Scandale des crèches. Sophie Guérard, élue à la petite enfance à Marseille plaide pour une refonte du financement au Sénat

Six municipalités de gauche, dont Marseille ont plaidé mardi au Sénat en faveur d'"une indispensable remise à plat" du financement des crèches, accusé d'encourager "la course au low cost", après la parution d'un livre enquête pointant les dérives du secteur. L'élue à la petite enfance de Marseille, Sophie Guérard a expliqué pourquoi.

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L'initiative a été présentée par l'adjoint écologiste en charge de la petite enfance de Lyon Steven Vasselin "en rebond et en appui" du livre du journaliste Victor Castanet, "Les ogres" qui décrit des cas de maltraitance et la "voracité" de certains groupes. Sophie Guérard, adjointe à la mairie de Marseille, à la petite enfance, est montée au créneau avec ses homologues de cinq autres villes de France pour obtenir des mesures d'urgence auprès du Sénat, sur l'accueil des 0-3 ans.

Des actions après les révélations chocs

Des élus de Lyon, Bordeaux, Marseille, Dijon, Lille, mais aussi Paris, ont posé le constat d'un "dysfonctionnement structurel" et d'un mode de financement qui "induit la maltraitance quasi institutionnalisée (...) aussi bien pour les enfants que pour les professionnels", a exposé M. Vasselin.

Un constat que faisait déjà, il y a plus d'un an, Sophie Guérard, élue à Marseille à la petite enfance, dans les colonnes du Monde. Et ce qu'elle a réaffirmé cette semaine sur BFMtv.

"Ce qu'on constate, ce qu'on essaie de dire les élus, c'est ça coûte très cher de garder un tout-petit. C'est donc extrêmement compliqué d'arriver à faire un modèle lucratif sur lequel on gagnerait de l'argent sur le fait de garder les 0-3 ans, c'est extrêmement coûteux".

Les municipalités sont le premier employeur des crèches et représentent en propre ou à travers des subventions aux associations 75% des places, a-t-il rappelé. 

"C'est une question de lobbying, comme toujours", souligné l'élue marseillaise, pour expliquer par exemple "des places sont gelées dans les crèches publiques, alors que dans le même temps, les crèches privées ouvrent de nouvelles places, passant de 10 enfants pour une professionnelle à 12".

Le nerf de la guerre, l'argent

"Vous ne pouvez pas attendre des adultes, donc des femmes qui gardent les enfants, qu'elle puisse être en capacité d'être bienveillantes si elles sont elles-mêmes dans un système qui n'est pas pour elles", explique Sophie Guérard.

Pour l'élue marseillaise, "la certitude, c'est que quand vous tirez tous les prix vers le bas parce que vous avez des actionnaires qui attendent que vous réalisiez du bénéfice, vous allez vers le danger de la rentabilité".

Les six villes ont ainsi pointé du doigt les critères d'attribution des financements publics, "un système d'une complexité folle, qui pousse au remplissage et qui a transformé les directrices de crèche en gestionnaires", selon l'adjointe écologiste de Bordeaux, Fannie Leboulanger. Ces financements reposent sur des subventions versées par la caisse d'allocation familiale (CAF), en premier lieu la prestation de service unique (PSU), fondée sur un dispositif de tarification horaire dont les six villes réclament la suppression.

Les crèches financées par l'État ? 


"Le service public de la petite enfance doit pouvoir s'émanciper des rattachements aux politiques d'allocations familiales pour être reconnu (...) comme une politique éducative" dépendant du ministère de l'Éducation nationale et financé "directement (par le) budget de l'État", a défendu Mme Leboulanger, appelant à "une indispensable remise à plat". Les élus ont également recommandé "une première mesure d'urgence" : l'établissement d'"un montant plancher par berceau", pour garantir "un socle de qualité d'accueil". Évoquant le coût de 26.000 euros en moyenne par berceau et par an à Marseille, l'adjointe au maire Sophie Guérard a affirmé que "ce n'est pas rentable de garder un enfant, par principe" et dans les faits.Face à l'ampleur du chantier, elle a appelé "à se mettre au travail", au risque sinon de "se reprendre une crise dans un an et demi". 

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