Six ans après la découverte d'une fuite au chrome VI dans les nappes phréatiques, des analyses montrent encore des taux de pollution, 500 fois supérieur aux normes. La zone polluée concerne 9.000 foyers, dans le 15e arrondissement de Marseille.
Ils arrosaient leurs potagers et remplissaient leurs piscines avec une eau polluée depuis des années.
9.000 habitants d'un quartier de Marseille ont été informés par la mairie six ansa près le début de cette pollution au chrome VI, alors même que dès 2014, l'entreprise responsable avait été condamnée par la justice.
Le chrome VI ou chrome Hexavalent est un produit extrêmement toxique et cancérogène. Des quantités, très au-dessus de la normale, ont été retrouvées dans les eaux des nappes phréatiques, situées dans le quartier Saint-Louis, dans le 15e arrondissement de Marseille.
L'enquête publique s'est terminée le 7 février, et désormais les habitants sont dans l'attente des conclusions du commissaire enquêteur.
"Nous trouvons que l'information des riverains n'est pas suffisante, notamment sur les risques pour la santé", affirme Isabelle Dor, de l'association France Nature Environnement (FNE) qui a pris le dossier en main depuis plusieurs années.
Tout a commencé en 2013, lors de travaux dans le tunnel ferroviaire de Soulat, les ouvriers ont découvert d'importantes infiltrations d'eau colorée. Les analyses de cette eau ont révélé des taux de 127 mg/l de chrome VI, soit des taux 1.200 fois supérieur aux normes (0,1 mg/l).
L'usine Protec Métaux d'Arenc responsable de la pollution
Les investigations ont conduit les enquêteurs 400 mètres plus haut, à l'usine Protec Métaux d'Arenc (PMA). L'entreprise utilise le chrome VI dans le cadre d'un revêtement de surface de pièces métalliques, notamment pour l'aéronautique.Le chrome VI renforce la solidité de pièces et la résistance à la corrosion. L'origine de la pollution serait due à la fuite d'une cuve enterrée de l'usine.
En 2014, à la suite d'une plainte de la DREAL, l'entreprise est reconnue coupable et condamnée à une amende. La même année, une lettre a été adressée par le préfet à la mairie pour prendre un arrêté d'interdiction d'usage de l'eau de nappes souterraines.
Dans ce périmètre, on retrouve entre autre, le lycée Saint-Exupéry et l'école maternelle Saint-Louis-Consolat.Si la fuite a été réparée, les analyses, réalisées en 2017, ont encore montré des taux de chrome VI entre 40 et 50 mg/l, soit 500 fois supérieur aux normes.
Selon le principe du pollueur-payeur, l'usine PMA est dans l'obligation de répondre aux inquiétudes des habitants. "Aujourd'hui, lorsque les riverains nous appellent, nous nous rendons sur place pour réaliser des mesures, pour savoir s'il y a ou non du chrome 6", explique Eric Bonnans, PDG de Protec Métaux d'Arenc.
Dans le cadre de l'enquête publique, les associations Cap au Nord et France Nature Environnement réclament la mise en place d'une enquête épidémiologique et le maintien de la surveillance de la pollution.
Elles souhaitent également que les résultats soient régulièrement communiqués aux associations et aux habitants et que les possibilités de dépollution soient étudiées.
Le chrome VI, un dangereux polluant
Le chrome VI ou chrome hexavalent est le 6e état d'oxydation du chrome. Le chrome VI est utilisé essentiellement dans l'industrie, notamment pour le tannage du cuir ou le traitement des surfaces métalliques.C'est surtout un produit extrêmement toxique, considéré comme cancérogène, mutagènes, c'est-à-dire capable d'entraîner des mutations génétiques). Il est peux également toxique pour la reproduction, pouvant amener entre autres à des problèmes de stérilité.
Parmi les manifestations cliniques, le chrome VI peut provoquer :
- troubles de l'estomac et ulcères;
- problèmes respiratoires;
- système immunitaire affaibli;
- dommage au foie et aux reins;
- altération du matériel génétique;
- cancer du poumon;
- le décès.