Selon un sondage Ipsos-Sopra-Steria pour France 3 Provence-Alpes, France Bleu Provence et La Provence, 85% des personnes interrogées disent éprouver un sentiment d'insécurité à Marseille. Comment interpréter ce chiffre ? Des experts nous répondent.
"De manière générale, diriez-vous que vous éprouvez un sentiment d’insécurité à Marseille ?" Pour 85% des Marseillais, la réponse est oui. C'est ce qui ressort du sondage que nous publions ce soir en partenariat avec France Bleu et La Provence, qui dresse un bilan de l'action municipale à mi-mandat.
Dans le détail, 50% des 813 répondants disent se sentir en insécurité "très souvent" ou "souvent". Seuls 2% des sondés répondent "jamais".
La délinquance, une préoccupation importante
"C'est un résultat à traiter avec précaution, car le sentiment d'insécurité couvre de multiples questions", signale Renée Zauberman, sociologue et spécialiste du sentiment d'insécurité à l'Observatoire scientifique du crime et de la justice. "Il peut être liée à la délinquance, mais aussi au changement climatique ou à l'inflation."
Ce sentiment diffère également selon les lieux. "Ce n'est pas la même chose d'avoir peur dans la rue, chez soi ou dans les transports en commun."
Pour la sociologue, le sentiment d'insécurité est relativement stable dans le temps. "D'après nos études menées sur le long terme, une base de 15% de la population place les questions liées à la délinquance comme leur préoccupation principale. Ce chiffre fluctue en fonction de la situation du moment".
Le sentiment d'insécurité serait donc influencé par l'actualité. "Le focus médiatique sur les règlements de compte contribue à sa création", appuie Anne Kletzen, chercheuse en droit et sociologie et autrice de "Bandits contre bandits, les règlements de comptes à Marseille au cours des années 2000"
En 2023, le décès de plusieurs personnes, victimes collatérales de la lutte pour le contrôle du marché de la drogue, ont profondément marqué l'opinion.
Un sentiment d'insécurité comparable au reste du pays
"Pas besoin d'avoir été victime ou témoin dans son entourage d'une agression pour se sentir en insécurité", rappelle Pierre Letrille, l'un des auteurs du sondage et membre de Ipsos. Ce sentiment n'est d'ailleurs pas plus important à Marseille qu'ailleurs.
Dans l'étude "Fractures françaises" de 2023 menée par l'Ipsos et Sopra-Stéria pour Le Monde, la fondation Jean-Jaurès, le Cevipof et l'institut Montaigne, 91% des sondés estiment vivre dans une "société violente". Marseille n'est donc pas un cas à part et les chiffres de la délinquance n'y sont pas plus élevés que dans des villes de taille comparable.
En 2022, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, on compte à Marseille 4,6 faits de "coups et blessures volontaires" déclarés pour 1000 habitants. Des chiffres proches d'autres grandes villes comme Lyon et Paris. On compte même moins de faits de "vol sans violence" à Marseille qu'à Lyon et Paris.
Point positif pour la majorité de Benoît Payan. Malgré ce sentiment d'insécurité, près de la moitié des personnes interrogées disent être satisfaites du travail de la police municipale.
