A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, le collectif Démocratie Ouverte organise une assemblée à Marseille, samedi 2 avril. Le but : donner la parole aux citoyens pour penser de nouvelles règles démocratiques.
"Les citoyens ont l'impression qu'on ne peut plus avoir confiance dans les élus".
C'est ce qui ressort des assemblées citoyennes organisées par le collectif Démocratie Ouverte. Après Paris, Lyon, Annecy, c'est à Marseille que le collectif prend ses quartiers samedi 2 avril.
"En ce moment, le sujet n°1 qui ressort, c'est l'affaire McKinsey, les lobbys, la peur de la corruption, l'exemplarité des élus", explique Armel Le Coz, 37 ans, co-fondateur de Démocratie Ouverte.
"L'idée c'est de partir de ces révoltes individuelles, détaille Armel Le Coz. Pour faire émerger les propositions concrètes face à l'urgence du renouveau démocratique". Par exemple : penser des solutions pour encadrer les lobbys, punir plus les politiques pris la main de le sac de corruption.
N'importe quel Marseillais peut s'inscrire à cette Assemblée, qui se tient de 9h30 à 18h au centre municipal d'animation des Chartreux (4e). L'entrée est gratuite. Au cours de la journée, plusieurs activités sont organisées, pour parler de politique de façon ludique.
"On représente le fonctionnement de notre système politique avec un jeu. Les cartes sur la table sont les acteurs représentés, sénat, lobby, le Président, les pouvoirs médiatiques… On s’amuse à les repositionner les acteurs les uns par rapport aux autres, voir qui a le plus de pouvoir".
Suite à quoi les citoyens réfléchissent aux causes, "ce qui fait qu'on est dans ce système-là. Par exemple, la manière dont on élit le président de la République".
L'après-midi est consacrée aux solutions. Des petites équipes se constituent et réfléchissent à de nouvelles façons de penser la démocratie.
Par la suite, le collectif Démocratie Ouverte récupère ces solutions pour les proposer à l'échelle locale à la mairie, aux collectivités. Autre objectif : nourrir la tenue d’une convention citoyenne de la démocratie à l’échelon national.
Se détacher des programmes politiques
Le collectif se dit trans-partisan et des citoyens de n'importe quel bord politique peuvent participer. "Ce qui est bien, c'est parler de politique sans se taper dessus, dans une ambiance festive, décrit Armel Le Coz. Je suis à chaque fois impressionné de la qualité de ce qui ressort".
"On ne parle pas du tout des candidats en tant que tel. Ce n'est pas l’idée de creuser le programme de chacun. On est sur quelque chose de très pratico-pratique. On parle des solutions".
Les profils des personnes inscrites aux précédentes assemblées sont variés. "Certains sont engagés dans des associations, mais on essaye d’aller chercher des personnes très éloignées de ces sujets-là. Il y aussi des jeunes, des collégiens, des moins jeunes", décrit le co-fondateur.
Des ONG se réunissent pour la démocratie
Une coalition, portée par l'association Démocratie Ouverte a lancé la campagne ‘Faire gagner la démocratie'.
L'objectif : remettre la démocratie au cœur des Présidentielles 2022. "A l'heure où la guerre en Ukraine vient bouleverser la campagne électorale française, les démocraties européennes et internationales sont défaillantes". C'est dans ce cadre que se tiennent les Assemblées démocratiques.
Cette coalition réunit plus de 250 ONG, des chercheurs et des citoyens. Six mesures "urgentes" ont été listées au sein d’un appelé "Pacte Démocratique". La coalition a appelé les candidats à signer ce pacte, et à s'engager à mettre en œuvre ces mesures dans les 100 premiers jours de leur mandat :
Parmi les mesures : former les jeunes aux pratiques démocratiques pour préparer des citoyens éclairés et engagés, lutter contre l’abstention et revoir notre manière de voter ou encore empêcher une trop grande influence des lobbies pour faire primer l’intérêt général sur les intérêts privés.
Bientôt une convention citoyenne sur la démocratie ?
C'est l'une des six mesures du pacte démocratique : organiser une Convention Citoyenne pour la Démocratie. Cette convention serait suivie d’un référendum et articulée à un grand débat national, "impliquant la société civile organisée et les grandes organisations politiques du pays".
"On essaye de l'obtenir par le gouvernement. Sinon, on réfléchit à l'auto-organiser. Mais ça ne sera pas les mêmes moyens", commente Armel Le Coz.
"Pour l'instant, Yannick Jadot s'est engagé, tout comme Anne Hidalgo. Jean-Luc Mélenchon n'a pas signé mais l'un de ses représentants a expliqué que les mesures de son programme allaient dans le même sens. Nathalie Artaud n'a pas signé". Et les autres candidats ? "Pas de réponse", regrette le fondateur du collectif Démocratie Ouverte.
Gilets jaunes : la prise de conscience
Armel Le Coz a créé le collectif Démocratie Ouverte il y a 10 ans.
Son déclic : la présidentielle de 2012 : "Je ne savais pas pour qui voter, j'avais zéro engagement politique dans mon parcours normal de jeune, de citoyen", se rappelle-t-il.
"Je me rendais compte qu'on était engoncé dans les dorures de la République, que la manière dont on vote n'avait pas évolué. Mais quand on creuse, il y a plein de solutions mais les porteurs de solution ont du mal à se faire connaître, à se faire financer".
Pour lui, la première prise de conscience du pouvoir des citoyens dans la démocratie, date du mouvement des Gilets jaunes, la demande du référendum d'initiative citoyenne (RIC), et l'organisation du grand débat national.
Le collectif Démocratie Ouverte est à l'origine de la Convention citoyenne pour le climat : six week-ends d'octobre 2019 à janvier 2020 avec mise en place d'assemblées citoyennes tirées au sort.
"La loi est en dessous de ce que les citoyens avaient imaginé", regrette Armel Le Coz. Mais le processus, le tirage au sort des citoyens, les faire débattre... On l’a testé et validé".
Ils espèrent faire la même chose pour la démocratie, en mieux. Les Assemblées Démocratiques, comme celle prévue samedi 2 avril à Marseille, sont une première étape. "En une journée, on vit en miniature les conventions citoyennes sur plusieurs mois".