Salim Bouali : le légionnaire devenu grand frère des cités à Marseille est mort

Salim Bouali est mort lundi, à l'âge de 62 ans. Salim Bouali a vécu comme un personnage de roman. Grand combattant, il était déterminé à aider les gamins des cités, une vraie figure de Marseille nous a quittés.

"J'ai fait la légion à 17 ans, j'étais en état de combattante" raconte Lydia Slimani. "Sa" légion, ce sont des stages commandos proposés aux jeunes de la cité Felix Pyat, à Marseille, une "zone urbaine sensible".

"A l'époque, j'étais forte et costaud. Ce qu'on faisait, c'est pire qu'un parcours du combattant ! Tu le fais une fois et t'as des courbatures toute la vie !" raconte-t-elle à la marseillaise "Mais avec lui, on arrivait à tout faire, on parle souvent de Salim."

Salim Bouali était l'organisateur de ces camps à Sisteron, en Corse ou en Guyane. "C'est lui qui venait vers nous, il parlait avec les mamans et leur inspirait directement confiance. Nos parents nous laissaient partir."

Les jeunes se retrouvaient dans des centres de la légion étrangère. "Ecouter à la lettre, obéir, c'est pas facile pour tous (...) Mais Salim trouvait toujours les mots pour calmer sans crier, il avait un don pour apaiser les gens." Il trouvait les mots pour encourager ces jeunes et leur donner confiance. Ils les aidait à se surpasser.

"C'était sa deuxième vie", témoigne son fils Kevin, "il était engagé dans ce rôle social à 1000%, il était toujours à fond, voulait aider et trouver des solutions."

Ces deux fils sont-ils restés sages comme des images ? "On a fait des erreurs, mais mon père nous remettait dans le droit chemin. Il était d'une très grande patience, il avait un immense sang-froid, c'était presque impossible de l'énerver".

Salim Bouali est devenu médiateur après 18 ans de légion étrangère.

Quand il perd sa mère et son père dans un accident de voiture, il a 12 ans. Il va vivre en orphelinat puis errer dans des abris de fortune jusqu’à rencontrer l'armée, à 17 ans.Il a trouvé sa voie, il s'engage dans la légion.

José Gil a servi avec lui. Ils étaient dans le 2ème régiment étranger de parachutistes à Calvi. Il décrit un frère d'arme, un super guerrier très costaud. 

"Quand on était ensemble en mission, j'étais tranquille. C'était un combattant exceptionnel." Salim Bouali est une vraie figure, un exemple pour les autres légionnaires.

Il ne brillait pas par ses diplômes, mais par ses qualités humaines "Il souriait tout le temps. J'étais son supérieur et quand il n'était pas d'accord, je voyais juste son sourire changer. Ses yeux pétillaient en permanence," se souvient le légionnaire José Gil.

Un autre ancien légionnaire pleure ce mardi. "On est rentrés dans la légion ensemble en 1978, c'était vraiment un frère, on était très proches, on s'appelait frérot", témoigne Lucien.

De retour de Calvi, à Hyères et Marseille, les deux amis ne se sont jamais quittés "La dernière fois, il m'avait appelé pour venir pour son anniversaire au sein de sa paroisse. C'était il y a deux ans."

"J'adorais qu'il me parle de la légion", dit son fils Kevin, "Je lui demandais de me raconter ses aventures, pour moi, c'était comme un film de guerre." Kevin Bouali reconnait qu'il ne pouvait pas s'engager. Porter le nom de son père plaçait la barre trop haut.

Salim Bouali a combattu au Liban, en Libye, au Tchad, en Guyane française, à Djibouti, il a participé à la libération du Koweit... Le nombre de ses décorations est impressionnant. Après la médaille militaire, il reçoit en 2019 la légion d'honneur, en tant que militaire mais aussi en tant qu'intervenant auprès des jeunes des cités.  

Musulman à l'origine, Salim devient prédicateur itinérant pour l'église apostolique. On le dit "pasteur", il est effectivement protestant, évangéliste. 

En pleine guerre du Golfe, il échappe de justesse à un accident d'hélicoptère. Un copain chrétien avait prié pour lui. En parcourant la Bible, il trouve un jour une parole qui bouleverse sa vie "Dieu est le père de l'orphelin." Salim Bouali raconte "j'ai compris après 18 ans de guerre que la seule arme qui peut toucher un homme, c'est l'arme de l'amour." 

Quand la nouvelle de la mort de Salim Bouali tombe, son ami Lucien a du mal à le croire malgré la maladie qui le rongeait. Il avait été hospitalisé à l’hôpital militaire de Laveran pour un cancer "C'est une grande perte pour tous ces jeunes, comme à Félix Pyat, qui se sont reconnus et qui se sont identifiés".

Ceux qui témoignent ont tous utilisé ces termes pour décrire l'homme "costaud, [qui] souriait tout le temps".

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