Permis de conduire à 17 ans : "la prise de risque n'est pas la même"

L'idée du permis de conduire à 17 ans pourrait être annoncée par Elisabeth Borne la semaine prochaine. Pour certains responsables de la sécurité routière de la région, les jeunes n'ont pas la maturité nécessaire. Pour d'autres, cette mesure leur permettrait d'être plus mobiles.

Selon une information de Franceinfo, le gouvernement envisagerait d'abaisser l'âge minimum du permis de conduire à 17 ans. Les dernières expertises juridiques seraient en cours pour valider cette évolution du permis de conduire. La Première ministre, Elisabeth Borne, pourrait annoncer cette nouvelle mesure le 21 juin, lors de la présentation du plan pour la jeunesse du gouvernement issu du Conseil national de la refondation dédié à la jeunesse.

Entre auto-écoles et responsables de la sécurité routière, les avis sont partagés. France 3 Provence-Alpes est allée recueillir leurs réactions.

Une maturité insuffisante

Ce que reprochent particulièrement ces professionnels du secteur est le manque de maturité des adolescents de 17 ans lorsqu'il s'agit du permis de conduire.

"Les jeunes à 17 ans, sont-ils vraiment disponibles pour ça ? Leur cerveau est en construction, ils apprennent à se connaître. La prise de risque n'est pas la même, car leur cerveau est en construction", assure Valérie Dijon, commandante de police à la retraite, qui intervient désormais en milieu scolaire aux côtés d'association de sécurité routière.

Emmanuel Cilly, un enseignant de conduite indépendant dans les Bouches-du-Rhône, considère que le taux de mortalité va s'accroître chez les jeunes. "À 17 ans, ils sont un peu foufous. Ils font n'importe quoi. On a déjà du mal à tenir les élèves de 18-19 ans."

En France, ce sont d'ailleurs les 18-24 ans qui comptent parmi les plus à risque lors des accidents de la route, selon l'observatoire national interministériel de la sécurité routière. 552 personnes de cette tranche d'âge sont décédées en 2022. Les 55-64 ans sont moins nombreux à avoir perdu la vie sur les routes, à hauteur de 390 personnes.

Manque d'inspecteurs et d'enseignants

Pour Emmanuel Cilly, cette nouvelle mesure ne peut fonctionner que si le gouvernement augmente le nombre d'inspecteurs. "La liste d'attente va être plus longue. Les élèves attendent déjà pour l'instant 3-4 mois avant de pouvoir passer l'examen au permis de conduire." Le moniteur considère que recruter des inspecteurs une fois par an n'est pas suffisant.

Et puis, il regrette que les auto-écoles n'aient pas été consultées sur ce sujet. "On nous pond des lois, c'est à nous de nous adapter à ce que le gouvernement décide de mettre en place."

Des jeunes plus mobiles

Emmanuel Macron souhaiterait parvenir à un million d'apprentis par an d'ici à 2027. Baisser la limite d'âge pour la conduite pourrait donc permettre à ces jeunes d'être davantage "mobiles pour travailler ou aller à l'école", selon Renan Le Boulaire, fondateur de l'auto-école La Bonne allure.

Pour le professionnel de la route d'ailleurs, un an de plus ne change pas grand-chose. "18 ans, c'est une norme arbitraire qui a été fixée. Pourquoi on ne pourrait pas le passer à 17 ans au lieu de 18 ?"

Plus de sécurité et de sensibilisation

Il serait préférable pour Renan Le Boulaire de laisser ces jeunes "conduire dans un véhicule sécurisant, plutôt que dans un cyclomoteur ou une voiture sans permis".

"Sensibiliser sur la sécurité routière et le code de la route" est aussi l'un des avantages de l'abaissement de la limite d'âge, selon Emmanuel Cilly.

Une mesure qui marche ailleurs

Conduire à 17 ans est déjà possible en Europe, comme au Royaume-Uni, en Irlande ou en Slovaquie. Aux Etats-Unis, l'âge minimum est de 16 ans.

Les Républicains ont d'ailleurs déposé une proposition de loi en mai pour abaisser la limite d'âge à 16 ans, et non pas seulement à 17 ans.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité