REPORTAGE. "C'est inutile, injuste et brutal" : face au recours au 49.3 pour la réforme des retraites, la colère des manifestants à Marseille

Des centaines de personnes se sont retrouvées devant la préfecture de la citée phocéenne, jeudi pour afficher leur opposition face au passage en force du gouvernement sur ce projet de loi. Une colère qui s'est traduite par des débordements en plein centre-ville dans la soirée.

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"C'est le moment de lever la tête et d'y aller tous ensemble." Le mot d'ordre d'Olivier Mateu, le secrétaire départemental de la CGT des Bouches-du-Rhône, jeudi 16 mars était clair lors de la manifestation qui a rassemblé des centaines d'opposant à la réforme des retraites devant la préfecture dès 18 h. L'utilisation de l'article 49.3 par le gouvernement a suscité une levée de boucliers -et de pancartes- dans l'hémicycle, mais a également provoqué des nombreux mouvements spontanés comme à Aubagne, Digne, La Ciotat, Avignon ou à Gap.

Dans la foule marseillaise, Martine, 62 ans se dit "catastrophée par cette manifestation de mépris" de la part du gouvernement. Bien que peu surprise, elle envisage le recours du 49.3 comme "un aveu d'impuissance du président de la République" qui n'a "pas réussi à réunir une majorité suffisante pour faire passer sa réforme ... mais sa réforme si les Français sont contre et les politiques sont contre, elle vaut quoi ? "."Inutile. Injuste. Et brutal" conclut-elle. 

Parmi les manifestants, Rendy Dichri, secrétaire général Unsa-UD13, évoque une réforme "décrédibilisée par les députés eux-mêmes", mais regrette que le gouvernement mette la France dans "une situation difficile au plan démocratique", "un choix dangereux" selon lui.

Interrogé au sujet de la motion de censure, Alain Rei, le secrétaire départemental de la CFDT présent lui aussi dans la manifestation marseillaise, "espère que les députés auront entendu les citoyens qui les ont porté et censureront le gouvernement". Face à une possible radicalisation des oppositions dans la rue, il affirme que si des débordements venaient à se produire, la responsabilité serait désormais dans le camp du gouvernement.

Des débordements en plein centre-ville

Des débordements qui ont d'ailleurs éclaté un peu plus tard en début de soirée en plein centre-ville quand des centaines de manifestants, avec à leur tête de nombreux jeunes au slogan "Marseille soulève toi", se sont dirigés vers le Vieux-Port. Une poubelle a été ainsi incendiée et des vitrines de magasins dégradés.

L'intersyndicale a d'ores et déjà annoncé une nouvelle journée de manifestation jeudi prochain dans toute la France pour continuer à marquer son opposition à cette réforme.

Une journée sous tension à l'Assemblée

Sous les huées des oppositions, Elisabeth Borne a engagé jeudi à l'Assemblée nationale la responsabilité de son gouvernement sur la réforme très contestée des retraites par le biais de l'article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption du texte sans vote, mais expose à une motion de censure. "Aujourd'hui, sur le texte du Parlement, l'incertitude plane à quelques voix près. On ne peut pas prendre le risque de voir 175 heures de débat parlementaire s'effondrer. On ne peut pas prendre le risque de voir le compromis bâti par les deux Assemblées, écarté. On ne peut pas faire de pari sur l'avenir de nos retraites, et cette réforme est nécessaire", a justifié la Première ministre au début de la séance de l'Assemblée.

Un "déni de démocratie" pour l'opposition

Sur La Chaine Parlementaire, Pierre Dharreville, député Gauche démocrate et républicaine des Bouches-du-Rhône, a déclaré au sujet d'Emmanuel Macron, "en procédant de la sorte, il se rend lui-même illégitime pour la suite des événements, il n'est pas à la hauteur des crises que nous traversons". 

Du côté de la France insoumise, le député des Bouches-du-Rhône, Hendrik Davi, face à ce qu'il qualifie de "déni de démocratie" a tweeté un appel "à voter la censure". 

Sur France Info, le député Renaissance Lionel Royer-Perreaut dénonce lui  "la théâtralisation de la Nupes" qui "confond l'hémicycle avec un amphithéâtre d'université" et dont le but est uniquement de "faire dérailler les institutions parlementaires". L'élu souhaitait pourtant aller au vote mais face aux tensions sociales, il estime que le recours au 49.3, "outil constitutionnel qui relève des prérogatives du Président de la République a été logiquement appliqué par Elisabeth Borne".

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