La collaboration entre Médecins sans frontières et SOS méditerranée pour les sauvetages de migrants en mer est interrompue. Les deux associations n'ont pas trouvé de terrain d'entente sur la date et les conditions de départ d'une nouvelle mission dans la situation actuelle de pandémie.
"L'Océan Viking ne peut pas reprendre la mer avant plusieurs semaines depuis Marseille pour une nouvelle mission, les conditions de sécurité sanitaires ne sont pas suffisantes pour nos équipes et pour les personnes à sauver", explique Sophie Beau, directrice générale de SOS Méditerranée ce vendredi.Plutôt dans la journée, Médecins Sans Frontières a annoncé mettre fin au partenariat entre les deux associations de sauvetage. Sans préciser s'ils avaient un autre bateau avec lequel repartir.
"Les frontières et les ports sont fermés, nous ne sommes pas en capacités de pouvoir faire débarquer les personnes rescapées d'un sauvetage actuellement. Les garder indéfiniment à bord n'est pas possible non plus pour des raisons sanitaires évidentes. Ces conditions nous obligent à rester à quai pour le moment", explique Sophie Beau.
Les principaux ports présents en Méditerranée centrale, les plus proches étaient ceux de Sicile et de Malte, fermés par décrets à tout débarquement.⚡️COMMUNIQUÉ "Nous insistons pr ouvrir un dialogue urgent avec les États de l'UE"
— SOS MEDITERRANEE France (@SOSMedFrance) April 17, 2020
La solidarité ne doit pas s’arrêter aux côtes: le sauvetage en mer est un devoir légal. Alors que notre partenaire médical se retire, nous reprendrons nos opérations au+vite?https://t.co/hUAfoP6kBp pic.twitter.com/Ydj0WysJ4y
Les deux associations étaient d'accord sur l'urgence de repartir sauver des vies en mer, mais ne trouvaient pas de terrain d'entente sur la date de départ. La rupture se situe à ce niveau là.
En quatre ans, leur partenariat au fil des différentes missions a permis de sauver près de 30.000 personnes en Méditerranée, principalement des réfugiés libyens.
Malgré la crise, l'urgence est de continuer
Le dernier sauvetage des deux associations date de fin février. "Nous avions à bord 276 rescapés que nous avons pu in extremis faire descendre en Sicile, à Pozzano malgré la crise très avancée en Italie", explique Sophie Beau.A la suite de cela, l'Océan Viking a été mis en quatorzaine au large des côtes italiennes, puis a pu regagner Marseille le 20 Mars.
"Le bateau a été entièrement désinfecté et nous avons commencé à évaluer les conditions de notre retour en mer. Mais pour le moment il serait irresponsable de partir sans savoir si un port peut nous accepter", précise Sophie Beau.
MSF, quant à elle, aurait souhaité poursuivre les sauvetages à bord de l'Ocean Viking, même sans garantie des Etats européens de pouvoir débarquer les personnes secourues, au nom de "l'impératif humanitaire", a expliqué Hassiba Hadj Sahraoui, chargée des questions humanitaires.
"L'ONG pouvait difficilement continuer de mobiliser une équipe médicale si le bateau de sauvetage restait à quai en France", a-t-elle ajouté.
Un appel à lever les restrictions de sauver des vies en mer
MSF, déterminé à poursuivre son action en Méditerranée, met directement en cause la responsabilité des états européens, qui "continuent de se dérober devant leur responsabilité, contrecarrant sans relâche les efforts des ONG"."La lutte contre le Covid-19 ne doit pas être un prétexte pour imposer des politiques migratoires meurtrières", a ajouté l'ONG, qui appelle à lever "immédiatement les restrictions empêchant les ONG de sauver des vies en mer".
Elle accuse Malte et l'Italie de ne pas avoir répondu à plusieurs appels de détresse et refusé "le débarquement à près de 200 personnes" par d'autres ONG pendant le week-end de Pâques.
Sophie Beau précise que depuis peu "un dialogue est de nouveau possible avec certains états les plus proches, et nous les alertons sur l'urgence de la situation et la nécessité de réouvrir même temporairement leurs ports pour nous permettre de reprendre la mer et continuer les sauvetages".
Pour le moment le trafic maritime est totalement bloqué suite à la crise sanitaire lié au Covid-19, "mais nous restons tout a fait déterminés à reprendre la mer, dès que ce sera possible", assure Sophie Beau.
Les deux associations indiquent s'être quittées en bon terme.