Ce lundi 6 novembre, Michèle Rubirola, 1ère adjointe à Marseille a présenté le projet de salle de consommation à moindre risque, du 110 boulevard de la libération (4e) au comité d'intérêt de quartier. Une centaine de personnes s'est rassemblée pour faire entendre l'inquiétude qui règne autour de cet établissement.
Ce lundi 6 novembre marquait le retour des élèves à l'école mais aussi la rentrée politique pour Michèle Rubirola, première adjointe de Marseille en charge de la santé. Cette dernière est venue présenter le projet de salle de consommation à moindre risque ( plus connue sous l'appellation salle de shoot) au comité d'intérêt de quartier. Ce lieu doit voir le jour en 2024 au 110 boulevard de la libération (4e). Une centaine de personnes était présente dès 16h30 pour exprimer des doutes sur la pertinence du lieu choisi mais aussi en savoir plus sur ce projet.
S'ils n'ont pas pu être reçus comme ils le souhaitaient, ils ont donné de la voix et ont montré leur opposition avec de nombreuses pancartes aux slogans sans ambiguïté.
Manque de concertation
"Une HSA sur Libé = la mort annoncée du quartier", peut-on lire sur une des pancartes des manifestants.
Une HSA est une halte soin addiction, anciennement dénommée "salles de consommation à moindre risque (SCMR)".
Riverains, commerçants, parents d'élèves ont appris l'existence de ce projet via la presse et un article de Marsactu.
Quelle ne fut pas leur surprise d'apprendre par la même occasion, que le maire de secteur (4e et 5e arrondissements) Didier Jau s'était prononcé en faveur de cet établissement.
"Quand il s'agit de la réhabilitation de la place Sébastopol, voilà deux ans qu'on nous concerte pour savoir où il faut mettre un banc, un arbre...mais là pour un projet aussi important, rien ...pas un mot... ce sont de drôles de façons de faire", s'étonne une habitante du quartier.
Manque d'information
Certains des habitants ont envoyé des courriers au maire de secteur, d'autres à Michèle Rubirola.
Des courriers que France 3 Provence-Alpes a pu consulter, tout comme les réponses apportées par les élus.
Aucune précision n'est apportée sur le fonctionnement de l'établissement, de nature à rassurer les habitants mais seulement des explications sur l'utilité d'un tel lieu à Marseille.
" On essaye de comprendre le contour du projet, tout est flou, on ne sait pas grand-chose des détails, on pose des questions mais on ne nous dit rien, pour des raisons que l'on ne sait pas", constate Daniel Fernandez, père de deux enfants et habitant du quartier.
"Nous avons dû chercher les informations par nous-mêmes, puisque personne ne nous répond, et ce qui nous effraye c'est de savoir qu'il y aura une dépénalisation des drogues consommées. La crainte c'est que cela fasse "pot de miel". En créant ce lieu, cela va attirer des personnes qui ne sont pas de ce quartier et toutes les nuisances qui vont avec. Ce qui est incompatible avec ce quartier avec autant d'enfants à proximité", insiste Virginie Monroe, commerçante et riveraine du boulevard de la Libération.
Cette commerçante comme d'autres riverains et parents d'élèves ont eu accès aux témoignages des riverains des salles de shoot de Paris et Strasbourg, les deux autres lieux en expérimentation.
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ces retours d'expériences ne les rassurent pas.
Un choix de lieu qui pose question
Dans le cahier des charges qui encadre l'installation d'une salle de shoot, il est stipulé que ce lieu doit se trouver à 20 minutes maximum des lieux de consommation. Or, pour les riverains et commerçants, les consommateurs ne sont pas dans ce quartier mais bien plus loin. "Dans notre quartier, il n'y a pas de seringues qui traînent dans la rue, pas de consommation, pas de drogués...actuellement ce sont des familles, des enfants, des personnes âgées", explique Virginie Monroe, commerçante et riveraine du boulevard de la libération.
" C'est un quartier où les gens se connaissent sont très unis, un quartier qui est vivant et dynamique, tranquille sans violence on ne comprend pas pourquoi mettre ici ce lieu", insiste la commerçante.
Pour Pierre Coulombel, riverain et ancien cadre de santé en psychiatrie, à l'hôpital Edouard Toulouse" la toxicomanie, cela doit être médicalisé et traité, là on met la poussière sous le tapis avec ce lieu. C'est aberrant de choisir cet emplacement, alors que les consommateurs sont bien plus loin".
"5000 enfants scolarisés dans le périmètre proche"
"Pas moins de sept établissements scolaires sont dans le périmètre de la salle de shoot, et une crèche a carrément un mur mitoyen à ce lieu", insiste le collectif qui se bat pour être entendu par la municipalité.
"On veut manifester notre opposition sur le choix de ce lieu, on n'est pas dans le débat pour ou contre ce type d'établissement, on veut juste dire que ce lieu se trouve au milieu de 5000 enfants scolarisés dans des établissements tout autour", explique Daniel Fernandez, père de deux enfants et membre du collectif qui s'oppose à l'implantation de ce lieu.
En tant que professionnel de santé, Pierre Coulombel préconise qu'un tel lieu soit "plutôt adossé à un établissement de santé comme 'La Conception', qui reste dans le secteur mais qui est un vrai établissement de santé capable de prendre en charge les toxicomanes".
Comment la sécurité sera assurée ?
L'association ASUD Mars Say Yeah qui a été sélectionnée pour gérer de ce lieu assure que "des vigiles seront postés devant l'entrée du lieu et que des médiateurs assureront des rondes pour rediriger vers l'établissement les personnes "égarées".
" Ce n'est même pas la police qui va assurer la sécurité, et les vigiles comme les médiateurs ne seront là qu'aux heures d'ouverture de la salle, donc à quoi va ressembler le quartier de 18h à 8h ?", s'interroge Clément, un habitant du quartier.
Une pétition en ligne contre ce projet a récolté près de 10 000 signatures et un évènement de grande ampleur est prévu dans les jours prochains pour continuer de marquer l'opposition à l'implantation de cet établissement dans ce quartier.