Quatorze riverains du golfe de Fos poursuivent des industriels du bassin pour "trouble anormal de voisinage". La première audience s'est tenue ce jeudi devant le tribunal judiciaire d'Aix-en-Provence. Sept autres sont prévues au cours de l'année.
Karine habitait à Fos-sur-Mer, à moins de trois kilomètres des usines et de leurs rejets polluants. Son dossier est le premier examiné ce jeudi devant le tribunal judiciaire d'Aix-en-Provence.
Au total, ils sont 14 riverains du Golfe de Fos à demander des comptes à trois industriels : Arcellor Mittal Méditerranée, Dépôts pétroliers de Fos et Esso Raffinage.
La jeune femme a déménagé dès qu'elle a eu sa mutation. "J'ai dû attendre 13 ans avant de partir pour quitter cette pollution, explique-t-elle, et ça a été des années d'angoisse à voir ces fumées et sentir ces odeurs régulièrement."
Même si elle ne vit plus sur place, elle espère que ce procès obligera les industriels à mieux filtrer la pollution qui s'échappent de leurs cheminées. "J'estime que c'est un devoir de citoyen de dénoncer cette pollution de l'air".
Karine a rejoint Daniel Moutet et son association de défense et protection du littoral du golfe de Fos (ADPLGF), qui porte cette action en justice. Ça fait 40 ans qu'il subit cette pollution au quotidien.
Sur son téléphone portable, Daniel Moutet montre une photo prise de chez lui pas plus tard que lundi, en plein après-midi. Une torche dégageant des fumées noires, à un jet de pierre de sa maison. "Ça ne devrait plus exister, c'est catastrophique", dit-il.
"Moi, je ne veux pas faire fermer les usines, ce qu'il faut c'est qu'ils prennent conscience de ce qui sort".
Daniel Moutet mène ce combat depuis 2002, il reconnaît que des progrès ont été faits, mais il attend plus. "Qu'ils prennent conscience qu'on existe et qu'on vit à côté des industries, jusqu'à présent ils s'en foutent".
Des études scientifiques ont démontré les risques sanitaires auxquels sont exposés les habitants.
"Quand on habite à Fos-sur-Mer et qu'on est exposé à tous ces polluants, il faut savoir qu'on a trois fois plus de risques, notamment pour une femme de développer un cancer, on a deux fois plus de risques d'être porteur d'un diabète", souligne maître Julie Andreu, l'avocate des plaignants.
On ne vit pas de la même manière quand on vit à Fos, on vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête.
Me Julie Andreu, avocate des plaignants
Les riverains dénoncent des nuisances exacerbées, un non-respect de la règlementation et des incidents à répétition. A l'audience, la défense d'Arcellor Mittal a assuré que l'usine est en parfaite conformité.
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 7 avril prochain. Sept autres audiences sont prévues au cours de l'année.