Ils vont vendre, parler, encaisser et... compter les clients. Une nouvelle activité pour des commerçants enchantés de reprendre le travail samedi matin. Désormais, chaque client doit disposer de 8 m2.
La décoration de Noël va côtoyer les gels, le plexiglas et le renouvellement de l’air. Les commerces peuvent rouvrir leurs portes en grand, samedi 28 novembre. La nouveauté de ce déconfinement concerne le nombre de clients au mètre carré. L’Etat impose une personne maximum dans 8 mètres carrés pour lutter contre la propagation du coronavirus.
Une distance qui concerne la surface de vente, les meubles en sont exclus, tout comme les salariés. Mais comme rien n'est simple, une nuance est apportée car un couple ou une famille sont considérés comme une personne. Et les enfants ne comptent pas. Pas de quoi effrayer les commerçants de la région contactés par France 3.
Des files d'attente espérées
Guillaume Sicard s’active d'ailleurs. Il veut que sa vitrine soit la plus féerique possible. Pour le propriétaire du concept-store Marseille en vacances et président de la fédération Marseille centre, le protocole sanitaire ne sera pas difficile à suivre. Dans cette boutique de 38 m2, les clients ne doivent pas dépasser le nombre de quatre."Si le cinquième entre, on lui demandera d’attendre. Et s’il y a une file d’attente, on sera ravis !"
Seules les rues vides de bars et restaurants atténuent sa bonne humeur.
Tous les commerçants contactés partagent ce sentiment. Les files d’attente sont les bienvenues. Tous en rêvent même. Même à Embrun, dans les Hautes-Alpes, où il fait froid le matin.
"Nous avons vu des files d’attente devant les boucheries ou les boulangeries. C’est devenu banal. C’est même convivial, les gens discutent", s'amuse Pascale Mardirossian. Pour cette réouverture particulière, la présidente de l’association Embrun Commerces, a décidé d’augmenter l’amplitude horaire de son magasin pour limiter l’engorgement dans les rayons. Il restera ouvert tous les jours entre 12 heures et 14 heures et même les dimanches. "Ce confinement a été très pesant par rapport au premier. Je me demande si les clients ont toujours envie de consommer", s'inquiète-t-elle tout de même.
"Ces mètres carrés ne poseront pas de problèmes"
Dans la boutique de jouets Arthur mon héros, à Marseille, Laurence Cazenave installe sa dernière guirlande. Frustrée par ce mois de novembre, elle est impatiente. "Nous serons trois à travailler ici, chacune jettera un œil sur le nombre de clients", détaille-t-elle."Personne ne se consacrera entièrement aux mesures d’hygiène, je n'ai pas les moyens pour un poste à plein temps."
La surface de vente fait 80 mètres carrés, dix clients doivent donc pouvoir entrer. "D’habitude, j’offre le café et les croissants dans ma boutique, glisse-t-elle. Mais la nourriture est peu compatible avec le masque, je cherche une autre idée pour un accueil chaleureux."
Les clients masqués prendront-ils leur temps avant de revenir progressivement dans les magasins, comme après le premier confinement ? Ou se hâteront-ils pour effectuer leurs achats de Noël ? "Je suis prête, j’ai préemballé certains jouets, sourit Laurence Cazenave. J’ai hâte d’être au 24 décembre pour savoir comment s’est passé cette période. On navigue à vue. J’ai hâte que le Père Noël passe, et nous dise comment les fêtes se sont déroulées pour les commerçants."
"Depuis le début, les clients sont très corrects", reconnaît Caroline Baron, présidente de la Fédération nationale de l'habillement Sud-Paca. Gérante de deux magasins Pom à Marseille, elle représente 4 000 boutiques de prêt-à-porter en Paca. "Aucune crainte n'est remontée, nous savons tous quoi faire, assure-t-elle. Le gel en entrant, les cabines désinfectées à chaque passage, la vapeur sur les vêtements essayés... ces mètres carrés ne poseront pas de problème. "
"Pour les clients qui ne veulent pas faire la queue ou qui ont peur du contact, nous proposons des rendez-vous le dimanche", ajoute-t-elle. Et pour les fameuses files d'attente à l'extérieur, les boutiques de prêt-à-porter ont décidé de préparer du café et des petits chocolats. Ces courses de Noël seront peut-être les plus agréables finalement, si elles sont à la hauteur du soulagement des commerçants.