La fondation Abbé Pierre alerte sur la précarité énergétique qui touche de plus en plus de foyers modestes dans les quartiers populaires.
Passoires thermiques l'hiver, bouilloires l'été, la précarité énergétique touche de nombreux foyers et la Fondation Abbé Pierre estime cette seconde catégorie encore trop négligée par les pouvoirs publics, dans une étude publiée lundi alors que le président Macron consacre au logement sa 3e journée de visite à Marseille ce mercredi 28 juin
C'est un enjeu de santé publique d'autant plus sensible avec le réchauffement climatique, qui augmente la fréquence et l'intensité des vagues de chaleur. L'ampleur du problème n'est pas connue précisément, mais pour Sébastien Barles, adjoint au maire en charge de la transition écologique, la deuxième ville de France est en première ligne. Marseille qui a enregistré un record de chaleur avec 38 degrés en ce mois de juin, du jamais vu depuis 1935.
France 3 Provence-Alpes à poser quatre questions à Francis Vernède, directeur de l'agence régionale Paca de la Fondation Abbé Pierre.
Est-ce que c'est du mal-logement ?
"Ça s'intègre complètement dans la thématique du mal-logement, estime Francis Vernède au micro de de nos journalistes Michel Aliaga et Alban Poitevin. En hiver on en parle beaucoup, on parle des passoires thermiques, et dans l'angle mort des pouvoirs publics il y a ce que nous appelons les "bouillloires énergétiques", c'est-à-dire que le logement dépasse les 28,30,35 degrés parfois plus pendant l'été. C'est une situation qui dure sur plusieurs jours, parfois plusieurs semaines."
Quelles sont les répercussions pour la santé ?
"C'est à peine le début de l'été, alors que d'un point de vue météo on a l'impression que ça a commencé depuis plusieurs semaines. A Marseille en particulier et en général en Paca, ça devient compliqué pour beaucoup de personnes de dormir correctement la nuit parce qu'il fait trop chaud. Et on le sait grâce à l'étude de la fondation qu'un logement mal isolé c'est dommageable pour le sommeil, les conditions de vie et pour la santé."
Pourquoi la situation s'aggrave-t-elle ?
"On se souvient tous de 2003 et de l'été qui avait été dramatique pour bon nombre de Français (NDLR : 15 000 décès liés à la canicule d'août 2003). Là, ce qu'on voit c'est que la météo est en train de changer, les conditions météo ne sont plus les mêmes, on a des augmentations de témpératures, qui sont élevées et sont en avance sur les saisons.
Et ces bâtis n'ont pas été pensés pour ces températures, ce n'était pas prévisible à priori, et dans les rénovations qui sont proposées aujourd'hui et notamment celles qui sont soutenues par l'Etat, rien n'est prévu pour l'été, les températures maximales ne sont pas prises en compte.
Le DPE qui permet de classer de façon énergétique son logement n'a aucun regard coercitif sur la question de l'isolation face à la chaleur ou un logement qui est une vraie bouilloire l'été, ça n'a aucun impact sur la notation DPE."
Quelles sont les solutions ?
"Beaucoup de villes du sud sont mal pensées de ce point de vue-là, on manque de végétalisation qui , on le sait, permettent d'atténuer la chaleur, la façon qu'on a d'isoler les combles ou de végétaliser les toitures n'est pas faite alors que ça peut avoir un impact.
On a tout un ensemble de "mauvaises pratiques" en matière d'isolation en période estivale. Les solutions, c'est que les pouvoirs publics prennent la mesure de cette question, qui est une question de santé publique, on a beaucoup trop de familles qui en souffrent.
Il faut penser les rénovations en envisageant que l'été aussi est une période de difficultés pour les personnes, il y a des très solutions très simples : poser des volets, végétaliser, peindre son toit en blanc. Le revêtement blanc peut faire baisser de plusieurs degrés la température d'un logement. Des opérations comme ça ne viennent pas consommer à l'inverse d'une climatisation l'énergie qui part ailleurs."