Pénurie de médicaments : les malades chroniques sont les premières victimes en Paca

Plus de 600 médicaments ont été en rupture de stock en 2018. Ces médicaments, très largement prescrits pour des maladies chroniques, sont fabriqués en Asie et en Inde. Le conseil de l'ordre des pharmaciens Paca-Corse plaide pour un retour de la fabrication en France.

En 2018, plus de 600 médicaments ont été en rupture de stock en France, dix fois plus qu'il y a dix ans. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, malgré la proximité de l'Italie, la pénurie est la même. Toute l'Europe est touchée par ce phénomène.

"Ce sont principalement des médicaments que nous connaissons depuis longtemps et qui sont très largement prescrits" explique Stéphane Pichon, président du conseil de l'ordre des pharmaciens pour la région Paca-Corse. Il précise que "les premières victimes sont les patients atteints de maladies chroniques".

En France, il estime qu'il n'y a pas de véritable risque vital pour les malades, parce que "l'étendue des médicaments est très importante", mais il reconnaît que les substituts sont certes efficaces, mais il faut se réhabituer, avec souvent des dosages différents et il faut parfois retourner voir son médecin pour avoir un nouveau traitement. 

"Les médecins ne savent pas quels sont les médicaments en rupture de stocks et les malades font le va-et-vient entre la pharmacie et le médecin pendant plusieurs jours" explique le président de l'ordre des pharmaciens.

Il y a plus grave, la pénurie des médicaments dits d'intérêt thérapeutique majeur (MITM). Ces produits ne disposent pas d'alternative et une rupture de stocks, donc une interruption de traitement, peut mettre en jeu le pronostic vital du malade.

C'est un problème majeur de santé publique, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) s'en inquiète, ainsi que l'académie de pharmacie, qui a produit un rapport à ce sujet en juin 2018.

Les hôpitaux aussi souffrent de pénurie

Le père de Virgine est hospitalisé pour un cancer, à Marseille, "ils ont retardé le traitement de chimiothérapie parce qu'ils n'avaient plus le médicament nécessaire". Elle craint que les chances de rémission soient remises en cause.

Les médicaments anti-cancéreux, anti-infectieux et les corticoïdes sont les plus touchés par la pénurie. Il existe bien des médicaments de substitution, mais avec une toxicité plus forte et des effets secondaires, plus importants.

On est à un stade de "guerre pharmaceutique"

Stéphane Pichon n'hésite pas avec les superlatifs : "on est à un stade de guerre pharmaceutique". Il explique qu'"on est trop dépendant de la mondialisation, 90 % de la matière première des produits pharmaceutiques sont fabriquées en asie et en Inde". 

Il ajoute qu'autrefois, la France était très bien placée, "on exportait nos médicaments à l'étranger, aujourd'hui, c'est l'inverse. Il faudrait pouvoir relancer la production en France".

Plus de transparence et meilleure gestion du circuit du médicament

Ce matin, pour lutter contre la pénurie de médicaments, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a dévoilé ses grandes orientations avant d'annoncer un plan définitif en septembre. Elle affirme que "plus d'un Français sur quatre a connu des difficultés pour acheter un médicament courant".

La ministre préconise plus de transparence, un meilleur partage de l'information et une meilleure gestion du circuit du médicament, du fabricant jusqu'à la pharmacie.

"Plus de transparence, mais c'est l'omerta" répond le président de l'ordre des pharmaciens Paca-Corse, "on ne sait absolument pas pourquoi il y a ces ruptures de stocks, est-ce un problème financier, de rentabilité ? Ou est-ce un problème de réglementation, de norme de fabrication ? On ne sait rien".

En février, le secteur pharmaceutique a publié un "plan d'actions" pour tenter de trouver des solutions à ce problème qui ternit son image.

Ce plan propose notamment de définir un ensemble de "médicaments d'intérêt sanitaire et stratégique" pour lesquels des mesures de gestion de pénurie (stocks de sécurité mobilisables, suivi plus précoce des stocks, etc.) devraient être renforcées.
           
Cette recommandation figurait également dans un rapport du Sénat sur le sujet, publié en octobre 2018.
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