Alors que la grève se prolonge chez TotalEnergies et Esso, certaines stations encore alimentées en carburant ont largement augmenté leurs prix. Un comportement condamné par Olivier Véran.
Tandis que de nombreuses stations sont à sec dans la région, les stations-service encore ouvertes font grimper les prix de l'or noir. Les automobilistes, obligés de faire le plein pour se rendre au travail quitte à patienter des heures la nuit, en payent la facture.
Lundi 10 octobre, la station 88 boulevard Notre-Dame à Marseille affichait le litre de gazole à 2,599 euros, 2,299 euros pour le litre de SP95 et 1,899 euros le litre de SP98, selon le site prix-carburants.gouv.fr.
Dans une autre station, le prix du gasoil est à 2,08 euros le litre, soit 30 centimes de plus en une semaine. "Quand une station a la chance d'avoir du carburant, évidemment elle en profite", un directeur administratif indépendant interviewé par notre reporter sur le terrain, Camille Bosshardt, lundi matin. Ce dernier a pu trouver de l'essence grâce à une application.
Route des Saintes-Maries-de-la-Mer, la station L'Albaronnaise affichait, selon un automobiliste, 3 euros le litre de SP95 dimanche 9 octobre.
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Ce mardi 11 octobre, l'essence est en rupture dans la même station, et le diesel est affiché à 2 euros 30.
+7 centimes en une semaines pour le SP98
Après plusieurs semaines de baisse, les prix des carburants ont bondi au niveau national en ce début du mois d’octobre. Selon les chiffres de l’indicateur gouvernemental qui suit l’évolution des prix, le gazole se vend notamment en moyenne à plus d’1,80 euros le litre, soit près de 11 centimes de hausse en une semaine, du 30 septembre au 7 octobre.
Quant à l'essence, entre le 30 septembre et le 7 octobre, le Super SP98 est passé de 1,62 euro le litre à 1,68. Augmentation également pour le Super SP95-E10, passé de de 1,52 à 1,59, +7 centimes le litre en une semaine.
Retrouvez ci-dessous la carte des prix des carburants en temps réel :
Invité sur RTL ce mardi matin, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a jugé anormal que "quelques profiteurs de grève" aient fait bondir "les prix de l'essence à la pompe" dans certaines stations.
Le gouvernement menace d'intervenir
Le gouvernement a appelé mardi à la levée "sans délai" des blocages des dépôts de carburants, en menaçant d'"intervenir" pour les débloquer, a déclaré Olivier Véran.
"Nous mettons tout en œuvre pour que cette situation s'arrête", a-t-il ajouté au lendemain d'une réunion d'urgence à Matignon, en évoquant la possibilité de procéder à des réquisitions ou de rouvrir les accès aux dépôts.
"Le gouvernement appelle à ce que la totalité des blocages soient levés sans délai. Sans quoi, nous prendrons nos responsabilités, c'est-à-dire que nous pourrions être amenés à les lever", a-t-il dit.
Olivier Véran a fait la différence entre la situation à Exxon, où "il n'y a plus aucune raison qu'il y ait le moindre blocage" après l'accord entre la direction et les syndicats lundi, et à TotalEnergies, où "la CGT continue à appeler à bloquer", ce que "nous considérons excessif et anormal".
"La direction de Total a raison de demander la levée des blocages avant de discuter", selon lui.
Si la situation ne s'améliorait pas "très vite", le gouvernement pourrait "débloquer, rouvrir l'accès aux centres de dépôt et aux raffineries, et ensuite réquisitionner le personnel adéquat pour pouvoir permettre à la situation de se normaliser", a expliqué Olivier Véran.
Il a estimé que retrouver "un fonctionnement normal" dans les régions les plus touchées allait "prendre quelques jours", et assuré que "ce sera le cas dans les 15 jours", soit avant les congés de la Toussaint.
Prolongation de la ristourne sur le litre de carburant ?
Le gouvernement "discute avec Total en vue qu'il puisse y avoir une prolongation sur quelques jours de la ristourne" mise en place par le groupe, selon le porte-parole.
"Les jours de blocage d'accès au carburant que l'on est en train de vivre aboutiront aussi à des prolongements - c'est ce que nous demandons à Total - des ristournes", a confirmé son collègue chargé des Transports, Clément Beaune, sur RMC.
Cette ristourne de 20 centimes le litre consentie par l'énergéticien était censée prendre fin le 1er novembre.
En revanche, concernant la ristourne de l'Etat, qui doit passer de 30 à 10 centimes à la même date, M. Beaune a affirmé que "pour l'instant on garde notre calendrier".
"Il faut qu'on trouve notre équilibre entre le pouvoir d'achat - c'est évidemment la priorité -, la transition écologique, il ne faut quand même pas perdre le cap, et les finances publiques parce qu'évidemment tout cela est payé par quelqu'un, le contribuable", a encore indiqué M. Beaune.
