Emmanuel Macron a proposé mardi aux industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre, de doubler à 10 milliards d'euros l'aide publique pour leur décarbonation, s'ils doublent en échange leur effort en la matière. Parmi les sites concernés, six sont situés en région Provence-Alpes-Côte-d'Azur.
Comment concilier production industrielle et objectifs climatiques ? En pleine conférence mondiale sur le climat en Egypte, le chef de l'Etat a réuni à l'Elysée, ce mardi, les dirigeants des 50 sites les plus polluants de France. Ils représentent à eux seuls plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre du secteur, et 10% des émissions du pays.
Le bassin de Marseille-Fos est la deuxième zone la plus émettrice du pays, juste après le nord de la France, avec 10 millions de tonnes de CO2 émises chaque année.
Métallurgie, pétrochimie, cimenterie, gaz : en région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, six sites industriels particulièrement polluants étaient donc convoqués et invités à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre; l'un dans les Alpes-Maritimes et cinq dans les Bouches-du-Rhône, essentiellement autour de l'Etang de Berre, l'une des plus grandes zones industrielles de France.
- Le site métallurgique d'Arcelor Mittal à Fos-sur-mer (Bouches-du-Rhône)
- La raffinerie de Naphtachimie sur le site de Lavéra, à Martigues (Bouches-du-Rhône)
- Le site Air Liquide Hydrogène de Lavéra, à Martigues (Bouches-du-Rhône)
- L'usine chimique de l'Aubette, du groupe LyondellBasell, à Berre l'Etang (Bouches-du-Rhône)
- La cimenterie Lafarge de La Malle, à Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône)
- La cimenterie Vicat de Peille (Alpes-Maritimes)
A l'issue de la réunion, Emmanuel Macron a proposé aux industriels les plus émetteurs de CO2 de doubler à 10 milliards d'euros l'aide publique pour leur décarbonation, s'ils doublent en échange leur effort en la matière.
"Si des projets et des sites sont identifiés d’ici à 18 mois, si vous doublez vos efforts (..) nous doublerons les moyens consacrés à cet enjeu et passerons l'enveloppe de 5 à 10 milliards d'euros d'accompagnement", a déclaré le chef de l'Etat, annonçant vouloir baisser de 55% le volume d'émission des gaz à effet de serre d'ici 10 ans dans l'industrie.
Pour parvenir à cet effort, une planification à six mois, "filière par filière", va être établie par le gouvernement. Des "contrats de transition écologique" seront également signés, sur chaque site, pour graver dans le marbre les efforts promis.
La planification devra se faire "par technologie", a ensuite précisé le chef de l'Etat, en évoquant aussi bien l'hydrogène, qui sera utilisé notamment par la sidérurgie en remplacement du charbon, le développement de la biomasse pour remplacer le gaz, l'électrification des ports maritimes et fluviaux pour l'acheminement des marchandises, ou la capture et la réutilisation du co2.
"L'idée, c'est avant tout de travailler main dans la main avec les industriels. Fermer les usines n'est pas la solution", a notamment réagi Jean-Marc Zulesi, député de la 8ème circonscription des Bouches-du-Rhône, interrogé par LCP.
Du côté d'Arcelor Mittal, qui emploie plus de 2500 salariés sur son site de Fos-sur-mer, le groupe mentionne plusieurs projets en cours, qui vont dans ce sens et pour lesquels "le soutien de l'Etat est nécessaire". Sur le site de Fos-sur-mer, il s'agit notamment de la construction d'un "four poche" (un système qui permet de recycler l'acier qui est réintégré dans le processus de production), en cours, et celle d'un four à arc électrique, en préparation.
A l'échelle de la France, le groupe espère ainsi réduire ses émissions de CO2 de près de 40% d'ici 2030, soit 7,8 millions de tonnes.
En février dernier, quatorze riverains du golfe de Fos poursuivaient des industriels du bassin, dont Arcelor Mittal, pour "trouble anormal de voisinage", en raison d'atteintes liées à la pollution de l'air.
Par le passé, des études menées dans la région de l'Etang de Berre avaient également montré une surmortalité liée aux maladies respiratoires.
Avec AFP.