, prévu du 7 novembre au 18 décembre. "La mairie nous paie un hébergement avec petit déjeuner" précise-t-elle.
En attendant l'ouverture du procès, elle participe aux mobilisations et hommages organisés par le collectif du 5 novembre. "Ce n'est pas uniquement le procès des responsables de cette tragédie, c’est le procès de l’habitat indigne. Il y a beaucoup de personnes qui ne peuvent pas se loger dignement".
Grâce à cette tragédie, le problème est visible. Ça donne un sens à la mort à Julien.
Liliana Lalondemère d'une victime des effondrements de la rue d'Aubagne
Le 5 novembre 2018, peu avant neuf heures, le jeune homme qui vient de fêter ses trente ans est coincé dans son appartement du 65 de la rue d'Aubagne. La porte d'entrée ne s'ouvre plus. Il prévient par téléphone qu'il sera en retard à l'hôtel dans lequel il travaille.
Julien devait déménager
À 9h05, l'immeuble s'effondre. Julien n'y survivra pas, comme sept de ses voisins, piégés dans leurs logements. Liliana avait séjourné chez son fils, quelques jours auparavant. Elle l'avait supplié de déménager. "Je ne me sentais pas en sécurité, les murs tremblaient. Il m'avait promis de partir avant la fin du mois, il avait même trouvé une chambre en colocation."
L'immeuble avait été évacué une après-midi, suite à un arrêté de péril grave et imminent signé par la mairie, le 18 octobre 2018. "Ils ont eu l'occasion de les sauver, mais ils ne sont pas allés jusqu'au bout", regrette Liliana. "Julien me disait de ne pas m'inquiéter, que le propriétaire avait fait les travaux. Il avait confiance. On ne pouvait pas imaginer qu'en France, ça pourrait arriver".
Trouver de l'apaisement
De ce procès, Liliana espère mieux comprendre comment le 65 de la rue d'Aubagne a pu s'effondrer. "En plus de la douleur de la mort de Julien, il faut attendre que la justice désigne les coupables. Je vais être optimiste et me dire que justice sera faite. Ça m’apaisera et ça apaisera ma famille."
Elle demandera à prendre la parole en tant que partie civile, pour s'adresser aux 16 prévenus, au rang desquels un élu de la ville et les copropriétaires de l'immeuble. "J’ai besoin de parler devant ces personnes. S’ils ont un cœur humain, peut-être qu’ils entendront."