Situation de l'Arménie : "Demain, on ne pourra pas dire, je ne savais pas" assure Julien Harounyan

La communauté arménienne de Marseille commémorait lundi les massacres commis par les Jeunes-Turcs. L'occasion, aussi, de dénoncer le conflit actuel avec l'Azerbaïdjan, dans l'indifférence générale.

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Ne pas oublier. La diaspora arménienne s'est réunie, lundi 24 avril, pour commémorer les 108 ans des massacres dans l'Empire ottoman pendant la Première guerre mondiale, commis par les Jeunes-Turcs. Pourtant, pour les représentants de l'Arménie en France, ce conflit se poursuit actuellement dans la région d'Artsakh, aussi connue sous le nom du Haut-Karabakh, où vivent 95 % d'Arméniens. Cette région, en sécession de l'Azerbaïdjan, est soutenue par la Turquie.

France 3 Provence-Alpes a rencontré Julien Harounyan, coprésident du CCAF, Conseil de coordination des organisations arméniennes de France. Il nous explique l'importance et les enjeux de cette journée de commémoration à Marseille.

Pourquoi commémore-t-on tous les ans le génocide de l'Arménie le 24 avril ? 

Le 24 avril, c'est le début du génocide arménien. Cela représente le jour de la raffle des 600 intellectuels à Istanbul. C'était en 1915, il y a 108 ans. Cette journée du 24 avril est, depuis, devenue la journée du génocide arménien.

Comment faites-vous pour que la population se sente plus concernée par le conflit actuel dans la région d'Artsakh ? 

Il faut médiatiser le conflit. On n'en parle pas tous les jours dans les médias, comme on peut parler d'autres conflits. On organise donc des rassemblements de citoyens dans la rue. Les citoyens sont des porteurs d'alerte. C'est en faisant du bruit que l'on peut faire bouger les lignes et briser les chaînes du silence.

Lundi, à 15 h, on organisait une marche revendicative, à partir du métro Périer. On est allé jusque devant le consulat de Turquie pour demander la paix et que cette guerre s'arrête. L'idée, c'est que l'écho soit ressenti jusqu'en Turquie pour dire : ici, on n'oublie pas. On fait ça aussi pour alerter la population en Turquie qui ne sait peut-être pas, même si des voix sont en train de s'élever.

Ressentez-vous de l'indifférence de la part de la communauté internationale ? 

Il y a une indifférence totale. La communauté internationale détourne le regard, une nouvelle fois, comme en 1915. On assiste à un génocide sous nos yeux. La guerre en Ukraine a aussi fait détourner le regard de ce qu'il se passe pour les Arméniens dans la région d'Artsakh.

Et puis, la communauté internationale ne réagit pas, pour maintenir une sorte d'équilibre de paix. La Russie a toujours été un garant de la paix dans la région. Mais récemment, elle a laissé la place à l'Azerbaïdjan qui a attaqué les Arméniens dans la région d'Artsakh.

Et puis il y a la vente du gaz. Avant, la Russie avait un accord avec l'Union européenne pour vendre son gaz. Maintenant, l'Union européenne se fournit en Azerbaïdjan.

La France a fait des déclarations d'amitié et d'indépendance, mais pas d'actions. Il manque une nation forte. Demain, on ne pourra pas dire, je ne savais pas.

Pourquoi Marseille est-elle particulièrement concernée par ce génocide ?

C'est ici que les premiers rescapés de 1915 sont arrivés, y compris ceux qui sont allés après aux Etats-Unis. On considère Marseille comme la capitale des Arméniens en Europe. Le maire Benoit Payan s'était engagé, en octobre 2020, pour la reconnaissance de la République d'Artsakh. D'ailleurs, l'élu a prévu d'aller à la ligne de frontière pour dénoncer ce qu'il se passe là-bas. Il l'a annoncé lundi 24 avril, lors de la commémoration, à Beaumont.

Et puis la France, de manière générale est un pays ami de l'Arménie. Dans la tradition culturelle, c'est la sœur de l'Arménie.

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