Deux journalistes de Marsactu ont mis la main sur des documents confidentiels attestant que l’industriel pollue en connaissance de cause.
Elles ont pu accéder à un rapport interne accablant pour ArcelorMittal : deux journalistes du site d'information Marsactu publient ce vendredi 10 mars une enquête exposant les agissements du géant de l'acier dans son usine de Fos-sur-Mer. " ArcelorMittal dépasse les seuils de pollution 240 jours par an malgré les millions de l'Etat", une révélation étayée par des documents confidentiels que les journalistes ont pu se procurer.
Deux articles mettent en avant les excès de pollution récents et les généreuses aides publiques mais également les failles du système d’autocontrôle des industriels. Cette enquête réalisée en partenariat avec Disclose et le média italien IrpiMédia s'intéresse à ArcelorMittal pour être "le champion de la pollution" dans le département des Bouches-du-Rhône. L'industriel accumule les condamnations sur ses nombreux sites en France et reconnaissait déjà en 2019 des dépassements occasionnels dans son usine de Fos-sur-Mer.
Mais en 2022, l’industriel n’est toujours pas aux normes, souligne le journal marseillais. Et ce malgré " des travaux de rénovation et des millions d’euros d’aides publiques reçus, ses rejets de particules fines ont dépassé les seuils pendant les deux tiers de l’année".
Un rapport interne et des témoignages
Co-auteure de cette enquête, Nina Hubinet est aussi documentariste. Elle avait signé en 2019 un film, diffusé sur France 3, intitulé "Fos, les fumées du silence" et travaille depuis de nombreuses années sur cette question. "Pour cette enquête, nous avons obtenu les relevés internes d'ArcelorMittal sur ses dépassements de pollution sur chaque unité du site."
La journaliste s'explique : "c'est sur la chaine d'agglomération que les rejets de particules fines sont supérieurs aux seuils 240 jours par an. A la cokerie apparait un dépassement au dioxyde d'azote et il y aussi un gros problème sur les émissions diffuses, que nous avons pu mettre en évidence grâce à des témoignages d'anciens salariés".
Dans cette enquête, on peut également lire qu'AcelorMittal dément d'éventuelles accusations de falsifications de documents, contrairement à ce que dénoncent des ex-salariés du site de Fos-sur-Mer.
Une question de santé et d'argent publics
La rédaction de Marscatu a décidé de mettre ses articles en libre accès, afin que ces informations soient portées à la connaissance du plus grand nombre, "car il est question de santé publique et d'argent public, au travers des larges aides et crédits d'impôts accordés par l'Etat et l'Europe à ArcelorMittal".
A travers son travail, Nina Hubinet espère "une prise en compte, de la part des industriels de l'Etang de Berre, de l'impact environnemental et des conséquences de leur activité sur la santé des salariés et des riverains. En espérant plus de vigilance de l'Etat dans le système de contrôle des industries polluantes ".