Plan vélo 2023 : les associations de Paca dénoncent un "manque de volonté politique"

Ce mardi 20 septembre, le gouvernement a annoncé la création d'une nouveau plan vélo de 250 millions d'euros pour aider les communes à développer les pistes cyclables et les parkings sécurisés. Mais les associations régionales craignent que cela ne change rien.

Le gouvernement augmente sa cadence. Mardi, Élisabeth Borne officialisait la création d’une enveloppe de 250 millions d'euros pour l'année 2023. L’objectif de ce nouveau budget est de développer les pistes cyclables et les parkings sécurisés afin "de démontrer que le vélo peut aussi être un mode de déplacement dans les territoires ruraux", nouvelles cibles du gouvernement. 

Pourtant, dans certaines grandes villes, circuler sur sa "petite reine" reste encore compliqué, voire parfois dangereux si l’on en croit le baromètre 2021 de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB). Pour établir ce classement pluriannuel, la FUB a sondé 277 384 cyclistes sur cinq thématiques : le ressenti général, la sécurité, le confort, les efforts de la commune, le stationnement et services vélo. A parti des réponses données, une note sur 6 est calculée pour chaque commune.

Les réponses recueillies permettent ainsi de dresser un état des lieux des besoins et des attentes des usagers. Et autant dire qu’au vu des réponses récoltées, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a du mal à leur tendre l’oreille. 

La région Paca reste celle où il y a sans doute le plus de choses à faire en termes de vélo

Cyril Pimentel, coordinateur de l’association marseillaise Vélos en Ville et administrateur de la FUB. 

Sur la cartographie de la FUB permettant une visualisation territoriale des résultats, les couleurs parlent d’elles-mêmes. Du rouge et de l'orange couvrent majoritairement les communes de la région. Des teintes qui traduisent respectivement une moyenne très défavorable à défavorable. 

Zoom sur certaines de ces communes qui continuent à pédaler.

Le bonnet d'âne pour Marseille

"Sur la carte du baromètre, on voit bien que Marseille et Toulon sont au fond du trou, assène Cyril Pimentel de l’association Vélos en Ville. Dès qu'il faut être premier on est les derniers, et quand il faut être les derniers, on est les premiers". Dans le classement de la FUB comparant 38 grandes villes, Marseille occupe en effet la dernière place.

La moyenne des 2 745 contributions réunies par la fédération lui octroie la note de 2,01/6 soit très défavorable selon leur grille de notation. Son plus gros point faible : la sécurité. À la question "En général, quand je circule à vélo dans ma commune, je me sens…", les sondés ont répondu "en danger".

Pour Cyril Pimentel, ce sentiment d’insécurité est provoqué par la forte présence de la voiture qui occupe encore une place trop importante dans la métropole. "C’est la voiture qui est dangereuse pour le vélo" estime le marseillais qui propose de "réduire le nombre de voies, de voitures et d’abaisser les vitesses" pour y remédier.

Des idées qui ne sont pas éligibles au plan vélo, réservé aux financements qui "des aménagements cyclables, aux ruptures de continuité ou encore aux stationnements de vélos". Et même pour ces chantiers-là, "les élus ne se saisissent pas de ces enveloppes" s’emporte le marseillais. Signe selon lui d’un "manque de volonté politique et de moyens humains".

"Ce qu’on demande aujourd’hui, c’est qu’ils aillent chercher cet argent là pour réaliser des aménagements cyclables et des stationnements de vélo. Parce qu’ici, on est champion pour ne rien faire avec l’argent public", martèle Cyril Pimentel.

Antibes, des efforts qui ne suffisent pas

Manque de pistes et de bandes cyclables, circulation dangereuse, trajets mal pensés… Tels sont les problèmes récurrents qui tirent Antibes dans l'orange du baromètre de la FUB, soit une note de 2,32/6, jugée "défavorable". Hormis sur les axes nord-sud et est-ouest, les cyclistes antibois rencontreraient des difficultés pour circuler en toute sécurité.

Ici, les élus commencent à prendre conscience des enjeux qui se cachent derrière le vélo, mais ils réalisent mal les rénovations ou les aménagements cyclables. On manque cruellement d'aménagements continus, sans rupture en plein milieu, et qui mettent clairement les cyclistes en danger.

David Renaud, de l’association Choisir le vélo

"Il manque des morceaux sur Antibes qui sont encore en discussion. Mais il faut rappeler que c’est une ville dont l’urbanisation date d’avant l’avènement du vélo" défend Olivier Darcq, directeur de la communication de la ville d’Antibes Juan-les-Pins, face à cette remarque.

David Renaud l’avoue : le département fait beaucoup d’efforts pour remédier à ses problèmes, en prévoyant notamment un plan vélo de 65 millions d’euros pour développer des infrastructures clés d’ici 2028.

Une volonté qui ne suffit pas à compenser un manque de connaissances du terrain et de ses dangers. Le cycliste rapporte des problèmes de conceptions venant des élus, qui "au lieu d’avoir des aménagements dédiés séparés des véhicules motorisés, préfèrent tracer des voies vertes sur les trottoirs". Une fausse bonne solution qui mettrait en danger les piétons et les cyclistes, d’après lui.

Alors avant de financer ces projets, l’association souhaiterait que les élus locaux prennent en charge des études nécessaires avec des personnes qualifiées. "Ici, on a beaucoup d’élus de droite qui ont encore du mal à réaliser ce besoin", glisse-t-il.

A Nice, des pistes cyclables qui ne sont pas sécurisées

Un peu mieux du côté de Nice, 31e au classement avec une note de 2,6/6. Il faut dire que Nice possède un avantage en cumulant près de 90 km de pistes cyclables. Mais cela ne suffit pas pour les cyclistes niçois qui demandent plus de bandes cyclables, ces voies séparées et exclusivement réservées aux vélos et qui par conséquent, sont plus sûres. 

"Les bandes cyclables permettent également de limiter les stationnements gênants", ajoute Daniel Sottile, membre de l’association Nice à vélo. Car selon ce dernier, c’est l’un des plus gros problèmes rencontrés par les amateurs de vélos à Nice.

"Les cyclistes en ont vraiment marre. Quand on se rend au travail le matin, on doit s’arrêter tous les 500 mètres à cause des voitures de livreurs stationnées en plein milieu des pistes", souffle le représentant de l’association niçoise, qui regrette également le manque d'espaces de stationnement dédiés pour stocker sereinement son deux-roues. Le gouvernement a d'ailleurs prévu dans son enveloppe 50 millions d'euros à cet égard.

Un système plus incitatif ?

Pour rattraper le retard de la région en termes d’aménagements et de dispositifs permettant de généraliser la pratique du vélo, Cyril Pimentel estime qu’il faudrait que les budgets réservées pour ces chantiers s’inscrivent dans un système plus incitatif.

Il faudrait faire en sorte que l’argent réservé par l’Etat soit convenablement réparti au niveau national et qu’il aille prioritairement à des territoires qui sont sous-développés en termes de voies et d'aménagements cyclables

David Pimentel, administrateur de la FUB

"Aujourd’hui le gros problème, c'est l'énorme différence entre Nice, Marseille et les autres villes en France. Il y a 10, 15 ans, on parlait déjà du retard de Marseille. Aujourd’hui l’écart, c’est encore plus creusé et il va être difficile de le rattraper", s'indigne-t-il.

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