"De mémoire de policier, je n'ai jamais vu ça" : quatre questions sur la flambée de fusillades meurtrières qui touche Marseille

13 personnes sont mortes à Marseille depuis le début de l'année dans des homicides en lien avec les trafics de drogue.

Trois hommes d'un vingtaine d'années ont été tués par balles et huit autres ont été blessés dans trois fusillades au cours de de la nuit de dimanche à lundi, dans les quartiers Nord de Marseille. Depuis le début de l'année, treize personnes sont mortes dans des homicides dans les cités gangrénées par les trafics de drogue. Ces fusillades sanglantes sont-elles en recrudescence ? Comment expliquer cette violence ? France 3 Provence-Alpes répond à ces questions.

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  • Combien y a-t-il eu de fusillades depuis le début de l'année ?

Depuis le début de l'année 2023, une quinzaine de fusillades ont eu lieu à Marseille, faisant des morts et des blessés. La première fusillade de 2023 a eu lieu le tout premier jour de l'année, à la cité de la Paternelle. Un homme de 26 ans avait été grièvement blessé près du point de deal nommé "Vieux Moulin", un des trois plans stup connus au sein de cette cité du 14e arrondissement, théâtre d'affrontements violents entre bandes rivales de trafiquants.  

Le 19 janvier, le premier mort de l'année est tombé sous des tirs de Kalachnikov dans un local associatif de la cité Consolat (15e).

Ces faits de violence ont connu une nette accélération depuis mars, avec huit fusillades et huit morts dénombrés. Depuis le début de l'année, le bilan des victimes s'établit à 13 morts dans des homicides liés au trafic de stupéfiants. 

    • Est-ce que c'est un début d'année particulièrement violent ?

    Selon notre décompte, ce début d'année marque une nette recrudescence des morts par balle dans la région marseillaise par rapport aux trois dernières années. A la même époque, on dénombrait huit morts en 2022, quatre en 2021 et cinq en 2020.

    "De mémoire de policier en 23 ans à Marseille, je n'ai jamais vu ça."

    Rudy Manna, représentant du syndicat Alliance Police

     "C'est effectivement un début d'année beaucoup plus sanglant que les années précédentes, indique Rudy Manna du syndicat Alliance à France 3 Provence-Alpes. On est quand même dans des chiffres records, au 3 avril on a déjà 13 morts plus des blessés."

    "De mémoire de policier en 23 ans à Marseille, j'avais jamais vu ça, trois fusillades dans trois endroits différents, les deux premières à l'arme de guerre et l'autre au 9 mm, trois morts, sept blessés, c'est une nuit noire, je ne crois pas avoir connu ça, et c'est surtout l'âge des gamins dont il faut s'inquiéter parce que les victimes sont de plus en plus jeunes." 

    • Comment peut-on expliquer ces nombreuses fusillades ?

    "C'est dû aux trafics de stup, ce qu'on a toujours connu dans Marseille, parfois c'est une histoire de vengeance, parfois c'est pour récupérer un territoire", explique le représentant d'un syndicat de police. "C'est de l'opportunisme pour s'agrandir, on n'attaque jamais juste pour attaquer, il y a toujours une excuse", avait expliqué Kurt, un ancien membre d'un réseau de trafiquants à notre journaliste Karen Cassuto dans un article publié le 13 mars par France 3 Provence-Alpes,sur la façon dont l'évolution des trafics provoque des règlos en série à Marseille. Une histoire de jalousie, une bagarre en boîte, le moindre prétexte est bon pour passer à l'offensive. Ce sont "autant de manières d'obtenir des prétextes et attaquer pour prendre le réseau de l'autre". L'autre camp réplique ensuite et c'est l'engrenage.

    "Il y a dix ans on tuait seulement si on avait une bonne raison, maintenant on tue pour rien."

    Un ancien membre d'un trafic de stupéfiants

    Rudy Manna avait pour sa part fait remarquer "une capacité de tuer pour des sommes modiques, une capacité de tuer des enfants de 16 ans dont on sait parfaitement qu'ils ne sont pas les têtes de réseaux."  "Il y a dix ans on tuait seulement si on avait une bonne raison, maintenant on tue pour rien", avait confirmé Kurt.

    • Quelles sont les réactions face à cette violence ?

    "Guérilla cette nuit sur Marseille. La police seule malgré tous nos efforts n’y arrivera pas. Coordonnons les forces de l’état tous ensemble sinon on va continuer à s’enfoncer dans cet engrenage mortel ", s'est insurgé sur Twitter Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance Police.  

    Le maire de Marseille Benoît Payan a également réagi sur les réseaux sociaux : "Terribles fusillades à Marseille. Le trafic international de drogue a encore tué et continue de faire de trop nombreuses victimes."

    "La lutte contre le narcotrafic international sera longue. Elle nécessite la mobilisation plus forte encore de la justice, des douanes, de la police technique, scientifique, financière. Il faut frapper fort les réseaux financiers et le trafic des armes, dès maintenant", a ajouté l'élu marseillais, qui demande à l'Etat "de continuer et d’amplifier ses efforts contre le narcotrafic international à Marseille."

    Sur sa page Facebook, le collectif des familles dénonce : "Encore une nouvelle nuit ensanglantée a Marseille. Notre gouvernement est impuissant à enrayer ce phénomène. Notre justice défaillante à faire comparaître les assassins. Nous devons tous réagir et dire stop à la mort de nos enfants. Mobilisons nous tous ensemble. Nous sommes tous concernés."

    Le collectif appelle à un rassemblement à 14 h dans le 14e arrondissement.

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